Retour
au sommaire
Automates
Intelligents s'enrichit du logiciel
Alexandria.
Double-cliquez sur chaque mot de cette page et s'afficheront
alors définitions, synonymes et expressions
constituées de ce mot. Une fenêtre déroulante
permet aussi d'accéder à la définition
du mot dans une autre langue (22 langues sont disponibles,
dont le Japonais). |
Economie
Dollar versus Euro par
Jean-Paul Baquiast 13/10/2009
La
dépréciation continue du dollar, avec celle
du yuan chinois qui lui est associée, met une fois
de plus l'Europe et ses exportations facturées en
dollars dans une situation calamiteuse. Tous les industriels
européens le disent. Ils menacent périodiquement
de délocaliser plus encore leurs productions dans
la zone dollar. Mais ces dangers majeurs pour l'économie
européenne ne semblent inquiéter ni les gouvernements
ni la Banque centrale européenne.
Faudra-t-il
attendre le salut d'un effondrement du dollar en tant que
monnaie de réserve. On en parle régulièrement,
mais on ne voit rien venir. Ceci parce que les détenteurs
d'épargnes en dollars ne se sont pas encore mis d'accord
sur une solution susceptible de sauver leurs placements.
Le montant des bons du Trésor américains achetés
par la Chine sont anxieusement étudiés et
analysés mensuellement par les investisseurs, les
spéculateurs mais également par des Etats
et organisations autour du monde qui, ne souhaitant pas
encore se désengager complètement du dollar,
craignent cependant d'y être restés investis
au cas où la Chine s'en retirerait. Celle-ci, pour
sa part, bien que plaidant de plus en plus ouvertement pour
une autre devise de réserve mondiale voire pour un
panier de devises qui remplacerait le dollar, connaît
trop bien les marchés pour y dévoiler ses
intentions quant à une réduction prochaine,
et en quelles quantités, de ses immenses réserves
libellées en dollars.
Mais
il n'y a pas que les épargnants chinois à
prendre en compte. On estime que divers intérêts,
privés ou étatiques, dans des pays comme Abu
Dhabi, l'Arabie Saoudite, le Kuwait et le Qatar détiennent
environ 2.000 milliards de dollars. Que se passerait-il
s'ils décidaient de diminuer leurs réserves,
d'un mouvement concerté ou en catastrophe ? En effet,
une dépréciation soudaine - pour l'instant
bien contenue - du dollar ne serait pas tant le fait de
Banques Centrales soucieuses de diversification que d'organismes
privés susceptibles de décisions spéculatives
inopinées.
Il
est indéniable que le monde entier, surchargé
de dollars, est conscient de la perte progressive et maintenant
inéluctable du statut de celui-ci. Déficits
publics massifs qui atteindront prochainement 100 % du P.I.B.,
liquidités généreusement offertes aux
banques aux frais du contribuable, Réserve Fédérale
Américaine dont la planche à billets fonctionne
sans interruption sont autant de facteurs qui préludent
à un abandon massif du dollar, lequel est aujourd'hui
la première devise d'emprunt au monde grâce
à ses taux zéro. Une tempête révélatrice
de l'état d'esprit ambiant avait du reste été
déclenchée la semaine dernière par
le journaliste Robert Fisk selon lequel les pays producteurs
arabes de pétrole auraient convenu avec la Chine,
le Japon et la France de libeller dans neuf ans le commerce
de brut en un panier de devises incluant le Yuan, le Yen,
l'Euro et à hauteur de 50% d'or. La France pour sa
part a démenti toute participation à ces discussions.
Mais...
Il
est vrai cependant qu'une décision majeure avait
été adoptée lors du précédent
G 20 de Pittsburgh : l'émission de Droits de Tirage
Spéciaux (DTS) par le F.M.I. pour un montant de 250
milliards de dollars. Ces droits permettent de consentir
des prêts aux pays en difficulté le souhaitant.
Or ils sont constitués d'un panier de devises et
non de dollars. Comment ne pas y voir un début d'abandon
du dollar comme étalon monétaire ? Joseph
Stiglitz aurait d'ailleurs récemment affirmé
que les DTS remplaceraient le billet vert comme première
monnaie de réserve au monde dans moins d'un an ?
Précédemment,
la Chine avait proposé la création d'une référence
autre que les DTS. Elle serait indexée sur une trentaine
de matières premières dont l'or, un peu à
l'image du "Bancor" imaginé en 1944 par
Keynes et dont l'objectif était de stabiliser les
échanges internationaux en gardant une certaine maîtrise
sur les prix des matières premières...L'objectif
était, selon les termes du président de la
Banque Centrale Chinoise, de créer une monnaie de
réserve déconnectée des nations et
stable sur le long terme en supprimant les déficiences
inhérentes à la création de crédit
susceptible d'affecter individuellement les monnaies nationales.
Ce
projet a été mis en sommeil, mais beaucoup
de pays semblent souhaiter que la question soit reprise
à l'occasion d'un futur G20 (ou G +) consacré
exclusivement aux questions de change. Si l'Europe osait
affirmer son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis,
elle devrait nécessairement relancer cette idée.
Il pourrait en résulter une dévaluation bienvenue
de l'euro par rapport au dollar et au yuan, qui permettrait
aux exportations européennes de reconquérir
des marchés. Nous pensons, contrairement aux craintes
de la BCE relatives à un enchérissement des
importations européennes et à un risque d'inflation,
qu'une telle opération galvaniserait les économies
européennes. Mais un ralliement de l'Europe à
cette thèse serait nécessairement perçu
comme une déclaration de guerre par les Etats-Unis.
Il faut pourtant savoir ce que l'on veut.
Pour
en savoir plus
Un de nos lecteurs, Joseph Leddet,
nous écrit (14/10/2009)
Je commence pour ma part à m’interroger sur
la possibilité de glissement d’un marché
directeur des changes (dollar/euro/yen), soit 75 % de la
masse monétaire mondiale, vers un marché des
changes (dollar/euro/yon), où le yon –nouvellement
créé- serait un mix, une fusion entre yuan
et yen, couvrant à terme l’ensemble de l’Asie
(Inde comprise).
Cela
pose toutefois un double problème, politique et financier,
dans la mesure où :
1/ le Japon insulaire est en pire face à la Chine
ce qu’est le Royaume-Uni face à l’Europe
continentale ( i.e. des ennemis intimes), d’où
une aversion de base à mélanger leurs monnaies
(cf. maintien actuel sine qua non de la livre face à
l’euro) ; la création du yon risque ainsi de
ne pas être un long fleuve tranquille ;
2/ comme nouvelle devise, le yon devrait faire ses preuves
dans la redoutable arène du marché des changes,
ce qui n’est a priori pas évident (cf. exécution
du rouble, récemment libéralisé, par
le marché en 2008…) ; mais ce point me semble
moins crucial que le précédent, compte tenu
des sous-jacents concernés (cf. poids économique
considérable de l’Asie dans le PIB mondial).