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Article
Les
mégapoles considérées comme des
systèmes anthropotechniques
par
Jean-Paul Baquiast 12/04/2010
|


Pour
la première fois dans l'histoire, la part de la population
mondiale vivant dans les agglomérations urbaines
a dépassé en 2008 celle de la population vivant
dans les zones rurales. 3,3 milliards de personnes habitent
en ville, dont plus de 500 millions dans des mégapoles
de plus de 10 millions de résidents. Il s'agit d'une
question d'importance majeure, qui nécessite pour
être convenablement abordée de nouveaux outils
scientifiques. Ceci d'autant plus qu'elle se pose en termes
à peu près voisins quand il s'agit d'envisager
l'avenir de la planète toute entière
Rappelons
que nous avons proposé de nommer systèmes
anthropotechniques des « superorganismes » associant
de façon symbiotique des organismes vivants (principalement
des humains) et des technologies à fort pouvoir de
diffusion-contaminat fournir des exemples. Pour préciser
ce que peut représenter ce concept, il faut en donner
des exemples. Dans notre livre, le Paradoxe du Sapiens,
(Ed. Jean-Paul Bayol, 2010) nous en avons évoqué
plusieurs, tel le Pentagone, sommet le plus visible du système
politico-militaro-industriel américain. Dans le présent
article, nous essayons d'appliquer notre concept aux villes
modernes, et plus particulièrement aux mégapoles,
dont la croissance sera un phénomène majeur
de l'anthropocène au 21e siècle, ou plutôt
de l'anthopotechnocène, selon le terme suggéré
dans notre livre.
Nos
lecteurs savent que pour nous, les systèmes anthropotechniques
doivent être considérés comme des entités
évolutionnaires de type biologique évoluant
sur le mode darwinien, c'est-à-dire par phases successives
de mutations/sélections. Plus la concurrence entre
elles est forte, plus celles qui ont survécu l'ont
du à un taux élevé de mutations, dont
certaines se sont révélées favorables.
Mais, comme ailleurs en biologie, l'évolution en
résultant, que ce soit la leur propre ou celle du
milieu global, est aveugle, imprévisible et par conséquent
ingouvernable par une prétendue conscience volontaire,
ni de l'intérieur des entités en évolution,
ni de l'extérieur. On ne peut qu'en constater les
effets, que les humains impliqués jugeront a posteriori
bons ou mauvais au regard de la représentation qu'ils
se font de leurs intérêts. C'est bien cette
ingouvernabilité que confirme l'explosion des mégapoles
à laquelle les sociétés humaines sont
confrontées aujourd'hui. Ces mégapoles semblent
mettre en oeuvre de façon quasi automatique et donc
illustrer un certain nombre des processus plus généraux
par lesquels les sociétés humaines s'emploient
à détruire peut-être irrévocablement
les équilibres économiques et environnementaux
ayant jusqu'ici tant bien que mal survécu depuis
l'apparition des premiers hominiens jusqu'aux débuts
du 20e siècle. 1)
Un
phénomène historique
Pour
la première fois dans l'histoire, la part de la population
mondiale vivant dans les agglomérations urbaines
a dépassé en 2008 celle de la population vivant
dans les zones rurales. 3,3 milliards de personnes habitent
en ville, dont plus de 500 millions dans des mégapoles
de plus de 10 millions de résidents. Selon l'ONU,
le taux d'urbanisation atteindra 70% en 2050 (source unup
http://esa.un.org/unup/).
Cette transformation affectera en priorité les régions
pauvres et les plus peuplées, aboutissant dans la
meilleure des hypothèses à des monstres urbains
très difficiles à gérer et ceinturés
de bidonvilles. Les pays développés verront
au contraire une croissance assez faible de la population
urbaine, passant cependant à 85% de la population
en 2050. Cette croissance sera mieux maîtrisée,
mais les villes seront cependant soumises à des contraintes
considérables, du fait qu'elles concentreront et
verront se croiser les déterminismes de type anthropotechnique
que nous mentionnerons par la suite. Entre ces deux modèles,
dans les pays émergents à taux de croissance
rapide, comme la Chine, les villes des zones riches périphériques
se rapprocheront du modèle des centres urbains développés
de l'ouest, mais dans l'intérieur elles ressembleront
beaucoup à celles des pays pauvres, tels les pays
africains ou d'Amérique Latine. Ajoutons que ces
perspectives tiennent compte des prévisions actuelles
de croissance démographique, mais non des risques
multiples prévus par de nombreux experts qualifiés,
tenant notamment à la dégradation des climats
et des écosystèmes, à la chute de la
biodiversité et à la multiplication des conflits
entre réfugiés des zones les plus atteintes
et populations relativement épargnées.
