Nous
proposons ici une rubrique destinées à
publier des informations brèves suivant
de près l'actualité. Nous leur donnerons
une tonalité politique (politique industrielle,
politique scientifique, intelligence économique)
qu'il n'est toujours pas possible d'imposer à
toutes les autres rubriques de la revue. La page
Infoxpress ne remplacera pas la page ACTUALITES
|
Croire
au Diable n'est pas plus scientifique que croire en Dieu
On
peut s'étonner de voir Le Monde 2 proposer sans
aucun recul des extraits du nouveau roman de Norman Mailer,
consacré à l'enfance d'Hitler "Un château
en forêt". L'auteur, bien que faisant appel
à des détails biographiques apparemment
sérieux, pervertit son analyse en introduisant
un envoyé de Satan qui guiderait le jeune Adolf
dans la voie satanique, afin d'en faire le Mal incarné.
C'est une offense grave aux historiens que prétendre
expliquer des phénomènes relevant de la
psychologie et de la sociologie par l'intervention du
Diable. Si Mailer avait fait appel au doigt de Dieu pour
justifier la chute finale de Hitler, tout le monde se
serait moqué. Mais là, apparemment, les
critiques, impressionnés se taisent. Satan serait-il
plus crédible que Dieu? Norman Mailer est bien
américain en cela. Pour lui l'explication du monde
ne se conçoit pas sans appel au surnaturel.
Bioéthique
ou biorégression
Une expérience récente faite sur la souris
a montré que seules des cellules-souches embryonnaires
pouvaient réparer un muscle cardiaque en partie
détruit par un infarctus. Tout permet de penser
que l’opération serait transposable chez
l’homme. En tout cas, il faudrait pouvoir un jour
essayer. On voit les espoirs que de telles interventions
pourraient donner à des malades condamnés
à l’immobilité suite à une
atteinte cardiaque étendue. Rappelons qu'au contraire
des cellules-souches embryonnaires, les cellules-souches
non embryonnaires ne manifestent que des facultés
d'adaptation et de regénérescence très
limitées.
Malheureusement,
cette perspective, qui devrait faire l’objet d’un
intérêt unanime en Europe, reste du domaine
de l’impossible du fait de la radicalisation progressive
de l’Eglise catholique concernant tout ce qui touche
à l’embryon, fut-il constitué de quelques
cellules seulement. Cette position lui est propre et ne
se retrouve pas dans les autres religions. Un certain
nombre de gouvernements européens ont cependant
intériorisé les interdits du Vatican et
prohibé, notamment, les recherches sur les cellules-souches
embryonnaires. Seule la Grande Bretagne fait montre à
cet égard du minimum d’ouverture permettant
à la recherche scientifique de s’exercer
normalement.
Les
biologistes européens s’impatientent de plus
en plus. Certains d’entre eux viennent de demander
aux législateurs allemands et italiens de revenir
sur les interdictions en vigueur dans ces deux pays concernant
les recherches sur l’embryon humain. Quant à
la France, le précédent gouvernement avait
promis que cette question, parmi d’autres, serait
soumise à des Etats Généraux de la
bioéthique qui devaient se tenir à la rentrée.
Ces débats devaient précéder la révision
de la loi de bioéthique prévue pour 2009
et être conduits sous l’autorité de
l’Agence de la biomédecine. Mais aujourd’hui,
à la consternation de la très grande majorité
des professionnels, la ministre de la santé et
des sports refuse d’honorer cette promesse.
En
bonne logique européenne, ces questions devraient
être discutées et réglementées
de la même façon dans l’ensemble de
l’Europe. La maladie n’y a pas de frontières.
Les soins ne devraient pas en avoir non plus. De plus,
il est anormal que les athées et agnostiques soient
pénalisés du fait de croyances qu’ils
ne partagent pas. S’il est sans doute encore impossible
d’obtenir un consensus minimum sur les questions
de bioéthique dans l’Europe des 27, il serait
au moins souhaitable que les grands Etats européens,
disposant de potentiels de recherche importants, puissent
s’accorder après discussion sur des protocoles
dont l’importance en termes scientifiques et thérapeutiques
se révèle chaque jour davantage.
