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Science
et politique. Théorie
des complots.
par
Jean-Paul Baquiast 17/08/2009
Il
est tout à fait légitime, sans céder
à la psychose des complots, d'analyser les grandes
rumeurs qui accompagnent tous les événements
ayant une influence sur l'évolution globale du monde.
Ceci malheureusement ne pousse pas à l'optimisme.
Il serait évidemment dangereux pour un éditorialiste
de se conformer à l'habitude remontant aux âges
les plus anciens et consistant à dénoncer
des comploteurs cachés derrière les grandes
et petites catastrophes affectant les sociétés
contemporaines. Il serait tout aussi dangereux de faire
le sceptique en prétendant que toutes les rumeurs
de complot sont fausses et servent à favoriser des
intérêts qui profitent du climat de peur ainsi
créé pour se faire entendre. L'expérience
semble montrer que si les grandes crises sont générés
par des causes trop générales pour pouvoir
dépendre de l'action de quelques comploteurs, fussent-ils
puissants et riches, dès que de telles perspectives
de crises apparaissent, un certain nombre de complots petits
et grands s'efforcent de les amplifier pour en tirer profit.
Il
est pratiquement impossible de prétendre jeter un regard
scientifique sur les causes induisant du chaos dans l'évolution
sociétale non plus que sur les mouvements d'opinions
plus ou moins paniqués qui l'accompagnent. Tout jugement
en effet, fut-il scientifique, émane d'un observateur
dont le regard sera nécessairement déformé
par un certain nombre de préjugés liés
à ses intérêts en tant que personne individuelle
ou en tant que membre d'un groupe bien défini. L'observation
des faits elles-mêmes, dans la mesure où elle
est possible, sera toujours insuffisante car l'on n'observe
que ce que l'on est capable de voir. Autrement dit, le risquer
de tourner en rond est grand. La science dite mémétique
consistant à traiter les mouvements d'opinions et les
multiples échanges de données qu'ils génèrent
comme on le ferait d'épidémies se propageant
par la transmission de particules virales constamment mutantes
peut introduire un peu d'objectivité dans les analyses.
Mais la mémétique, faute d'avoir défini
avec précision ses objets et ses méthodes, reste
très approximative et ne garantit en rien la neutralité
de celui qui prétend en faire usage.
Malgré
ces difficultés, ni l'éditorialiste ni le
citoyen qui comme lui s'efforce d'introduire un peu de rationalité
dans les jugements qu'il porte sur l'actualité ne
peut se limiter à traiter par le dédain les
rumeurs de complot qui circulent et pour lesquelles l'Internet
constitue un milieu de propagation particulièrement
favorable. Comme en toutes choses, l'Internet présente
à cet égard un bon et un mauvais côté.
N'étant que difficilement contrôlable par les
pouvoirs, il permet de laisser filtrer des informations
qui seraient censurées par ces derniers. Mais à
l'inverse, ceux qui s'y expriment ne rencontrent que peu
d'obstacles pour y propager des hypothèses délirantes.
Plus exactement, comme l'Internet constitue un monde en
soi dont l'évolution est darwinienne, selon le principe
« transmission, mutation, sélection »,
les idées qu'il véhicule ne sont pas nécessairement
conservées. Ne subsistent que celles résistant
à la concurrence des autres. Le fait qu'elles aient
résisté ne garantit pas leur solidité.
Mais il donne néanmoins une indication sur l'état
de la société qui s'y réfère.
Il
est donc tout à fait légitime, sans céder
à la psychose des complots, d'analyser les grandes
rumeurs qui accompagnent tous les événements
ayant une influence sur l'évolution globale du monde.
Ces analyses supposent différents études que
le journaliste sérieux et à plus forte raison
le sociologue ne manqueront pas de faire, à commencer
par la critique des sources et un minimum de recherche concernant
les phénomènes en cause et les intérêts
susceptibles de profiter d'une minoration ou au contraire
d'une exagération de leurs conséquences. Nous
n'allons pas dans ce court article nous livrer à cet
exercice difficile. Bornons nous à évoquer trois
événements qui ont fait et continue à
faire l'objet d'innombrables questionnements dans les média
et sur Internet. Nous parlons des attentats du 11 septembre,
de la crise financière et de la pandémie de
grippe en cours de développement aujourd'hui.
