Regards
sur le mois de mars 2009
Tout n'a été, ce mois-ci, pour le monde
comme pour l'Europe, qu'attentes et inquiétudes
Le G20
La
préparation du sommet du G20 qui se tiendra le
2 avril a monopolisé l'attention des observateurs.
Beaucoup cependant n'en attendent pas grand-chose. D'une
part les Etats-Unis, Barack Obama le premier, semblent
vouloir limiter la réunion à des mesures
d'urgences destinées à relancer la consommation
et la croissance, dont on connaît pourtant les
dégâts à terme. Ils ne paraissent
pas du tout décidés à supprimer
les paradis fiscaux ni lutter contre le secret bancaire,
surtout quand des intérêts américains
sont impliqués. Barack Obama a par ailleurs annoncé
vouloir restaurer le leadership américain, ce
qui suppose qu'il attend des concessions substantielles
du reste du monde, enfin rassuré par le retour
du père. De leur côté, les pays
européens semblent de moins en moins capables
de tenter d'imposer les positions communes qu'ils avaient
présentées comme indispensables. On ergote
encore sur des points qui sont quand même de détail,
comme la rémunération des dirigeants.
Ce sera sans doute comme jusqu'à présent,
chez les membres européens du G20, le triomphe
du chacun pour soi. L'accord ne devrait se faire que
sur le refus de financer davantage la relance américaine.
Quant à la réforme du FMI....on verra.
Notons
que, concernant la crise financière, ni la Chine
et ni les autres pays émergents ne semblent décidés
de leur côté à s'impliquer. Tout
se passe comme s'ils attendaient de voir ce que deviendront
les rivalités entre l'Amérique et l'Europe
avant de s'engager. La Chine hésite pour le moment
entre soutenir le dollar, c'est-à-dire ses centaines
de milliards de prêts à l'Amérique
ou proposer le remplacement à terme du dollar
en tant que monnaie de réserve par un panier
de devises sous l'égide du FMI. La formulation
de cette seule proposition serait considérée
comme une déclaration de guerre par Washington.
Les Chinois ne pourrait la faire avancer qu'avec l'appui
de l'Europe. Or on ne voit pas la BCE s'engager dans
cette voie.
Nous
avons par ailleurs indiqué ( http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=264&r_id=
) que le G20 n'examinera certainement pas des perspectives
bien plus importantes pour l'équilibre du monde
visant à coordonner au plan global les politiques
économiques et les politiques de lutte contre
les changements climatiques. La question de la représentation
des pays pauvres, dans un G20 étendu à
plus de 100 membres (ou dans une commission ad hoc de
l'ONU à créer) ne sera pas non plus posée.
Bref, la très probable aggravation future de
la crise trouvera un monde de plus en plus divisé
et surtout toujours aussi soumis aux intérêts
de ceux dont les agissements ont provoqué cette
même crise. Combien de nouveaux G20 faudra-t-il
prévoir alors ?
Révoltes
sociales
Les
inégalités et abus résultant de
l'extension, qui se poursuit encore malgré la
crise, d'un capitalisme non régulé, soulèvent
de plus en plus de protestations syndicales et populaires,
notamment dans les pays pourtant « riches »,
USA et Europe. La crise ne commence seulement qu'à
s'y faire sentir, en termes de pertes d'emplois. Mais
on pressent qu'elle touchera de plus en plus de populations.
Face aux manifestations qui risquent de se radicaliser,
les gouvernements réagiront certainement par
la répression, ce qui ne fera qu'aggraver la
coupure, au sein de ces sociétés riches,
entre ceux qui continueront à s'enrichir de multiples
façons, y compris par des comportements maffieux,
et la grande masse de la population qui s'appauvrira.
Malheureusement,
ni à gauche ni à droite, on ne parait
capable d'envisager les solutions de long terme capables
de lutter contre les inégalités (notamment
par l'impôt) et relancer les activités
productives à forte valeur ajoutée intellectuelle,
les seules susceptibles de créer une croissance
qui soit neutre au plan de l'empreinte éco environnementale.
Une coupure va donc s'établir entre ceux qui
paraissent incapables de rien changer à l'ordre
actuel et ceux qui favoriseront les mouvements de rejets
violents, avec destruction d'usines, de centres commerciaux
et de tout ce qui symbolise le luxe et l'inégalité.
Nécessairement les « défenseurs
de l'ordre » se radicaliseront et les démocraties
deviendront de plus en plus autoritaires, sinon dictatoriales.