Les
bombardiers stratégiques russes
Pour
rester dans le domaine de l'aviation militaire, nous pouvons
noter la mini-gesticulation qu'a entreprise le président
Poutine en relançant les patrouilles intercontinentales
du vieux cheval de retour dont dispose encore l'aviation
russe, le bombardier stratégique Tupolev TU 95
dit aussi Bear. Les âmes sensibles se sont peut-être
émues, du moins en Europe de l’Est. Mais
c’est oublier que depuis des mois les Etats-Unis
multiplient les provocations militaires à l’égard
de la Russie. Ils sont bien soutenus en cela par la Grande
Bretagne. La dernière (ou avant dernière)
de ces provocations a consisté à refuser
l’offre russe d’implanter sur une base sous
influence russe les radars américains du futur
système anti-missiles balistiques qui sera déployé
en Europe. Le prétexte qui laisse beaucoup d’experts
dubitatifs était que cette base était trop
proche de l’Iran.
Certes le Bear peut encore emporter des missiles nucléaires,
mais pourquoi suspecter aujourd’hui les Russes de
vouloir utiliser de telles armes alors que les pays occidentaux
n’ont pas besoin de bombardiers pour délivrer
des charges nucléaires où ils veulent. Il
semble que les Etats-Unis et leurs amis anglais soient
animés de la volonté tenace de rendre impossible
toute coopération avec la Russie. Si la France
voulait faire entendre une voix différente et plus
raisonnable à ce sujet, ce serait peut-être
le moment d’envoyer à Moscou M. Kouchner.
Mais à la réflexion, un autre émissaire
serait peut-être préférable. 22/08/09
Les
avions ravitailleurs de l'US Air Force
Philippe Grasset, 22/08/09
Des
raisons techniques et budgétaires sont évoquées
pour justifier le rejet de l'offre EADS Northrop Grumman
dans l'acquisition d'avions ravitailleurs pour l'armée
de l'air américaine (USAF). Mais les commentaires
de la presse américaine montrent bien qu'il s'agit
essentiellement d'une mesure inspirée par le patriotisme
industriel . Vous dites « patriotisme industriel
» ? Je croyais que ce mot était indécent,
à l'heure du libéralisme triomphant.
Un formidable
contrat de l'USAF est actuellement en compétition
entre l'Europe et les USA : autour de $100 milliards sur
10 ans pour une flotte de ravitailleurs en vol. D'un côté,
le KC-767 de Boeing, de l'autre le KC-30 de Airbus (EADS),
qui a fait alliance avec aux USA (les deux avions sont
des adaptations militaires de deux modèles civils
de Boeing et d'Airbus). Les Européens espèrent
faire une percée sur le marché militaire
américain mais divers signes montrent que leurs
espérances s'apparentent de plus en plus à
des illusions.
• Un
premier point est la décision de l'USAF, au début
du mois, d'écarter toute formule de partage du
marché entre Boeing et EADS/ Northrop-Grumman.
Cette formule, lancée par les parlementaires des
Etats où Northrop-Grumman a de l'influence, était
évidemment la plus sûre formule pour que
les Européens obtiennent un contrat de l'USAF.
Elle représentait un cadeau fait par le Pentagone
à la représentation parlementaire favorable
à Northrop-Grumman. La formule a été
jugée trop coûteuse par une USAF qui affronte
une crise budgétaire majeure.
• Au-delà
de cet argument, toutes les indications montrent que les
Européens n'ont guère de chances face à
Boeing. Celui-ci joue à fond la carte patriotique
et protectionniste. Il obtient tous les soutiens patriotiques
nécessaires. De plus il avance que ce contrat est
vital pour la survie de sa division militaire dans la
décennie qui vient, ce qui est un argument toujours
efficace. Boeing vient d'organiser un déplacement
sponsorisé de journalistes influents pour promouvoir
son offre. Un certain Godfarb, du Weekly Standard, invite,
avait déjà fait valoir son point de vue
: « “Airbus is a European company, and worse,
it's closely connected to the French government The folks
in Congress can find a way to award the contract to Boeing
without the appearance of any impropriety. But how could
they explain sending our tax dollars to France?”
.Une traduction est-elle nécessaire?
Une non-décision
pourrait être prise, consistant en un report du
contrat jusqu'à ce que les industriels américains
proposent de nouvelles générations de ravitailleurs
entièrement automatisés. Les avions actuels
seraient en effet encore opérationnels à
90%. Ceci étant, une défaite du KC-30 (ou
un report de la décision, ce qui revient au même
pour le KC-30) dans cette affaire serait un rude coup
pour la fraction allemande (de tendance transatlantique)
de EADS, représentée par l'Allemand Enders
(nouveau patron d'Airbus) contre le Français Gallois
(nouveau patron d'EADS). Un renforcement de plus de l'influence
française dans EADS devrait en résulter.
