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Economie
Une
nouvelle réserve de gaz naturel, le « Shale
Gas »
par Jean-Paul Baquiast 13/10/2009

Les naïfs pouvaient penser qu'avec les efforts proclamés
de toutes parts pour limiter la production de gaz à
effet de serre, les producteurs de gaz et de pétrole
allaient ralentir leurs efforts de prospection. C'est évidemment
le contraire qui se produit. Partout dans le monde, les
forages en profondeur, les extractions de plus en plus polluantes
et coûteuses en énergie se multiplient, au
fur et à mesure que se rapproche la date estimée
du début de l'épuisement des gisements actuels.
De plus, de nouvelles sources, jusqu'ici peu connues du
grand public, sont mises en exploitation.C'est le cas, à
partir des Etats-Unis, pour ce qui concerne le « Shale
gas ».
On
sait que le gaz naturel est un mélange d'hydrocarbures
présent dans les roches poreuses sous forme gazeuse.
Il est extrait par simple forage. Mais ces premiers gisements,
bien que très abondants encore, ne suffisent pas
aux industriels. Ceci d'autant plus qu'ils ne se trouvent
pas toujours dans des régions où l'exploitation
puisse se faire sans se mettre sous la dépendance
politique du gouvernement attribuant des licences de forage
ou de transport.
Ce
n'est pas le cas de gisements non conventionnels, ou la
porosité, plus faible, ou encore la non perméabilité,
empêchait l'extraction rentable du gaz. Aujourd'hui,
grâce aux avancées technologique, il est désormais
possible d'extraire de façon efficace le gaz issus
des gisements actuels et ainsi, d'augmenter les réserves
de ce type d'hydrocarbure. On désigne communément
ce type de gaz par le nom de Shale Gas.
Les
Shale Gas sont des gisements de type non conventionnel qui
se présentent sous la forme d'accumulations continues
de gaz naturel réparties sur de larges volumes rocheux
s'étendant à une échelle régionale.
Le volume de roche est habituellement saturé en hydrocarbures
et le contact entre le gaz et l'eau n'est pas un paramètre
utile à la définition du gisement. Le gaz
exploité dans ce type de gisement est contenu dans
une séquence de roche à grains fins qui est
dominée par des Shales (variété de
schistes). L'origine du gaz peut être biogénique
(par l'action de bactéries) ou thermogénique.
Le gaz naturel est stocké dans la couche de roche
de deux façons: le gaz adsorbé et le gaz libre.
Le gaz adsorbé est fixé à la surface
des molécules de roche. Le gaz libre est contenu
dans la porosité de la matrice (couches de silt ou
de grès insérées dans le schiste) et
dans le réseau naturel de fractures.
Ces
schistes à porosité très faibles contiennent
de grandes quantités de gaz provenant de la décomposition
de matière organique par des bactéries. Ils
sont désormais exploitables grâce à
la technique de fracturation hydrosiliceuse, qui consiste
à envoyer du sable et de l'eau sous pression pour
fracturer la roche et libérer le gaz piégé
dans les pores. Cette technique est encore plus efficace
lorsque elle est associée à des forages horizontaux
allant chercher les réserves dans l'ensemble de la
couche et pas seulement à la verticale des puits.
C'est
aux Etats-Unis que les Shale Gas ont actuellement le plus
d'avenir. Si en effet en 1989 on comptait 47 puits de gaz
en gisement non conventionnels, on en compte aujourd'hui
prés de 6.200. Les experts prévoient qu'à
l'horizon 2020, 50% de la production américaine (actuelle
deuxième plus grosse production mondiale après
celle de la Russie) proviendront des Shale gas, contre 4%
actuellement.
Si
c'est en Amérique du Nord, USA et Canada, que l'augmentation
des productions de Shale Gas est la plus sensible, le mouvement
ne laisse pas les autres pays grands consommateurs indifférents,
car beaucoup d'entre eux disposent de réserves. Partout,
en Europe, en Asie et en Afrique du Nord, des prospecteurs,
notamment italiens et norvégiens, formés aux
méthodes des compagnies américaines installées
au Texas, Oklahoma et Pennsylvanie se sont mis au travail.
Perspectives
pour l'Europe
En
ce qui concerne l'Europe, des réserves non négligeables
semblent exister, bien que moins importantes que dans d'autres
parties du monde. Elles ne dépasseraient pas la moitié
des réserves américaines. Mais dans l'état
de pauvreté en ressources gazières caractérisant
actuellement l'Europe, les experts comptent sur le Shale
gaz pour réduire la dépendance à l'égard
du gaz naturel russe. La disponibilité du gaz sur
place réduira aussi les besoins en gazoducs et méthaniers.
Concernant
le reste du monde, une étude du cabinet IHS Cambridge
Energy Research Associates estime que le gaz récupérable
hors Amérique du Nord pourrait équivaloir
à 200 ans de la consommation actuelle des Etats-Unis,
et peut-être à 700 ans. Les compagnies américaines,
telles Exxon Mobil, Devon Energy, ConocoPhillips ont négocié
des accords minoritaires avec des compagnies locales afin
d'obtenir des licences d'exploitations sur de vastes territoires.
Total et ENI, pour leur part, semblent lentement s'intéresser
à ces nouvelles ressources, aussi bien aux Etats-Unis
que dans les pays émergents.
Tout
ceci ne réjouira pas les environnementalistes. Il
ne faut pas se dissimuler que si le gaz naturel est moins
polluant que le charbon, il contribue cependant à
la production de CO2, contrairement aux sources renouvelables.
De plus, fournissant une énergie relativement bon
marché, il n'incite pas à la diminution globale
des consommations et contribue donc au réchauffement
climatique. L'importance des gisements et l'abondance de
gaz que leur exploitation va créer engendreront nécessairement
un retour vers l'énergie ''sale'' au détriment
des énergies dites propres.