En
Europe, on peut penser que ce seront les pays de l'Est
et autres nouveaux entrants qui donneront l'exemple
des révoltes sociales, mais rien n'exclut que
les mouvements violents s'étendent aussi dans
les vieux Etats européens. Aux Etats-Unis, une
même évolution se prépare. Il semble
ainsi que de plus en plus de contestations provenant
des milieux populaires et des universitaires s'expriment
à l'égard de Barack Obama. On lui reproche
d'être un pantin aux mains, non plus tellement
du lobby militaro-industriel, pour le moment silencieux,
mais du lobby financier, désormais baptisé
Wall Street, avec ce que ce nom connote en termes d'inégalités,
de corruption, de spoliations. Dans cette conjoncture,
le vrai visage d'Obama n'est pas encore apparu. Si de
véritables troubles sociaux éclataient,
nous sommes quasi certains qu'il incarnera lui aussi
le personnage du gardien de l'ordre, à l'exemple,
diront certains, d'un Mussolini plus élégant.
Moyen
Orient : explosions en puissance ?
L'Europe
semble avoir pour le moment renoncé à
jouer le moindre rôle dans cette partie du monde.
Elle laisse à Barack Obama, encore lui, la responsabilité
d'y éviter de nouveaux conflits. Là encore
tous les regards se tournent vers lui et ses conseillers
diplomatiques. Mais le moins que l'on puisse dire est
que, là encore, l'image est brouillée.
Certes, besoins d'économies budgétaires
aidant, Obama a clairement marqué son désir
de retirer les troupes d'Irak et de détendre
les relations avec l'Iran. Mais sur ces deux points
déjà, les difficultés s'accumulent.
Le retrait d'Irak risque de coûter aussi cher
que la poursuite des opérations. Il demandera
des années. Quant aux relations avec l'Iran,
elles sont à la merci d'une agression d'Israël
destinée à rappeler aux Américains
que leur liberté d'action est limitée.
Pour Israël en effet, doté ou pas d'un gouvernement
plus ouvert que le précédent, rien ne
doit être fait pour relancer le processus dit
de paix et aboutir à deux Etats en Palestine.
Bien plus, les Etats-Unis ne doivent en aucun cas détendre
le « spécial relationship » qui depuis
trente ans rattache Israël et l'Amérique,
pour le meilleur et pour le pire. Or Obama avait suscité
des inquiétudes à cet égard. Beaucoup
pressentent que, pour le rappeler à l'ordre,
c'est-à-dire à une alliance sans conditions,
l'Etat juif lance prochainement des opérations
militaires de plus ou moins grande intensité
contre Téhéran, ce qui ressoudera de facto,
face aux réactions de l'Iran, la vieille «
amitié » Tel-Aviv-Washington.
Cependant
Israël n'est pas pour le moment le souci prioritaire
de Barack Obama. Celui-ci s'était lancé,
avec une légèreté que nous avions
soulignée, dans une relance des opérations
en Afghanistan, présentée comme sa guerre
à lui. Il apparaît de plus en plus, à
beaucoup d'Américains eux-mêmes, que cette
guerre sera sans issues. D'ores et déjà,
on y associe les zones tribales pakistanaises (le terme
d'Afpak définissant le nouvel ennemi à
combattre). Les opérations menées par
les Américains dans ces zones, même si
elles n'engagent pour le moment que des drones et des
forces spéciales, provoquent une remontée
du nationalisme pakistanais et du fondamentalisme religieux
l'accompagnant. L'actuel président du Pakistan
Asif Ali Zardari en sera nécessairement déstabilisé.
Il salue pour le moment l'annonce d'une aide américaine
de 1,5 milliards de dollars, mais on peut penser qu'il
le fait contraint et forcé, de peur de se voir
reprocher de favoriser l'Amérique sans contreparties.
En attendant, dans l'opinion du monde, l'Afpak risque
de devenir pour l'Amérique de Barack Obama ce
qu'avait été l'Irak pour l'Amérique
de Bush, c'est-à-dire une monumentale erreur
stratégique.
L'Union
européenne dans la crise politique
Plus
près de chez nous, aucune bonne nouvelle intéressant
la construction européenne n'a été
enregistrée en mars. Au contraire. D'une part,
comme prévu, le retour de la France dans l'Otan
est passé si l'on peut dire inaperçu de
ceux qui, tels Nicolas Sarkozy, en attendait de grandes
embrassades tant de l'Amérique que des Etats
européens de l'Est. Barack Obama n'a pas serré
Sarkozy dans ses bras. En réalité, on
ne sait même pas s'il a été informé
de cet évènement gigantesque. Quant à
la Pologne et à la Tchéquie, déçues
sans doute de ne plus se voir confier la participation
au BMDE en voie d'abandon, elles cèdent à
un certain antiaméricanisme. C'est-à-dire
qu'elles ne savent aucun gré à la France
de ses palinodies otanesques. N'en ajoutons pas davantage.
