Article. Démographie.
Pour un plan de relance de la natalité européenne
par
Jean-Paul Baquiast 14/02/2010.
La natalité des pays européens s'effondre,
dans l'indifférence générale.
Comment caractériser ce phénomène?
Comment tenter de le corriger?
Introduction
Tenter
de réfléchir à l'évolution
démographique en Europe est devenu pratiquement
impossible, si du moins on prétend présenter
un point de vue sinon objectif du moins aussi neutre
que possible. S'exprimer à ce sujet fait immédiatement
courir le risque d'être taxé de racisme
par ceux qui refusent toute interrogation sur les
origines géographiques et les appartenances
ethniques et culturelles des populations. De plus
les données statistiques nécessaires
pour fonder des opinions raisonnées sont encore
trop rares et incertaines. du fait de la difficulté
de s'accorder sur des faits à observer puis
sur des méthodes et moyens d'observations.
Nous ne ferons appel ici qu'à un nombre minimum
de données statistiques, obtenues par des recensement
ou modélisations conduits par des administrations
nationales compétentes et coordonnées
par l'Office européen des Statistiques Eurostat.
Ne
prétendant pas par ailleurs à une compétence
de démographe professionnel, nous avons emprunté
l'essentiel des données et interprétations
présentées dans la première partie
de cet article (Données) à une compilation
établie par M. Philippe Bourcier de Carbon,
démographe, économiste et spécialiste
de la démographie des sociétés
développées. Pour les faire entrer dans
le cadre de cet article, nous les avons partiellement
remises en forme, considérablement allégées
et assorties parfois de commentaires personnels.
I
Données
1.1.
La « transition démographique »
mondiale
Le
21e siècle sera marqué, sauf évènements
imprévisibles aujourd'hui, par la stabilisation
puis sans doute par la baisse de la population mondiale.
Ce phénomène devrait rassurer ceux qui
craignaient l'effet d'une croissance démographique
illimitée (la bombe démographique) sur
l'environnement , des ressources naturelles de plus
en plus réduites devant être partagées
par un nombre de plus en plus grand de demandeurs.
Cependant, dans les prochaines décennies, le
passage désormais inévitable d'une population
globale de 5 à 6 milliards d'hommes à
une population de 9 ou 9,5 milliards posera des problèmes
difficiles à résoudre. Il demeurera
longtemps une disparité entre les pays dont
la population sera stabilisée, voire en diminution,
et les pays où elle continuera à croître.
Nous verrons que l'Europe sera particulièrement
exposée, du fait de son vieillissement, face
au continent africain loin d'avoir encore atteint
la transition démographique (égalité
entre les naissance et les décès). De
plus, une variable importante n'est pas prise en compte
dans ces perspectives: l'aggravation des conditions
de vie dans les pays pauvres due aux destructions
de l'environnement qui paraissent actuellement irréversibles.
Compter sur des progrès technologiques pour
résoudre ces problèmes paraît
illusoire, compte tenu du coût et des délais
nécessaires à une mise en uvre
suffisamment globale d'éventuelles innovations
technologiques compatibles avec les contraintes environnementales.
Depuis
plus d'une génération la fécondité
est en chute constante à peu près partout
dans le monde, à l'exemple des pays riches
où elle est en baisse depuis les années
1960. La fécondité dans les pays pauvres
ailleurs qu'en Chine est passée depuis 1970
de 5,8 à 3,0 enfants par femme, et en Chine
de 5,3 à 1,8 enfants par femme aujourd'hui.
L'Europe et le Japon qui ne remplacent plus leurs
générations depuis plus d'une génération
ont été les précurseurs de ce
mouvement général qui devient planétaire.
Cependant,
avec le Pakistan, l'Afrique Sub-saharienne ne s'est
engagée dans ce recul général
de la fécondité que depuis les années
1990, soit vingt ans plus tard que le reste du Tiers-monde.
