Nous publions
sur un autre site cet article qui signale une troublante
(mais sans doute fortuite) convergence. Ces informations
sont extraites d'un article de Wired
http://www.wired.com/dangerroom/2009/10/exclusive-us-spies-buy-stake-in-twitter-blog-monitoring-firm/
Tous
espionnés, tous fichés
Les
agences américaines de renseignement veulent
se donner des moyens plus puissants qu'actuellement
pour espionner les sites, les blogs, les emails et
les messages Twitter, ainsi que les livres et autres
documents commandés aux éditeurs en
ligne.
A
cette fin, le fonds de financement de la CIA In-Q-Tel
vient de mettre des capitaux dans la firme Visible
Technologies, qui s'est spécialisée
dans la surveillance des réseaux sociaux et
du web 2.0. Il s'agit d'informations classées
dans la catégorie de l' open source intelligence.
Ce terme désigne des informations pouvant être
«sensibles» librement accessibles sur
le web mais cachées en fait sous l'avalanche
des textes et images dorénavant générés
par des centaines de millions d'internautes.
La
firme Visible Tech. explore actuellement 500.000 sites
du web 2.0 par jour, auxquels elle ajoute plus d'un
million de messages et de conversations provenant
des blogs, forums en ligne, Flickr, YouTube, Twitter
et Amazon. Pour le moment elle ne s'intéresse
pas (en principe) aux réseaux sociaux fermés,
tels que Facebook ou Meetic.
Les
abonnés aux services de Visible Tech reçoivent
en temps réel des résumés synthétiques
de ce que contiennent ces sources, obtenus à
partir d'une série de mots-clefs. C'est la
première phase de la démarche, résumée
ainsi par le patron de la firme : Get in and monitor.
Mais les phases ultérieures consistent à
évaluer chaque message, en les classant dans
des catégories telles que positif, négative
ou neutre, au regard d'un certain nombre de critères
choisis par la compagnie ou demandés par les
clients. Il s'agit en particulier de déterminer
l'influence que peut avoir un message ou un auteur.
Pour
In-Q-Tel, il s'agira de déterminer les tendances
s'exprimant sur les réseaux sociaux à
l'étranger, et prévenir les services
des enjeux et des influences s'y exerçant,
afin de mieux pouvoir surveiller les sources.
Bien
évidemment, l'espionnage pourra aussi s'exercer
aux Etats-Unis même. Il ne s'agira que de l'extension
« politique » de pratiques déjà
abondamment utilisées par des firmes comme
Dell, AT&T, Verizon et Microsoft pour apprécier
leur impact auprès des clients et acheteurs
éventuels.
La
Federation of American Scientists” souligne
en s'en inquiétant que ces pratiques peuvent
être utilisées et leurs résultats
revendus au profit de particuliers, organisations
politiques, églises et sectes. Pour la Fédération,
elles devraient être interdites, même
si les données sont juridiquement à
la disposition de tous sur le web.
Dans
les Etats européens, rien n'empêchera
évidemment les gouvernements, services de renseignements,
entreprises et particuliers de s'adresser à
Visible Tech. ou aux entreprises qui pratiquent déjà
ou pratiqueront ce genre d'espionnage. On ne voit
pas exactement sur quelles bases juridiques interdire
de telles pratiques. A supposer que des interdictions
soient établies, elles pourront facilement
être tournées.
Faut-il
verser dans la paranoïa et en conclure que les
entreprises et les particuliers souhaitant échapper
aux investigations devront en revenir aux services
postaux traditionnels (voire) ? Il ne suffira pas
en effet pour être tranquille de s'obliger à
ne plus parler que de la pluie et du beau temps sur
le web. Aux yeux des inévitables Big Brothers
qui vont proliférer, de tels propos eux-mêmes,
convenablement manipulés, peuvent suffire à
faire de chacun un suspect. Le malheureux sera ensuite
classé dans des fichiers ad hoc, ce qui permettra
aux pouvoirs de s'assurer à l'avance de sa
servilité.
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