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Editorial
L’Europe
doit s’intéresser à l’avenir
de l’ISS
par
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin
21/11/2008
|
Tous
les arguments sont bons pour les détracteurs des
programmes spatiaux. C’est le cas de ceux prétendant
que la Station spatiale internationale (ISS) a été
une réalisation inutile et qu’elle n’a
plus d’avenir. On peut répondre au contraire
qu’elle a permis à la Nasa et aux agences (dont
l’Esa) qui y ont coopéré d’acquérir
une expérience humaine et technique irremplaçable.
A terme, l’ISS servira nécessairement, non
seulement en tant que telle, mais comme relais dans les
missions lunaires et martiennes. Il serait donc important
que l’Europe ne se désintéresse pas
de son avenir. Pour cela, dans l’immédiat,
l’Esa devrait transformer son module de transfert
ATV afin d’en faire une capsule habitable, aussi bien
pour l’aller que pour le retour.
Mission Endeavour de novembre
2011
Deux astronautes de la navette spatiale américaine
Endeavour ont bouclé avec succès le 20 novembre
la 2e de quatre sorties orbitales de la mission pour effectuer
des réparations et des tâches d'entretien sur
la Station spatiale internationale (ISS). L'ISS fête
ce même jour le 10e anniversaire de sa mise en chantier.
"La sortie orbitale s'est officiellement achevée
à 18h43 heures locales" à Houston (Texas,
sud), 00h43 GMT vendredi, selon la chaîne de télévision
de la Nasa qui retransmet en direct les images. Les deux
astronautes Heidemarie Stefanyshyn-Piper et Shane Kimbrough
ont verrouillé le sas de la chambre de décompression
de l'ISS, mettant fin à une marche dans l'espace
de 6 heures et 45 minutes. Ils ont procédé
à diverses tâches de maintenance : lubrifier
la "main" du bras robotisé de la Station
(Canadarm2 fourni par le Canada) et dégripper le
mécanisme de rotation d'une des trois doubles-antennes
solaires (Solar Alpha Rotary Joint" ou SARJ). La mission
a par ailleurs permis de réapprovisionner l’ISS
et d’aménager ses modules intérieurs
dans la perspective de doubler la capacité d’accueil
de la station.
Cette deuxième sortie orbitale est la 116e exécutée
par des astronautes depuis 2000 pour assembler les éléments
formant l'ISS. La Station a commencé à être
assemblée grâce la mise en orbite du premier
module laboratoire russe Zarya (aube) le 20 novembre 1998
par le lanceur russe Proton.
La Nasa prévoit encore huit vols de navette pour
achever l'ISS d'ici 2010 ainsi qu'une neuvième mission
de réparation et d'entretien du télescope
spatial Hubble en mai 2009. L'ISS, dont le coût total
est estimé à 100 milliards de dollars, financé
en grande partie par les Etats-Unis, a été
occupée en permanence depuis novembre 2000 par des
équipages conjoints russe et américain qui
se relaient tous les quatre à six mois. Ils y ont
beaucoup appris.
Or tout ceci laisse penser que l’ISS est essentiellement
une réalisation américaine. Ce n’est
pas faux, dans la mesure où elle n’aurait pas
vu le jour sans les ambitions spatiales de l’administration
fédérale relayées par la Nasa. Elle
devrait encore jouer un rôle important comme base
arrière dans les projets d’exploration lunaire
et martienne de celle-ci.
Une contribution européenne
déjà importante
Mais les Européens ne devraient pas oublier qu’ils
ont contribué pour une large part aux équipements
de l’actuelle ISS. Le principal composant européen
de la navette est le laboratoire Colombus, prévu
pour travailler pendant 10 ans dans le domaine de la dynamique
des fluides, la biologie et la mécanique hors gravité.
Par ailleurs les différents modules sont interconnectés
par des nœuds et docks fournis par l’Esa. De
plus, l’année prochaine, le module d’observation
Cupola de l’Esa sera ajouté à l’ensemble
et permettra d’observer la Terre dans des conditions
améliorées. En 2009 enfin sera ajouté
un Bras robotisé européen destiné à
manoeuvrer avec une extrême précision des pièces
d’équipement importantes.