Sa fécondité, encore de 6.2 enfants
par femme en 1990, est ramenée à 4.9
enfants par femme aujourd'hui La fécondité
au Pakistan est aujourd'hui de 3.3 enfants par femme.
Dans le même temps, l'espérance de vie
à la naissance a gagné une dizaine d'années
en moyenne pour approcher les 70 ans à peu
près partout dans le monde, sauf en Afrique
Sub-Saharienne et en Russie, en passant depuis 1970
de 51 ans à 64 ans dans les pays pauvres ailleurs
qu'en Chine, et en Chine de 62 ans à 74 ans
aujourd'hui. En Afrique Sub-Saharienne, les niveaux
de mortalité sont les plus élevés
au monde et l'espérance de vie la plus courte
au monde, en raison notamment de l'épidémie
de SIDA. L'espérance de vie à la naissance
y stagne à 51 ans soit treize à quinze
années de moins que dans le reste du Tiers-Monde.
L'Afrique Sub-Saharienne présente aujourd'hui
à la fois la fécondité et la
mortalité les plus élevées parmi
toutes les grandes populations du monde.
Rappelons
que la rapidité et la généralisation
de la chute de la fécondité sur la planète
a surpris les experts de l'ONU qui constatent que,
compte tenu des niveaux de mortalité encore
prévalant, l'humanité, pour ses deux
tiers environ, ne remplace plus désormais ses
générations, cette proportion étant
en croissance rapide. Aussi l'humanité - hormis
l'Afrique Sahélienne et Equatoriale, pays tels
l'Ethiopie, le Nigéria ou le Congo Kinshasa,
ainsi que quelques très grands pays musulmans,
tels le Pakistan ou le Bangladesh - achève
dans son ensemble avec la décennie 2010 la
seconde phase de ce qu'il est convenu d'appeler la
"Transition démographique", pour
faire son entrée dès les années
2020 dans la phase implosive post « transitionnelle
» du non remplacement des générations
humaines, dont l'Europe et le Japon ont été
les pionniers.
1.2.
L'effondrement démographique européen
Celui-ci,
déjà engagé depuis plus de 20
ans, ne fera que s'accentuer. Il se mesure à
plusieurs critères.
Rapport
de vieillissement de la population.
Le
rapport de vieillissement est l'indicateur qui résume
le plus fidèlement l'impact de ces mutations
démographiques sur l'inversion des pyramides
des âges ainsi que sur la fécondité.
Il est proportionnel à l'effet qu'exerce sur
la fécondité et plus généralement
sur le dynamisme économique le vieillissement
général de la population. Celui-ci déprime
les revenus relatifs des jeunes adultes de moins en
moins nombreux dans les sociétés vieillissantes.
Il en résulte une baisse de leurs comportements
reproductifs mais aussi une baisse de leur dynamisme
économique et intellectuel, du fait des difficultés
qu'ils sont obligées d'affronter dans des sociétés
dont l'essentiel des revenus sont absorbés
par les Seniors (ou personnes âgées de
50 ans et plus, ayant de ce fait dépassé
les âges statistiques de fécondité).
Les jeunes adultes sont aussi ceux qui supportent
l'essentiel des dépenses générées
par les Jeunes (les enfants et les jeunes gens n'ayant
pas encore atteint 20 ans, et n'étant pas encore
entrés dans les âges statistiques de
fécondité, non plus que dans ceux de
la production).
Dans
les pays où les effectifs des Seniors viennent
à surpasser ceux des Jeunes dans une population
- c'est-à-dire lorsque ce rapport dépasse
100% - la pyramide des âges est inversée,
sa partie supérieure l'emportant en nombre
sur sa base, et le processus d'implosion démographique
s'enclenche alors. L'humanité, dans son ensemble
franchira ce seuil au cours de la décennie
2020, sauf l'Afrique Sub-Saharienne et quelques pays
asiatiques déjà cités. Selon
les dernières projections des Nations-Unies,
l'Union Européenne à 27 membres a franchi
ce seuil au début des années 1980, le
monde riche dans son ensemble en 1985, l'Allemagne
et le Japon respectivement en 1970 et 1985.