Les notes :
* Lire l'article complet de Philippe
Grasset, avec ses références
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=4342
Chrysomèle
du maïs, maïs transgénique et désinformation
Notre
ami Michel Naud, président de l'association francaise
pour l'information scientifique, dont nous constatons
régulièrement le rôle utile pour purger
les communications scientifiques de diverses atteintes
idéologiques, religieuses ou commerciales, nous
communique un échange qui l'oppose au journal Futura-Sciences.
En bref, celui-ci reprend à mots plus ou moins
couverts une accusation faite au maïs trangénique
Monsanto MON863, utilisé aux Etats-Unis pour lutter
contre la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica
virgifera). Des bruits apparemment non fondés
ont circulé dans les milieux anti-OGM, selon lesquels
des rats nourris de ce maïs présenteraient
des malformations anatomiques. Ces accusations font suite
aux insinuations selon lesquelles la chrysomèle
des racines du maïs aurait été introduite
ou réintroduite en Enrope par des agents de Monsanto,
afin de faciliter la vente de la variété
protégée MON863. Nous n'avons pas de sympathie
particulière pour Monsanto, mais il nous parait
particulièrement dangereux, sous prétexte
de lutter contre les OGM, de monter de faux procès
qui ne visent qu'à une chose, favoriser le rôle
politique des militants anti-OGM et des écologistes
qui les défendent - tout en déconsidérant
les scientifiques qui essayent d'y voir clair sans être
nécessairement soudoyés par les industriels.
Le
lecteur se fera une idée de la question en consultant
l'article
de Futura-Sciences et celui de l'Afis
. Michel Naud demande à Futura-Sciences de rectifier
son information. Nous noterons pour notre part que si
Futura-Sciences s'inscrit sans hésiter dans la
lutte contre les OGM, il n'hésite pas à
publier de nombreuses publicités pour les solutions
(chimiques) permettant le "traitement" des plantes.
On suppose que les rats, non plus que les humains, n'apprécient
particulièrement les produits correspondants; 18/08/07
Compromis
Washington/New-Delhi sur le nucléaire
Les Etats-Unis et l'Inde ont signé un compromis
sur la mise en oeuvre de l'accord de coopération
nucléaire annoncé en juillet 2005 par le
président américain, George Bush, et le
premier ministre indien, Manmohan Singh. Cette coopération
était présentée comme ouvrant la
voie à un partenariat stratégique jugé
de la plus haute importance par Washington. L’Inde
avait craint un moment que le Congrès ne ratifie
pas ce projet, mais il l’a fait en décembre
2006. Demeurait la question de savoir si New Delhi conservait
la possibilité de retraiter le combustible usagé
et de procéder à d'éventuels essais
nucléaires.
L’accord n’est pas connu. On sait que les
Etats-Unis ont accepté l'exception indienne. Alors
qu'ils n'autorisent que les alliés les plus proches
(Japon, Union européenne) à retraiter l'uranium,
ils ont accepté de donner les mêmes droits
à l'Inde. En échange, New Delhi devra construire
de nouvelles installations à cet effet, qui devront
être soumises au contrôle de l'Agence internationale
pour l'énergie atomique. En ce qui concerne les
éventuels essais nucléaires - pour lesquels
New Delhi observe un moratoire unilatéral -, les
deux parties sont restées dans le flou. L'Inde,
qui s'inquiétait de perdre sa source d'approvisionnement
en cas d'essai nucléaire, pourra disposer d'une
réserve stratégique de combustible et d'un
accès garanti par les Etats-Unis au marché
international. L'accord ne pourra entrer en vigueur que
lorsque l'Inde aura négocié les conditions
de vérification par l'AIEA. Le Congrès devra
réexaminer l'accord.
On constate que les Etats-Unis sont prêts à
de grandes concessions dans le domaine nucléaire
quand ils s’adressent à l’Inde. Pour
eux, il est essentiel d’en faire un « partenaire
privilégié », notamment vis-à-vis
du Pakistan. Ils comptent aussi vendre des matériels
militaires nombreux à l’Inde, comme ils l’ont
déjà annoncé.