Un excellent billet d'humour du général
Cot, publié sur ce site, dit tout ce qu'il faut
en dire, y compris en ce qui concerne la prétendue
relance de la défense européenne qui devait
contrebalancer la normalisation des relations avec l'Otan
( http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=261&r_id=
).
Plus
grave par contre est l'aggravation rapide de la faiblesse
institutionnelle de l'Union. D'une part, comme prévue,
la présidence Tchèque a joué les
utilités, sans rien que nous puissions jusqu'ici
mettre à son actif. Mais surtout, des élections
ayant donné à Prague une courte mais suffisante
majorité favorable aux anti-européens,
tout laisse craindre que le Sénat tchèque
refuse de ratifier le traité constitutionnel.
Même si ce n'était pas le cas, les oppositions
anti-traité risquent de repartir de plus belle,
en Irlande, aux Pays-Bas et ailleurs même, notamment
en France. L'Europe se trouvera donc sans tête,
au moment où, comme indiqué plus haut,
se déclencheront des crises multiples.
Ceci,
diront les esprits volontaristes, pourrait être
une bonne chose. Vu l'urgence, on pourrait espérer
une sorte de coup d'Etat de la part de ceux des gouvernements
ne voulant pas laisser partir l'Europe à vau-l'eau.
Mais pour quoi faire ? Sans doute le pire, dans l'urgence.
De toutes façons, comme Nicolas Sarkozy est,
lui aussi, devenu de plus en plus illisible sinon inquiétant
ces dernières semaines, peu de gens en France
et ailleurs ne verront en lui, contrairement à
ce qui s'était passé à la fin de
la présidence française, un éventuel
sauveur de l'Europe. 30/03/2009
Sélection
d'articles publiés sur le site Europe solidaire
en mars
*
L'euro
dans la future crise du système des règlements
internationaux.
27/03/2009
Le futur G20 d'avril 2009, dont certains avaient voulu
faire le point de départ d'un nouveau Bretton-Woods,
c'est-à-dire de la refondation du système
monétaire international, ne devrait rien faire
de la sorte. (...)
*
Durban
II: refuser les fondamentalismes
25/03/2009
Les pays de L'Union Européenne doivent rester
engagés dans les travaux de l'ONU pour la préparation
de la Conférence de Durban II, afin de ne pas
laisser le champ libre aux racismes et aux fondamentalismes
religieux. Il sera toujours temps de se retirer avec
le maximum d'éclat en cas d'échec indiscutable
des discussions préparatoires.
*
Enseignements
pour l'Europe de la journée française
de revendication du 19 mars 2009
On a tendance à considérer que les problèmes
économiques et sociaux des 27 pays européens
sont trop divers pour que les syndicats et partis socialistes
de ces pays puissent s'entendre sur des positions communes.
D'une part c'est faux car des contacts et communiqués
communs existent déjà. Mais d'autre part
c'est encore malheureusement vrai car les perspectives
de solutions en profondeur restent insuffisamment étudiées.
(...)
*
Bernard
Lavarini
L'expert de défense Bernard Lavarini actualise
dans un article du Monde le thème de son livre
de 2006 : la défense européenne doit s'articuler
autour d'une force de dissuasion nucléaire (celle
de la France et de la Grande Bretagne, à défaut
d'autres) mais aussi de ce qu'il nomme un bouclier nucléaire
déployé tout autour des frontières
européennes et suffisamment doté de moyens
balistiques pour décourager une frappe même
massive. (...)
Actualités
*
Une
présidence de l'Europe de plus en plus dangereuse
26/03/2009
Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek a
affirmé mercredi 25 mars que la chute de son
gouvernement n'affectera pas la présidence européenne,
assurée actuellement par la République
tchèque. Il affirme continuer à penser
que la présidence tchèque sera effective.
Nous en doutons fortement.
* Détente
Etats-Unis - Iran ?
23/03/2009
Le message d'amitié et de voeux pour la nouvelle
année du président Obama vers l'Iran,
du 20 mars 2009, produit en Iran une réaction
certes prudente, mais en général jugée
favorable.