De
plus le rapport de vieillissement (rapport des effectifs
des Seniors âgés d'au moins 50 ans à
ceux des jeunes âgés de moins de 20 ans),
qui caractérise les pyramides des âges
des populations, est appelé à atteindre
les valeurs encore jamais rencontrées dans
l'histoire, de 340% en Allemagne et de 465% au Japon
en 2050 voire de 815% selon la variante « basse
» des projections pour ce pays. Sur le continent
européen, plus aucun pays (hormis peut-être
encore l'Albanie) ne remplacent plus ses générations.
L'Europe
Occidentale, fut la première, bientôt
suivie de l'Europe du Nord, à inaugurer ce
processus d'implosion de la fécondité
dès le début des années1970,
soit depuis bientôt quarante ans. L'Allemagne
(avec la Hongrie) était entrée la première
dans ce processus depuis la fin des années
60, soit depuis plus de 40 ans bientôt. Le mouvement
fut suivi dans les années 80 par tous les pays
de l'Europe du Sud, puis dès la fin des années
80 et le début des années 90 par ceux
de l'Europe de l'Est, anciennement communistes.
Depuis
2005, on assiste à un certain redressement
de la fécondité en France, comme dans
les pays européens de forte immigration en
provenance de pays de forte fécondité.
Une dichotomie se fait jour à présent
au sein de ces pays entre le régime démographique
de leurs populations anciennement autochtones qui
ne remplacent plus leurs générations
depuis des décennies, et celui de leurs nouvelles
populations originaires des pays d'immigration dont
la fécondité moyenne demeure environ
double des précédentes.
Note:
L'Union Européenne à 27 membres compte
aujourd'hui en 2010 selon Eurostat environ 500 millions
d'habitants (et la zone Euro 330 millions), dont par
ordre de peuplement :
l'Allemagne (82 millions), la France (près
de 65 millions avec les DOM), le Royaume-Uni (62 millions),
l'Italie (60 millions), l'Espagne (46 millions), la
Pologne (38 millions), la Roumanie (21 millions),
les Pays-Bas (16 millions), la Grèce (11 millions),
la Belgique (11 millions), le Portugal (11 millions),
la République Tchèque (10 millions),
la Hongrie (10 millions). Ces treize pays représentent
à eux seuls environ 427 millions d'habitants,
soit environ 85% de la population de l'ensemble de
l'Union Européenne à 27 membres.
La population totale de l'Allemagne, de la France,
de l'Italie et du Benelux (ancienne Communauté
Européenne fondatrice à 6 Etats membres)
rassemble 234 millions d'habitants, et représente
à elle seule aujourd'hui près de la
moitié (47%) des quelques 500 millions de l'ensemble
de l'Union Européenne à 27 Etats-membres.
La Turquie, appelée en principe à entrer
dans l'Union Européenne compte 72 millions
d'habitants aujourd'hui. Elle sera le second membre
de l'Union Européenne par sa population, puis
en deviendra rapidement le premier du fait de la jeunesse
de sa population et de sa fécondité
de plus de 2,1 enfants par femme, encore supérieure
aujourd'hui à celle de la France (DOM compris)
Fécondité
A
la fin de la décennie 2000, la fécondité
globale de la France (DOM compris) approche les 2
enfants par femme, 1,98 en 2007 selon Eurostat, n'étant
surpassée dans l'Union Européenne que
par l'Irlande (2,01), alors que, hormis au Royaume-Uni
(1,84) et au Pays-Bas (1,72), dans les autres pays
de l'Union la fécondité reste très
faible : 1,37 en Allemagne, 1,35 en Italie, 1,38 en
Espagne, 1,31 en Pologne, 1,32 en Roumanie, 1,2 en
Slovaquie. La fécondité globale de l'Union
Européenne à 27 Etats membres peut être
estimée aujourd'hui à environ 1,5 enfant
par femme, soit ne remplaçant chaque année
que 71% de ses générations.