Trois
« complots »
Les
« théoriciens » de la théorie des
complots affirment que ces événements, aux conséquences
multiples et parfois graves, ne se sont pas produits de façon
inopinée et sans intervention humaine. Ils ont résulté
au contraire de manœuvres restées secrètes
émanant de divers pouvoirs politiques ou économiques.
Ainsi, selon ces thèses, les attentats du 11 septembre
2001 ont été directement ou indirectement provoqués
par les lobbies industriels américains (armement, pétrole)
et par le gouvernement fédéral afin de relancer
l'activité économique et les contrats industriels
grâce à la guerre globale contre la « terreur
» ainsi engagée. Accessoirement, l'Amérique
mettait la main sur le pétrole de Saddam Hussein ce
qui diminuait sa dépendance à l'égard
du pétrole de l'Arabie saoudite.
La
crise financière de septembre 2008 aurait été
de son côté provoquée ou aggravée
par le secteur banque-assurance américain, dénommé
Wall Street. L'objectif était de reporter la charge
des engagements de ce secteur sur le contribuable américain
et sur le reste du monde. Un aspect particulier de ce complot,
auquel nous avons fait allusion dans un article précédent,
avait consisté, quelques temps auparavant, à
faire élire un président compréhensif
à l'égard de Wall Street. Ce président,
Barack Obama, tout en paraissant donner des gages aux électeurs
demandant que Wall Street soit mieux contrôlé,
était chargé au contraire de faire en sorte
que le business se poursuive comme avant (business as usual),
une fois passée la purge ayant permis d'éliminer
certains acteurs maladroits. On ne confondra pas à
cet égard la crise financière, présentée
comme un complot de Wall Street, avec une crise environnementale
et économique beaucoup plus générale
que Wall Street et l'administration américaine au
contraire ont toujours tenté de minimiser afin de
s'exonérer de leurs responsabilités dans ces
domaines.
Quant
à elle, la grippe A(H1N1), selon des hypothèses
toutes récentes, résulterait de complots bien
plus sinistres. Pour certains auteurs, la pandémie,
provoquée ou pas, permettrait aux gouvernements de
faire oublier leurs multiples erreurs face à la crise
économique et environnementale. Elle permettrait
aussi aux industries pharmaceutiques de relancer leurs chiffres
d'affaire par la production de vaccins et anti-viraux. Pour
d'autres auteurs, le projet serait tout différent.
Il viserait à diffuser par l'intermédiaire
de prétendus vaccins, des germes incontrôlables
entraînant la disparition de plusieurs milliards d'humains.
Ainsi serait rétabli l'équilibre entre démographie
et ressources. Là encore des intérêts
politiques liés à ceux des industries pharmaceutiques
seraient à la source du complot. Mais de quels intérêts
politiques s'agit-il ? On évoque de mystérieuses
élites mondiales voulant se donner le contrôle
du monde face aux populaces. L'Organisation Mondiale de
la Santé, censée coordonnée la lutte
contre les maladies, serait aussi complice.
Des
arguments inégalement crédibles
Les
arguments présentés par ceux qui dénoncent
ces trois grands complots sont très inégalement
crédibles.
Concernant
le 11 septembre, nous avons nous-mêmes ici rejoint l'opinion
de ceux qui attribuent les attentats, au moins indirectement,
au gouvernement américain de l'époque et à
ses alliés au sein du Military Industrial Congressional
Complex. L'opération a été loin d'être
un succès. On peut même dire qu'elle a précipité
le déclin de l'Empire américain sous ses formes
traditionnelles. Mais rien n'interdit de penser que les mêmes
acteurs pourraient provoquer un autre coup tordu du même
genre pour tenter de rétablir le leadership américain.
Les informations fournies par ceux qui nient l'explication
officielle des attentats sont si convergentes et impressionnantes
qu'elles ont apparemment convaincu une bonne partie de l'opinion
américaine. On se demande d'ailleurs comment il se
fait que nul mouvement d'opinion en profondeur ne se soit
encore manifesté pour obtenir le rétablissement
d'un début de vérité. Pour nous, la vérité,
si vérité il y a, se situe du côté
des « négationnistes », aussi incroyable
qu'elle puisse paraître. Le 11 septembre semble avoir
été, plus ou moins complètement, monté
par l'administration américaine. 1)
Concernant
la crise financière et le rôle qu'y jouent
tant le lobby banque-assurance de Wall Street qu'aujourd'hui
Barack Obama, les nombreuses informations venant du milieu
bancaire lui-même comme de ceux qui souffrent de ses
comportements quasi-criminels confirment que les principales
banques américaines ont tenté de restaurer
une prospérité atteinte par leurs propres
abus spéculatif en provoquant une crise de liquidité
obligeant l'Etat à intervenir très momentanément.