Les
mégapoles, quelles que soient les contraintes qu'elles
devront affronter, réagiront cependant pensons nous
d'une façon globalement identique, du fait qu'il
est selon nous possible de les considérer comme les
représentants d'une « espèce »
à peu près définie de systèmes
anthropotechniques, s'insérant dans une compétition
darwinienne globale avec d'autres hyper-systèmes.
Comment caractériser leur organisation et leur mode
évolutif, au regard de notre méthode d'analyse?
Les
villes ont toujours été des champs de force
où se croisent des influences multiples. Si nous
voulons les définir comme des systèmes anthropotechniques,
nous pourrions dire qu'il s'agit de supersystèmes
particulièrement complexes car elles sont le produit
émergent d'un certain nombre de systèmes anthropotechniques
existant par ailleurs et se rencontrant voire s'affrontant
de façon particulièrement violente au sein
de l'espace géographique à 3 dimensions qui
constitue leur cadre obligé de développement.
Nous
avons indiqué dans notre livre « Le paradoxe
du Sapiens » que pour nous les systèmes anthropotechniques
naissent d'une synthèse entre déterminismes
d'origine bioanthropologique et d'origine technologique.
Le système Pentagone conjugue ainsi les comportements
humains de ses membres, hérités des époques
tribales et orientés vers la défense du territoire
et la conquête, avec les derniers progrès techniques
spontanément développés par les laboratoires
d'armement. Concernant la mégapole, il serait tentant
de proposer une liste de tels déterminismes pour
examiner ensuite la façon dont ils se conjuguent
ou se combattent au sein de celle-ci, considérée
comme un système anthropotechnique spécifique.
Mais ce serait risquer de perdre de vue le côté
original ou plus exactement la complexité originale
du supersystème en résultant.
La mégapole,
bien davantage que tel autre système anthropotechnique,
ne peut se réduire à la somme de ses parties.
Plutôt que faire la liste des déterminismes
qui s'y exercent, ceux des relations de voisinage entre
habitants par exemple relevant du domaine anthropologique
le plus ancien, et celui des déterminismes découlant
des influences technologiques récentes, technologies
d'habitation et technologies de transport par exemple, il
sera plus parlant de considérer que la mégapole
est d'abord à la fois le champ et le résultat
de concurrences darwiniennes entre systèmes anthropotechniques
entiers, qui s'y affrontent avec armes et bagages. Nous
voulons dire par cette expression que chacun de ces systèmes
anthropotechniques débarque dans l'arène de
l'espace urbain avec ses diverses composantes bioanthropotechniques
et technologiques, sans qu'aucune autorité supérieure
éventuelle, pouvant appartenir à un hypersystème
anthropotechnique englobant, n'ait le pouvoir de proposer
a priori des domaines de coordination ou de symbiose. Il
en résulte un côté foisonnant, quasiment
monstrueux, qui semble défier l'analyse scientifique.
Observons
des maintenant que ce désordre, plus ou moins visible
au niveau des espaces géographiques relativement
réduits qu'occupent les mégapoles, l'est plus
encore plus au niveau de l'espace géographique mondial.
Celui-ci est, comme celui des villes mais à une toute
autre échelle, le théâtre où
s'affrontent des systèmes anthropotechniques tout
armés et « déchainés ».
Le résultat, comme nul n'en ignore, paraît
définitivement inanalysable par une science qui resterait
limitée à ses outils traditionnels. Cependant
les conflits darwiniens entre les mégapoles pour
s'approprier les ressources non liées à la
possession du sol proprement dites, mais plus généralement
communes: eau, air pur, sources d'énergie, matières
premières agricoles et industrielles, sont assez
représentatifs de ceux qui engagent l'avenir du monde.