Sous
l'effet cumulé de la fécondité
différentielle entre la France et l'Allemagne,
les naissances en France (DOM compris) surpassent
en nombre depuis 1999 celles de l'Allemagne (82 millions
d'habitants) qui compte pourtant aujourd'hui environ
17 millions d'habitants de plus que la France, ce
surcroît ayant atteint 184.000 naissances en
2009. Selon Eurostat, il est né 5,4 millions
de nourrissons dans l'Union Européenne à
27 Etats-membres, la France en ayant fournit le plus
large contingent avec 830.000 (DOM compris), suivie
du Royaume-Uni (787.000), de l'Allemagne (646.000),
de l'Espagne (563.000), de l'Italie (554.000), de
la Pologne (428.000) pour ne prendre que les plus
peuplés.
La
Turquie aura, quant à elle, mis au monde en
2008 environ 1,3 million de naissances, soit presqu'autant
que la France et l'Allemagne réunies (1,48
millions de naissances).
L'espérance de vie à la naissance globale
de l'Union Européenne à 27 membres peut
être évaluée aujourd'hui selon
Eurostat à environ 82 ans pour les femmes et
76 ans pour les hommes (77,6 ans en France pour les
hommes, alors qu'elle n'est que de 64,9 ans en Lituanie
pour les hommes). Elle est aujourd'hui d'environ 7
années inférieure pour chaque sexe en
Turquie par rapport aux valeurs moyennes de l'Union
Européenne.
Rapports
de vieillissement des Populations dans l'Union Europenne
à 27 Etats-membres
Marquant
le degré d'avancement dans le processus d'inversion
des pyramides des âges, les rapports de vieillissement,
calculés par Eurostat entre les personnes âgées
d'au moins 65 ans et les enfants et les jeunes âgés
de moins de 15 ans, s'étalent aujourd'hui dans
l'Union Européenne à 27 entre les valeurs
extrêmes de 145 personnes âgées
de 65 ans et plus pour 100 jeunes âgés
de moins de 15 ans en Allemagne à 53 en Irlande,
avec par ordre décroissant pour les principaux
pays de l'Union, surtout pour ceux qui ont dépassé
les 100% : 145 pour l'Allemagne, 143 pour l'Italie,
130 en Grèce, 129 en Bulgarie, 125 en Lettonie,
117 en Slovénie, 116 en Estonie, 114 en Espagne,
111 en Autriche, 108 en Hongrie, 104 en Suède,
103 en Lituanie, 103 en République Tchèque,
103 au Portugal, 101 en Belgique, 98 en Roumanie,
98 en Finlande, 92 au Royaume-Uni, 88 en France, 87
en Pologne.....
La
Population totale de l'Union Européenne, en
passe de compter bientôt sur son sol plus de
décès que de naissances chaque années,
entrant ainsi dans la phase de dépopulation
du processus du renversement des pyramides des âges
et d'implosion démographique dans lequel elle
s'est engagée depuis près de quarante
ans, voit néanmoins sa population continuer
à augmenter : elle se sera accrue, principalement
en raison des flux d'immigration en provenance d'Afrique
et du Moyen Orient, de plus d'1,5 million d'habitants
en 2009 en raison d'un solde migratoire positif de
941.000 personnes, qui contribue aujourd'hui pour
environ les 2/3 à cet accroissement démographique
total.
A
cet accroissement total de 1,5 million en 2009 de
la population de l'Union Européenne, ont contribué
par ordre d'importance les pays qui suivent :
le Royaume-Uni pour 407.000 mille, la France pour
359.000, l'Italie pour 352.000 , l'Espagne pour 259.000,
les Pays-Bas pour 91.000, la Belgique pour 78.000,
etc...
