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Art
Imaginaire par
Christophe Jacquemin
A
propos des partitions et de la musique jouée par l'androïde
la musicienne
(automates Jaquet-Droz) Nb
: Cet article prolonge l'interview de Christian Denisart concernant
la pièce de théâtre "Robots"
Robots
(pièce pour comédiens et robots)
par la Compagnie
A
propos des partitions et de la musique jouée
par l'androïde La musicienne (automate Jaquet-Droz)
Cette page complète l'encadré consacré
à l'androïde La Musicienne, présenté
sur la page de l'interview de Christian Denisart (retourner
à l'encadré).
Entendant
pour la première fois le répertoire de cet
androïde, on peut être saisi par deux sensations
contraires.
Tout d'abord, un sentiment d'homogénéité
de style, voire de monotonie, sans doute due au fait que
l'instrument, un orgue en l'occurrence, ne possède
qu'un seul jeu de timbre, sans système expressif
(né plus tard) et que sa palette sonore est courte,
comme celle de la plupart des instruments de musique mécaniques
de faible volume, soit 24 notes - 12 à la main gauche
(accompagnement) et 12 à la main droite (chant)(1).
Mais
une écoute plus attentive révèle finalement
une réelle variété sur le plan de la
forme, quoique chaque "oeuvre" (l'automate peut
jouer 5 airs différents) soit construite selon le
principe de la monodonie accompagnée.
Serait-on en présence d'une sorte de jeu collectif
au cours duquel cinq différents musiciens auraient
composés chacun un morceau ?
En fait, même si on n'en sait rien, il semble vraisemblable
que ces morceaux sont le fait d'un auteur unique, Henri-Louis
Jaquet-Droz, qui bénéficia d'influences françaises
et italiennes au cours de son initiation musicale reçue
à Nancy dès l'âge de 15 ans en 1767.
En effet, même s'il est musicien amateur, on doit
accorder à Henri-Louis Jaquet-Droz le bénéfice
d'une formation musicale certainement solide(2).
En
tous cas, il faut souligner que l'androïde est une
véritable musicienne. En effet, il ne s'agit pas
ici d'une boîte à musique, l'automate touche
réellement le clavier d'orgue avec des mains. Mais
aussi, il restitue fidèlement le style de jeu de
l'époque, ce qui en fait un trésor essentiel.
Si la musicienne appartient à la famille des instruments
mécaniques à orgue ou a jeu de flûtes,
son fonctionnement, beaucoup plus complexe que celui de
ses frères et soeurs aînés ou cadets,
ne l'empêche pas d'atteindre une netteté d'attaque
des notes et une vélocité comparables aux
instruments comportant un mécanisme moins compliqué.
Notons cependant que dans cet automate, le nombre de relais
entre le cylindre et le son est de sept, ce qui implique
un ébat (jeu) considérable et entraîne
une force d'inertie importante, vu la distance qui sépare
les touches de lecture des picots de l'émission des
sons... d'où une certaine difficulté de réglages
de ce miracle mécanique.
Musique
Les
cinq airs sont strophiques, en deux strophes ou en da capo(3),
dans le style italien : ils contiennent des éléments
importants appartenant à la variation non seulement
au niveau de l'ornementation, mais aussi de l'écriture.
En principe, la mélodie très ornée
de la main droite est accompagnée par la basse (à
la main gauche), fondée sur l'alternance de la fondamentale
et de la quinte de la tonalité choisie (tous les
morceaux sont écrits en la majeur), participant de
ce fait au style et au caractère de chaque mélodie,
mais n'excluant pas quelques ornements apportant de la diversité
(notons que ces ornements sont presque tous toujours joués
avant le temps).
L'ornementation tient ici à la fois des pratiques
de l'école française du clavecin du XVIIIe
siècle et des habitudes déjà
ancrées du style galant, c'est-à-dire qu'elle
comprend, en dehors des notes inégales, des mordants,
tremblements, tours de gosier...
Ce
style de composition est sans doute lié à
la date de construction de l'androïde...
En cliquant sur le bouton "play" ci-dessous,
vous entendrez successivement
les 5 mélodies jouées par La Musicienne,
(telle
qu'elle les joue aujourd'hui, après la restauration
de l'androïde effectuée en 1979)
Partition du premier air
Le
premier air, d'un caractère populaire frappant, se
compose de deux thèmes (ou deux strophes) séparées
par une cadence sur le 5ème degré (mi) de
la tonalité. Chaque thème est suivi ici d'un
second motif conduisant à la cadence, si bien que
l'oeuvre est faite de deux parties, chacune étant
binaire sur le plan thématique.
La basse en sonnerie de trompette témoigne d'une
bonne connaissance de la musique française dont l'écriture
pour orgue tirait son origine de l'importance de l'école
d'instrument à vent du XVIIIe siècle.
Nous
ne détaillerons pas ici l'ensemble de chaque morceau,
sinon on en remplirait des pages. Disons simplement que
le deuxième air, contenant deux strophes et un refrain
(écriture en croches régulières) rappelle
un procédé propre au piano forte qui consiste
à répéter systématiquement chaque
note pour pallier la sécheresse du son. Ceci montre
qu'Henri Jaquet-Droz devait connaître les écoles
de clavecin et de piano forte.
Le
troisième air (un thème pour trois strophes)
est un rondeau, thème exposé trois fois. Entre
le refrain et la troisième exposition du thème
est inséré un élément de divertissement.
Le
quatrième, est un peu sur le même canevas que
le premier (un thème binaire par strophe). La deuxième
partie du thème correspond à la variation
de la première exposition.
Le
cinquième est un da capo à l'italienne, dont
la reprise est ornée dans le style français.
Notes
:
(1) Les 24 touches en bois sont fixées sur des montants
en laiton qui pivotent autour d'une longue charnière
chassée dans un bâti. Des ressorts de rappel
permettent aux touches de remonter lorsqu'elles sont lâchées
par les doigts de la Musicienne. Sous chaque montant en
laiton, une vis appuie sur un pilote (baguette en bois terminée
par une tige en métal) et permet de régler
l'attaque des notes. Lorsque le doigt appuie sur la touche,
le pilote se trouve enfoncé dans un petit trou du
sommier et vient ouvrir la soupape. L'air, qui se trouve
en permanence dans le sommier, pénètre alors
la flûte correspondante. La note est jouée.
(2) Signalons que dans l'inventaire des biens d'Henri-Louis
Jaquet Droz figurent notamment un piano forte, un violoncelle,
un violon, un alto... (3) Locution italienne qui signifie du commencement,
prescrivant la reprise de la première partie du morceau
après les couplets, dans un rondeau, ou après
la seconde partie, dans un air.