De même en est-il des phénomènes de
violence armée pouvant s'y exercer. Il serait donc
intéressant de mieux comprendre la façon dont
évoluent les mégapoles pour mieux comprendre
celle dont en parallèle et aussi en conséquence
évolue le monde global.
La
ville ou le mirage d'une niche technologique pour tous les
humains
Pour
comprendre la transformation des habitats anciens en villes
puis en mégapoles, certains sont tentés de
les comparer aux niches que se construisent les insectes
sociaux, par exemple les termites. Mais ceux-ci ne disposent
pas d'outils autres que ceux développés par
la biologie au sein de leur espèce. Par ailleurs
leur croissance démographique est régulée
par des contraintes génétiques évitant
en général la surpopulation. Le modèle
architectural des termitières et autres fourmilières
évolue certes au cours des millénaires, en
fonction de la nécessité d'une adaptation
aux changements du milieu ou à d'autres contraintes
externes, mais pas sous l'effet d'une pression démographique
incontrôlée des populations d'insectes sociaux
considérés.
Ce n'est
pas le cas des villes. Les humains, abandonnant il y a plus
d'un million d'années les habitats naturels, ont
progressivement, du fait de leur symbiose avec différentes
technologies, dont celles intéressant la production
agricole, le commerce, la guerre et la construction de grands
édifices , aboutit aux villes modernes que nous connaissons.
Cependant, ces villes modernes ne sont que la partie la
plus achevée des niches où ils résident.
Des formes de logement et des technologies très primitives
ont continué à se répandre en parallèle.
Ceci donne naissance dans les pires des cas aux immenses
bidonvilles qui encerclent des centres-villes faisant appel
aux technologies les plus modernes. Il ne faudrait pas cependant
considérer les bidonvilles (favellas de Rio par exemple)
comme des villes différentes des centres-villes hyper-développés
(Copacabana ou Ipanema, à Rio également).
Ce sont dans l'approche systémique qui est la nôtre,
deux aspects différents du même supersystème
anthropotechnique global.
Quel
est le ressort biologique principal de ces développements
et surpeuplement urbains? Il tient à un phénomène
que les termites ignorent, une croissance démographique
encouragée par d'autres technologies, par exemple
celles de la médecine, grâce auxquelles la
population globale peut excéder les ressources momentanément
disponibles. Les migrations vers les villes reposent fondamentalement
sur l'incapacité des campagnes à nourrir une
population rapidement croissante. Dans l'avenir, cette tendance
de fond risque de s'accentuer, puisque dans les 50 prochaines
années, la population mondiale augmentera de plus
d'un tiers alors que la production agricole, contrairement
aux prévisions de la FAO, ne devrait pas pouvoir
augmenter en proportion. Initialement les villes, dès
le Moyen Age en Europe, étaient considérées
comme des « machines à produire des biens économiques
» où pouvaient se développer les divers
métiers de l'artisanat, du commerce, de la finance
et des services, sans mentionner ceux de l'administration
et du gouvernement. D'où leur capacité à
nourrir un nombre croissant d'habitants. Mais aujourd'hui,
il n'est plus du tout certain qu'elles puissent continuer
à rendre ces services.
Alors
en effet que les termites trouvent dans leurs propres mégapoles
de quoi abriter et nourrir leurs populations, dont par ailleurs
les effectifs se régulent automatiquement en fonction
des ressources disponibles, les humains risquent de ne plus
pouvoir compter sur les villes de demain pour répondre
à des besoins économiques en expansion. L'espace
leur manque désormais, sauf en ce qui concerne les
activités administratives ou de service. Les technologies
des villes modernes offrent en effet un mirage ou piège
dans lequel viennent s'engluer leurs « associés
» humains. Seule une petite minorité d'humains
favorisés peut en effet s'abriter et se développer
dans les centres-villes ou les banlieues résidentielles
qui font appel aux techniques architecturales et d'aménagement
de l'espace les plus sophistiquées. Les extractions
minières, productions agricoles et industries tant
soit peu encombrantes sont rejetées ailleurs, à
l'exception notable des installations portuaires dans les
villes littorales.