Le
Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Espagne ayant
vu ainsi leurs populations augmenter au total de près
de 1,4 millions d'habitants en 2009 ont donc à
eux quatre contribué à près de
90% à l'accroissement total de l'ensemble de
la population de l'Union Européenne à
27 états membres. A l'inverse et dans le même
temps, l'Allemagne, qui depuis deux ou trois ans organise
des flux de retour d'étrangers résidents
sur son sol originaires de Balkans, aura vu sa population
totale régresser de près de 245.000
habitants en 2009 selon Eurostat.
Soldes
Migratoires des Populations dans l'Union Européenne
à 27 Etats-membres en 2009.
Il
ressort des données précédentes
des statistiques d'Eurostat que le solde migratoire
global dans l'Union Européenne à 27
membres s'est monté à +941.000 personnes
en 2009, provenant très largement des flux
d'immigration croissants en provenance des pays d'Afrique
et du Moyen Orient.
A
ce solde positif global ont contribué cette
année là les pays membres suivants,
par ordre d'importance : l'Italie (383.000), le Royaume-Uni
(186.000), l'Espagne (79.000), la France (77.000),
etc. Ces quatre premiers pays contribuent à
plus de 72% du solde migratoire positif total de l'Union
Européenne.
A
l'inverse selon Eurostat, les soldes migratoires ont
été négatifs en 2009 dans 7 pays
de l'Union, à commencer par l'Allemagne (-56
mille), suivie de l'Irlande (-44 mille), la Lituanie
(-15 mille), la Pologne (-15 mille)
1.3.
L'Union Européenne à 27 membres face
à l'Afrique Sub-saharienne.
De
par leurs positions géographiques respectives,
la première et la dernière des zones
du Monde à entrer dans le processus planétaire
d'inversion des pyramides des âges et d'implosion
démographique se trouvent face à face.
L'Union
Européenne à 27 membres, troisième
population parmi les entités politiques du
monde après la Chine et l'Inde, rassemble aujourd'hui
519 millions d'habitants, en face de l'Afrique subsaharienne,
bientôt deux fois plus peuplée, qui rassemble
déjà 870 millions d'habitants.
Les
rives Nord et Sud de la mer Méditerranée
séparent les deux zones de la planète
où les régimes démographiques
sont aujourd'hui les plus disparates au monde, c'est-à-dire
qu'elles séparent la zone où fécondité
et mortalité sont les plus faibles au monde
au Nord de celle où elles sont les plus fortes
au Sud, en même temps que leurs niveaux de richesse
et de développements économiques sont
les plus éloignés au monde.
Ce
face à face de l'Europe (y compris la Fédération
de Russie), ou de l'Union Européenne, avec
l'Afrique Sub-Saharienne peut donc se résumer
ainsi en ce début du 21ème siècle
:
*
La zone la plus urbaine de la planète fait
à présent face à la zone la plus
rurale. L'Union Européenne est en effet la
zone la plus urbanisée au monde où plus
des trois quarts de la population s'amassent dans
les villes. Elle fait face à l'Afrique Sub-Saharienne
dont près des deux tiers de la population vivent
encore aujourd'hui en zones rurales.
*
La zone la plus riche de la planète fait à
présent face à la zone la plus pauvre.
Selon les estimations du FMI, le PIB total de l'Union
Européenne à 27 membres était
en effet supérieur en 2008 au PIB des Etats-Unis,
soit 15.293 contre 14.334 Milliards de US $. Aussi,
le PIB par tête était-il alors estimé
à 34.100 US$ par personne en terme de parité
de pouvoir d'achat (ppa) au sein de l'Union Européenne.
Cette richesse est à comparer aux quelques
2.500 US $ (ppa) par tête estimés en
2005 pour l'ensemble de l'Afrique Sub-Saharienne.
Les habitants de l'Union sont donc bien plus de 10
fois plus riches que les habitants qui vivent aujourd'hui
en Afrique Sub-Saharienne.