*
Avant
le G20, brouillage de l'image des chefs d'Etat
21/03/2009
Les chefs d'Etat, face à la crise qui se généralise,
perdent de leur crédibilité. Mais c'est
en partie parce qu'ils n'ont pas su sauvegarder celle
des Etats dont ils sont les chefs.
* Contre
Obama : lâcher de chiens ?
15/03/2009
Nous n'étions pas particulièrement adeptes
de l'Obamania, qui voyait en Barack Obama le chevalier
blanc capable de guérir l'Amérique de
tous ses défauts. L'image était trop belle.
Obama, issu du sérail, ne pouvait pas réformer
complètement le dit sérail. Cependant
quelques semaines après la nomination du nouveau
président, l'estime pour sa sincérité
réformatrice revient sinon au galop du moins
avec prudence.
*
Utiliser la crise financière pour abattre Obama
et ses idées réformatrices
10/03/2009
Il faut se demander si une façon subtile ne consisterait
pas, pour des intérêts américains
bien organisés voulant stopper Obama sans le
détruire directement, à laisser se développer
l'embrouillamini de la crise financière actuelle.
*
Nicolas Sarkozy au Mexique. Pourquoi faire ?
06/03/2009
Nicolas Sarkozy a décidé de se rendre
au Mexique, accompagné de son épouse,
auprès d'un président particulièrement
déstabilisé et dans un pays qui est en
train de devenir une véritable menace pour les
Etats-Unis et même l'Europe. Que va-t-il y faire
? Que va-t-il y vendre ou y acheter ? La question n'a
semble-t-il pas vraiment été discutée
dans les milieux politiques ni les médias.
* Faut-il
s'indigner de voir Siemens s'allier dans le nucléaire
avec Rosatom?
04/03/2009
L'allemand Siemens et le groupe d'État russe
pour l'énergie atomique, Rosatom, ont annoncé
le 4 mars la signature d'un protocole d'accord en vue
de la création d'une joint-venture dans le nucléaire,
dont le conglomérat russe aura la majorité.
Les deux parties veulent notamment construire ensemble
des centrales du futur et développer les projets
de réacteurs russes à eau pressurisée.
Est-ce une nouvelle défaite pour l'unité
européenne.
*
Pour
une nouvelle économie sociale
03/03/2009
Nous avions écrit précédemment
que la situation des DOM-TOM français constitue
une lentille grossissante permettant de mieux percevoir
les faiblesses structurelles qui handicapent les sociétés
européennes en général. C'est vrai
dans plusieurs sens. Mais là aussi pourraient
se dessiner les solutions qui vont bientôt s'imposer
à l'ensemble du monde.
*
Les
mauvais exemples donnés à l'Europe par
la France (suite). La chasse à l'administration.
01/03/2009
Dans cette rubrique inaugurée il y a maintenant
quelques mois, il faut ajouter un sujet particulièrement
préoccupant : il s'agit de la destruction qui
s'accélère de l'efficacité de l'administration
française.
Livres
* George Soros. la vérité sur la crise
financière
George Soros, président du Soros Fund Management
est un financier renommé et le fondateur d'un
réseau mondial d'oeuvres philanthopiques. Il
s'est fait connaître par ses succès dans
le monde de la Bourse et de la spéculation économique.
Il est aussi l'auteur de plusieurs livres sur l'économie
et la finance mondiale. Le dernier d'entre eux, présenté
ici s'intitule "La Vérité sur la
crise financière" Denoël, 2008 (...)
*
The
Vanishing Face of Gaïa. A Final Warning, par James
Lovelock
Nous pensons pouvoir affirmer que « The Vanishing
Face of Gaïa » est la plus importante contribution
parue à ce jour dans un domaine jusqu'ici en
proie aux polémiques et aux conflits d'intérêt.
Le livre offre une nouvelle compréhension scientifique
et philosophique de la Terre et de son avenir. Cet avenir
sera aussi celui de tout ce que notre planète
porte avec elle, espèce humaine comprise.
* MCR
appliquée à la climatologie
Le 4e Rapport du GIEC, établi en 2007 sur des
données de 2005 et antérieures, a été
reconnu comme bien trop optimiste par les experts du
GIEC réunis à Copenhague le 10 mars 2009.
Mais vu la lourdeur de l'Organisation, le prochain rapport
ne sera publié qu'en 2014. Nous suggérons
ici, pour accélérer et affiner les diagnostics.
de faire appel à une méthode importée
de la physique quantique et mise au point par Mme Mioara
Mugur-Schächter.
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