De plus,
la nature anthropologique profonde de ces humains favorisés
ne change pas pour autant. La lutte pour la conquête
et la défense d'un territoire exclusif, pour le maintien
des différenciations ethniques, économiques
et culturelles bénéficiant aux dominants,
empêchent la mutualisation des ressources. On voit,
contrairement à ce qui se produit dans la nature
au sein des termitières, les constructions urbaines
dépenser de plus en plus de ressources au profit
d'un nombre de plus en plus étroit de bénéficiaires,
relativement tout au moins aux effectifs des individus qui
réclament logement et nourriture. Dans le même
temps se développent les technologies de surveillance
- protection dont les « compouds » fortifiés,
sorte de Neuilly enfermés derrière des murs
et frontières électroniques, réservés
aux plus riches, aux Etats-unis, au Mexique, sont le symbole.
A l'opposé, à l'extérieur de ces frontières
puis, car aucune frontière n'est durablement étanche,
à l'intérieur, se multiplieront , dans le
pire des cas, émeutes, terrorismes et guérillas
urbaines 2).
Au sein
même des villes les plus apparemment prospères,
les conflits entre humains ressortissant de systèmes
anthropotechniques différents s'accentuent au fur
et à mesure que les technologies propres à
chacun de ces systèmes deviennent plus exigeantes
en espace et en ressources diverses. Le principal conflit
naît de l'affrontement entre les exigences du transport,
notamment individuel, et celles de la logistique générale.
Les humains associés aux technologies du transport
et aux intérêts économiques liés
à leur développement sans fin, pour diverses
raisons que nous ne pouvons examiner ici, ont jusqu'à
présent réussi à imposer leurs exigences
aux humains (parfois les mêmes) associés aux
modernes machines à habiter. Celles-ci en deviennent
de plus en plus invivables malgré le confort de plus
en plus élevé qu'elles visent à assurer
aux heureux résidents. Comme le montre le dossier
du Monde Diplomatique, la ville d'Anvers est ainsi en train
de se transformer en un noeud de voies de communication
rendant la vie problématique pour les Anversois,
fussent-ils d'un niveau social supérieur. L'asphyxie,
dans tous les sens du terme, les menace. La concurrence
darwinienne entre villes, par exemple dans le cas d'Anvers
avec Rotterdam et les villes du Rhin, sans mentionner Londres,
empêche que des freins soient mis par les habitants
humains aux exubérances des technologies avec lesquelles
ils sont associés.
Que
pourra être alors l'avenir des populations de plus
en plus nombreuses migrant vers les centres-villes développés,
soit en provenance des campagnes proches, soit de plus en
plus en provenance du monde entier, sous la pression de
la faim et du chômage et venant battre aux portes
de la ville. Les technologies urbaines vont-elles bénéficier
de progrès tels que le système anthropotechnique
global des mégapoles pourra recommencer à
jouer pour le plus grand nombre le rôle d'une niche
protectrice analogue à la termitière pour
les termites ? Les architectes, aménageurs, constructeurs,
bailleurs de fonds répondent par l'affirmative. Ils
font miroiter de véritables « merveilles »,
depuis les stations de ski et et les iles artificielles
de Dubaï (aujourd'hui il est vrai bien compromises
par la crise) jusqu'aux programmes américains de
gratte-ciels entièrement dédiés sur
cent étages à des cultures hors-sol. De la
même façon, au niveau de la planète
toute entière, des projets mirifiques sont de plus
en plus proposés aux Etats pour réguler le
climat par géoingénierie.
3) Mais qui ne voit que derrière ces réalisations-phares
s'accumuleront des coûts induits multiples, en termes
économiques, humains, écologiques. De plus,
une nouvelle fois, ce ne seront que des minorités
dominantes qui en bénéficieront, des armées
d'esclaves étant consacrées à leur
réalisation et à leur entretien. A terme,
il n'est pas exclu que ces constructions ne deviennent des
cibles privilégiées pour des actions de protestation
terroriste comme le furent en leur temps les tours de Manhattan
.
Résumé
et conclusion
Nous
considérons dans cet article que les mégapoles
sont des systèmes anthropotechniques répondant
au besoin général de niche protectrice que
les humains, comme beaucoup d'espèces grégaires,
requièrent pour se développer. Comme ce besoin
s'est accru, avec la croissance démographique récente,
les mégapoles tentent d'y répondre par des
technologies de plus en plus foisonnantes et sophistiquées.