*
La zone de la planète où la natalité
est la plus faible fait à présent face
à la zone la plus féconde. Pour la fécondité
le contraste est saisissant : encore aujourd'hui de
près de 5 enfants par femmes, la fécondité
amorce seulement depuis les années 90 la phase
de son déclin en Afrique Sub-Saharienne, alors
qu'avec 1,5 enfant par femme aujourd'hui, elle demeure
depuis plus de trente ans, comme nous l'avons vu,
très largement inférieure au seuil de
simple remplacement des générations
dans l'Union Européenne.
*
La zone de la planète où la vie est
la plus longue fait à présent face à
celle où elle est la plus courte. On peut le
dire autrement: la zone où l'excédent
annuel, bientôt croissant, du nombre des décès
sur celui des naissances fait face à celle
où l'excédent annuel des naissances
sur les décès est la plus large.
Le nombre des naissances de l'Afrique Sub-Saharienne
lui est aujourd'hui près de 7 fois supérieur
tous les ans : 33 millions contre 5 millions. Les
519 millions d'habitants de l'Union, dont la population
diminue font donc aujourd'hui face aux 870 millions
de l'Afrique Sub-Saharienne dont la croissance de
la population, encore en très forte expansion
(+2,4% par an aujourd'hui), amorce seulement depuis
les années 1990 sa phase de ralentissement.
Sa population, environ deux fois moins nombreuse en
1950 que celle de l'Union dans ses frontières
actuelle, lui était en effet déjà
devenue équivalente en nombre au début
des années 1990, et elle lui sera plus de trois
fois plus nombreuse en 2050.
Les
rapports de vieillissement et les pyramides des âges
sont en conséquence très différents.
La population de l'Afrique Sub Saharienne, où
les Seniors sont très minoritaires, demeure
encore aujourd'hui essentiellement constituée
de jeunes et de jeunes adultes, alors que les Seniors
sont en passe de devenir majoritaires au sein de la
population de l'Union.
Il
en résulte que l'Union Européenne est
une société aujourd'hui dominée
sous tout rapport par les besoins et exigences de
Seniors. Elle fait face au continent Africain, qui
est un continent d'enfants, de jeunes et de jeunes
adultes.
Il
est à noter qu'une dichotomie se dessine actuellement
en Afrique, entre l'Afrique Subsaharienne et l'Afrique
du Nord dont le régime démographique
s'apparente désormais à celui de la
Turquie, en termes d'évolution de leur fécondité
qui s'y rapproche à présent régulièrement
du seuil de simple remplacement des générations,
comme de la mortalité, l'espérance de
vie à la naissance y dépassant désormais
70 ans.
II Comment interpréter
ces données?
On
sait qu'en science, les faits (ici les données
d'observation) à supposer qu'ils aient été
recueillis d'une façon consensuelle, ne prennent
de sens qu'à la lumière des interprétations
qui en sont faites. Or celles-ci, dans des matières
aussi sensibles politiquement que la démographie,
peuvent être très différentes
selon les options politiques et les appartenances
des auteurs. Les interprétations elles-mêmes
ne sont jamais gratuites. Elles visent à général
à légitimer des souhaits, des recommandations
ou des directives, s'adressant aux législateurs
et aux gouvernements comme aux populations elles-mêmes.
Dans
le cadre restreint de cet article, nous nous bornerons
à présenter ici sans les discuter quelques
unes des questions que nous nous posons nous-mêmes,
suivies des recommandations que nous pourrions faire
aux législateurs européens.
II.1.
La dénatalité des pays européens
Elle
est indiscutable et ne cessera d'augmenter. Peut-on
s'y résigner, argument pris que le monde est
déjà trop peuplé et que l'Europe
peut légitimement souhaiter donner l'exemple
d'une « démographie durable »?
La
réponse est évidemment non. Une société
qui ne renouvelle pas ses effectifs de jeunes et de
jeunes adultes devient d'abord une société
de Seniors, avant de disparaître progressivement
par extinction. Or une société de Seniors
est, quels que soient les qualités humaines
de ceux-ci, une société se désintéressant
de l'avenir et se repliant sur la conservation de
ses avantages acquis, lesquels pourtant ne cesseront
de diminuer.