Les sommes considérables consacrées à
la relance par le budget fédéral ont immédiatement
permis à ces mêmes banquiers d'acquérir
de nouveaux actifs qui pourront à leur tour financer
de nouvelles bulles spéculatives dont ils profiteront.
Nous simplifions beaucoup, mais le phénomène
a été suffisamment décrit pour que
le complot des banques et plus généralement
du système financier ne fasse pas de doute. Le seul
point à préciser est que, mondialisation oblige,
le complot fut effectivement mondial, engageant non seulement
les « paradis fiscaux » mais les banques réputées
les plus honnêtes, notamment en Europe et même
en France. Le livre d'un certain Crésus, Confessions
d'un banquier pourri, Fayard 2009, présenté
sur un autre
de nos sites, en fait foi. Selon les informations dont
nous disposons, tout ce qui y est relaté, à
des détails près, est véridique.
Contrairement
aux deux premiers, le troisième prétendu complot,
concernant la création d'une psychose de la grippe
destinée à favoriser des achats en masse de
vaccins, voire – pire encore – visant à
tuer des milliards d'humains «en trop», nous paraît
relever de l'affabulation. Une pandémie met en jeu
de si nombreux acteurs, à commencer par les professions
de santé, qu'il parait hautement improbable qu'elle
puisse être artificiellement créée. Aucun
gouvernement ne se risquerait, par ailleurs, à laisser
faire sans réagir des organisations criminelles décidées
à utiliser de tels moyens pour assurer leur pouvoir
sur le monde. Nous serons peut-être démentis,
mais nous persistons à penser qu'il y aura prochainement
en Europe une pandémie de grippe plus étendue
qu'elle ne l'est actuellement, que sa virulence pourra augmenter
et que les gouvernements font bien de se préparer au
pire. Ils sont là dans le rôle que les citoyens
attendent d'eux dans une démocratie normale.
Serions-nous
tous comploteurs ou complices ?
Sans
céder au catastrophisme (autre forme de complot, dirons
certains), nous pourrions admettre que les diverses crises
menaçant – irrévocablement, pensons-nous-
la vie sur Terre dans les prochaines décennies se conjugueront
et provoqueront inévitablement des centaines de millions
de morts, sinon davantage. Tous les scientifiques concernés
le savent et commencent à oser le dire. N'a-t-il pas
existé un complot mondial résultant de la conjonction
des millions d'acteurs économiques et politiques ayant
longtemps été capables de prévenir ces
crises et n'ayant rien fait en ce sens? Ce complot se poursuivrait
puisque ces mêmes acteurs, rejoints par d'autres connaissant
ce qui se prépare, font tout pour cacher les futurs
événements catastrophiques aux populations.
Leur objectif serait notamment d'empêcher les mesures
de décroissance nécessairement très pénalisantes
qu'il faudrait prendre pour minimiser les pires des conséquences
de la crise systémique en cours.
Allons
plus loin. Le complot est celui de chacun d'entre nous dans
les pays riches qui, réfléchissant aux futurs
désastres et s'imaginant pouvoir y échapper,
se réjouissent intérieurement du fait qu'effectivement,
suite aux guerres, épidémies, famines, ce
seront peut-être des milliards de ressortissants des
pays pauvres qui y laisseront la vie. Si complot ainsi entendu
il y a, il rassemble bien trop de gens pour que ceux-ci
puissent en être jugés responsables, que ce
soit sur le plan juridique ou même moral. Mais même
sans comploteurs évidents, un complot d'ampleur mondiale
est déjà bien en place.
Notes
(1) Voir Taiké Eilée
http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/france-inter-egratigne-la-version-56492
Voir aussi http://video.google.fr/videoplay?docid=-4049590380102614532
(2) Voir entre autres, et concernant Goldman Sachs
http://www.rollingstone.com/politics/story/29127316/the_great_american_bubble_machine/1
(3) Voir notamment http://www.americanchronicle.com/articles/view/112398