Ceci dit, l’Europe pourrait faire beaucoup plus et
prendre le relais des Américains et des Russes dans
la tâche indispensable de fournir un véhicule
de liaison avec la Terre. On sait que la Nasa envisage (à
ce jour tout au moins) d’abandonner les missions de
Navette et qu’elle n’a pas de vecteur de substitution
avant la mise au point en 2014 de la capsule Orion. Par
ailleurs la capsule russe Soyouz, bien qu’encore fiable
et économique, offerte à la location, sera
de moins en moins jugée attrayante. Des coopérations
un moment envisagées entre l’Europe, la Russie
voire la Chine ne semblent pas susceptibles d’aboutir
en temps faute (pour le moment) de véritable volonté
politique.
Or l’Europe dispose d’un instrument qui a déjà
fait ses preuves en tant que porteur de fret. Il s’agit
de l’ATV ou Véhicule de Transfert Automatique.
Nous avions relaté sa première mission réussie
en avril 2008. Il avait livré 8 tonnes de matériel
sur la Station, au terme d’une procédure d’approche
et d’amarrage entièrement automatisée.
Il s’agit de l’engin spatial le plus sophistiqué
jamais réalisé, ce que l’on ignore généralement.
Aménagé en module habitable et propulsé
par une Ariane 5 à partir de Kourou, il pourrait
aisément mettre 3 hommes à bord de l’ISS.
Le délicat problème de la rentrée devrait
pouvoir être résolu sans difficultés
par la mise au point d’un bouclier et de modules d’atterrissage.
Décision à prendre
concernant l’ATV
Ceci pourrait être mis au point, soit pas l’Europe
seule, soit en coopération avec la Russie et/ou la
Nasa. Encore faudrait-il que les gouvernements européens
en décident. On peut craindre qu’ils ne prennent
prétexte de la crise pour renoncer à ce projet
et plus généralement à mettre des cosmonautes
européens en orbite. Ceci serait lamentable, alors
que cette même crise devrait au contraire servir de
prétexte au financement de nouveaux investissements
d’avenir.
Que l’on ne dise pas que l’espace ne fait pas
partie de tels investissements, y compris en ce qui concerne
des missions humaines à bord de l’ISS. Il suffit
de voir l’enthousiasme provoqué en Chine par
la première sortie d’un taïkonaute dans
l’espace à partir du vaisseau Shenzhou. De
même le succès obtenu ces jours-ci par l’Inde
a provoqué une vague d’encouragements dans
ce pays. L’orbiteur Chandrayaan-1 relève d’une
mission pilotée par l'ISRO (Indian Space Research
Organization). Il restera en orbite autour de la Lune durant
deux ans pour tester les capacités technologiques
de l'Inde dans l'espace et pour rapporter des informations
scientifiques concernant la surface lunaire. Son lancement
s'est effectué avec succès le 22 octobre 2008
avec le lanceur également indien PSLV (Polar Satellite
Launch Vehicle), et ce depuis le Centre Spatial Satish Dhawan
situé sur la côte est de l'Inde. Chandrayaan-1
s'est placé en orbite lunaire le 8 novembre 2008.
Un impacteur lunaire d’exploration a été
par ailleurs lancé avec succès.
Que fait l’Europe pendant ce temps ? On sait que les
Ministres chargés des affaires spatiales au sein
des 18 Etats membres de l'ESA (dont le Canada) se réuniront
les 25 et 26 novembre à La Haye (Pays-Bas) pour mettre
en œuvre la Politique spatiale européenne, lancer
de nouveaux programmes et adopter des décisions sur
les prochaines phases des programmes en cours. Les programmes
mis à l’étude sont ambitieux, mais nous
estimons que les budgets nécessaires ne sont pas
à la hauteur.
C’est ainsi que, faute de crédit, l’objectif
affiché par les documents préparatoires concernant
l’ATV et l’ISS (nous citons :
lancer la définition d'un nouveau système
de transport dérivé de l'ATV offrant des capacités
de retour de fret, une décision sur l'engagement
des travaux de développement devant être prise
au plus tard lors de la prochaine session du Conseil au
niveau ministériel, prévue en 2011)
est à la fois trop modeste et trop tardif. Il ne
faudrait pas se limiter au retour de fret mais permettre
l’aller et retour de personnels. Par ailleurs, attendre
de premiers engagements en 2011 repousse quasi sine die
la réalisation d’une capsule européenne.
Les Américains, Russes, Chinois et Indiens n’auront
pas eux attendu les Européens.
Pour en savoir plus
Politique spatiale européenne. Programmes soumis
à la réunion de La Haye les 25 et 26 novembre
2008;
http://www.esa.int/esaCP/SEM25Y4DHNF_France_0.html