De
plus, si l'Europe se résignait à devenir
une société de Seniors, elle ne résisterait
pas à la double concurrence des pays africains
pauvres et des pays émergents asiatiques et
latino-américains, sans mentionner celle demeurant
très vive des Etats-Unis. Cette concurrence
s'exercera sous la forme à la fois d'immigrations
incontrôlables et de retards technologiques
et économiques croissants.
La situation légèrement meilleure de
la France ne lui permet pas de pouvoir espérer
se désolidariser de la décadence européenne
annoncée.
II.2.
Combattre la dénatalité
Il
faut donc combattre la dénatalité et
plus généralement le dépeuplement.
Mais par quels moyens? La solution jusqu'ici adoptée,
que ce soit de façon volontaire ou par force,
consiste à encourager, ou accepter, des flux
migratoires plus importants. Ceux-ci viennent déjà
spontanément de toutes les régions du
monde voisines de l'Europe ou entretenant avec l'Europe
des échanges commerciaux ou culturels: Afrique
méditerranéenne, Afrique Sub-Saharienne,
Turquie, Moyen-Orient, Europe orientale, Amérique
latine et centrale. Mais il est généralement
admis qu'au dessus d'un certain pourcentage (à
définir) ces migrations ne sont plus acceptées
par les populations autochtones, qui les considèrent
comme des invasions non souhaitées, a fortiori
lorsqu'elle empruntent des canaux clandestins. La
tentation de rejet devient particulièrement
forte lorsque, pour des raisons politiques ou religieuses,
les migrants refusent volontairement de se fondre
progressivement (en 1 ou 2 générations)
dans les populations d'accueil. On peut donc penser
que l'appel à une immigration accrue sera de
plus en plus considéré comme inadéquat
pour faire face à la baisse de la population
européenne.
Il
n'existe plus alors qu'une autre solution: augmenter
massivement les aides aux jeunes adultes et adultes
qui acceptent de procréer, de façon
à rendre à nouveau possible le renouvellement
des populations (soit 2 enfants par femme en moyenne).
Ces aides avaient permis à la France, dès
le début du 20e siècle, de redresser
sa situation démographique. Elles ont été
depuis quelques années fortement réduites
mais demeurent plus importantes que celles ayant cours
dans les autres pays européens. Ce sont elles,
s'ajoutant à la fécondité plus
grande des jeunes femmes immigrées, qui expliquent
la position relativement favorable de la natalité
en France. Ces aides doivent être très
générales, sans condition aucune. Elles
prendront notamment la forme d'équipements
collectifs publics gratuits (crèches, écoles
maternelles, centres de soins) permettant aux mères
de mener à la fois leurs carrières et
leurs maternités. Elles doivent être
d'un montant suffisant pour compenser le fait qu'avec
le vieillissement de la population et la dénatalité,
ce sont essentiellement les jeunes adultes des deux
sexes qui portent le poids de la protection sociale
et de la fiscalité. Il faudra donc convaincre
les Seniors qu'il leur appartient de contribuer de
façon bien plus marquée qu'actuellement
à la repopulation des sociétés
européennes.
On
dira que ces mesures n'agissent pas immédiatement.
En fait, le boom des naissances et plus généralement
la dynamique ainsi créée peuvent transformer
en quelques années le climat de récession
et de morosité dominant actuellement en Europe.
C'est ainsi que le projet que nous avons formulé
par ailleurs sur ce site (Fonds
européen d'investissement stratégique)
ne prendrait tout son intérêt que
s'il complétait le plan de relance de la natalité
esquissé ici.
Ceci
dit, le pessimisme parait s'imposer. L'Europe étant
essentiellement composée de Seniors vieillissants
(dont l'auteur de cet article), pourquoi ceux-ci s'imposeraient-ils
des sacrifices dont ils ne verront pas les résultats?
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