Mais
aujourd'hui, deux phénomènes de grande ampleur
transforment et peut-être compromettent leur capacité
à offrir des niches protectrices:
- D'une
part, des populations humaines de plus en plus nombreuses,
dépassant de beaucoup les rythmes ancestraux de migration
vers les villes, vont vouloir s'abriter dans les mégapoles,
ceci compte tenu de l'explosion démographique actuelle,
qui se poursuivra sur le demi-siècle; et compte tenu
aussi de phénomènes d'exodes massifs liés
aux dérèglements climatiques et environnementaux.
- D'autre
part, si les technologies de la vie urbaine ne cessent de
se perfectionner en offrant de nouveaux services, ces perfectionnement
seront accaparés par les humains associés
au gouvernement des mégapoles. Comme ces humains
continuent à obéir aux réflexes de
protection du territoire et d'exclusion de l'étranger
hérités de leurs lointains ancêtres
tribaux, ils se réserveront le bénéfice
de ces technologies et de l'accès aux ressources.
Des milliards d'humains non liés au système
anthropotechnique de la mégapole en seront donc exclus
tout en supportant directement les retombées nuisibles
de celle-ci. Il est probable qu'ils se révolteront
en faisant appel à des technologies militaires détournées.
De véritables cycles de violence armée pourront
en résulter, pour le plus grand profit d'autres types
de systèmes anthropotechnique, tels que ceux des
fabricants, vendeurs et utilisateurs d'armes (Pentagone
et assimilés).
Conformément
enfin à la thèse développée
dans notre livre, nous pensons que les phénomènes
ainsi décrits par nous, au niveau tout à fait
local de cet article ou à celui d'autres articles
analogues, ne peuvent pénétrer les cerveaux
cognitifs des mégapoles. Celles-ci sont presque entièrement
soumises aux conflits d'intérêts (darwiniens)
entre les villes elles-mêmes et au sein des villes
aux conflits entre les sous-systèmes anthropotechniques
qui s'y affrontent. Nous avons cités ceux du transport
et de la logistique, mais il y en a bien d 'autres.
Qui
dit conflits d'intérêts de type darwinien dit,
nous l'avons rappelé, impossibilité de raisonner
les conflits entre entités en lutte pour l'accès
aux ressources et la domination. La seule façon qu'ont
ces entités de survivre est de muter à l'aveugle.
De ces mutations, évidemment imprévisibles,
pourra survenir le meilleur comme le pire, concernant notamment
la conservation des grands équilibres vitaux et géophysiques
de la planète.
Pourquoi
dira-t-on émettre, à propos de l'avenir des
mégapoles et sous couvert de préciser la théorie
des systèmes anthropotechniques, un diagnostic aussi
pessimiste, aussi générateur de découragement,
que celui esquissé ici? Ceci d'autant plus qu'il
est impensable de prétendre vouloir revenir en arrière,
à l'heureux village gaulois. Parce qu'il n'est pas
possible de ne pas faire connaître les images du monde
qui se forment dans le cerveau, dès qu'elles ont
une certaine persistance. Or le propos présenté
ici concernant les mégapoles n'est pas de notre seul
fait. Il est de plus en plus répandu. Nous nous bornons
à tenter de lui donner dans cet article un début
de consistance méthodologique, afin d'encourager
des recherches ultérieures. Ne fut ce que pour provoquer
la contradiction.
Notes
1) On pourra lire le dossier «
Mégapoles à l'assaut de la planète
» consacré au thème de la croissance
des villes par le Monde Diplomatique d'avril 2010. Les auteurs
ignorent cependant l'approche proposée ici, celle
des systèmes anthropotechniques.
2) Lire « Emeutes, terrorisme,
guérilla... Violence et contre-violence en zone urbaine
» , Loup Francart et Christian Piroth ; Economica.
Les auteurs s'inscrivent dans la catégorie des responsables
du maintien de l'ordre. Leurs analyses sont d'autant plus
intéressantes
3) Voir NewScientist, éditorial,
3 avril 2010, p. 3: « We urgently need robust public
debates on geoengineering ».