Cela veut-il dire que l’Inde entrera définitivement
dans la sphère d’influence américaine
? La chose parait peu probable, compte-tenu des ambitions
à l’autonomie politique et économique
de ce pays à l’égard du reste du monde.
Les Etats-Unis sont trop imprévisibles aujourd’hui
pour devenir des partenaires à suivre les yeux
fermés. L’Europe en tous cas devrait rappeler,
si besoin était, et pas seulement par la voix de
la Grande Bretagne, qu’elle compte aussi développer
un partenariat avec l’Inde, notamment dans les technologies
de défense de l’environnement et de la santé.
Elle ne devrait pas non plus renoncer à une coopération
dans le nucléaire. Les Américains estiment
en effet que la coopération nucléaire avec
l'Inde pourrait générer des contrats allant
jusqu'à 100 milliards de dollars pour l'industrie
américaine et créer 27.000 emplois chaque
année pendant dix ans. 08/08/07
Accord
Areva-Niger
Le
Niger est le 4e producteur mondial d’uranium, après
le Canada, l’Australie, le Kazakhstan et la Russie.
La demande ne cessera d’augmenter dans les prochaines
années, suite au nouvel engouement qui s’exprime
pour les centrales électro-nucléaires. La
firme française Areva, un des premiers industriels
en ce domaine, se doit donc d’assurer ses approvisionnements
en combustible, si possible par des contrats à
long terme garantis au plan diplomatique. Mais elle doit
admettre que le temps n’est plus où elle
était presque seule sur ce marché et pouvait
dicter ses conditions aux Etats miniers.
Après diverses péripéties, qui pouvaient
faire craindre une rupture entre les deux parties, Areva
et le gouvernement du Niger se sont mis d’accord,
par un document signé le 1er août, sur de
nouveaux termes pour l’exploitation des mines de
Cominak et de Somaïr, situées près
d’Arlit, dans le massif de l’Aïr (photo
ci-contre). Le prix de vente sera plus élevé
et Areva perdra le monopole de l’achat du minerai.
Le Niger va certainement diversifier ses partenaires.
De nombreux pays, dont la Chine, prospectent de plus en
plus dans la région et font le siège de
Niamey.
Il s’agit d’une évolution tout à
fait normale, que l’intérêt comme la
morale conseillent d’encourager. Un pays comme la
France ne doit pas donner l’exemple, ni en Europe
ni dans le monde, d’une exploitation sans scrupules
des pays producteurs de matières premières.
Areva pour sa part devra améliorer les conditions
d’exploitation sur les sites et fournir au Niger
des services associés. Mais cela ne l’empêchera
pas de procéder ailleurs à d’autres
acquisitions, comme le rachat qui vient d’être
annoncé, pour 2,5 milliards de dollars, du groupe
canadien Uramin et de ses gisements en Afrique.
Plus généralement, comme l’uranium-minerai
sera de plus en plus une denrée rare, l’une
des solutions d’avenir demeure la surgénération.
Abandonnée par la France (à tort pensons-nous)
suite aux difficultés de Superphoenix, elle redeviendra
possible dans de meilleurs conditions avec les futures
centrales de 4e génération.
Appel
de James Hansen concernant la remontée du niveau
des mers
James
Hansen est chef du Goddard Institute for Space Studies
de la NASA. Il s’est déjà fait connaître
par des publications à contre-courant du discours
politique américain concernant les risques du réchauffement
climatique et le rôle des activités humaines
dans celui-ci. Sa carrière en a certainement souffert,
bien que sa notoriété interdise que l’on
prenne contre lui de sanctions trop évidentes.
Nous avons plusieurs fois cité ses déclarations.
Aujourd’hui,
dans un article édité par le nouveau Journal
en Libre Accès Environmental Research Letters,
(journal que nous conseillons à nos lecteurs d’inscrire
dans leurs favoris) et repris par le NewScientist du 28
juillet 2007, p. 32, il dénonce une « réticence
scientifique » pesant sur beaucoup de ses collègues.
Ceux-ci n'osent pas faire connaître ceux de leurs
travaux relatifs à une prochaine montée
du niveau des mers pouvant atteindre plusieurs mètres.
Ils craignent des rétorsions de ceux qui militent
pour le "business as usual". Pourtant,
les conséquences de ce phénomène
seraient si catastrophiques pour les zones côtières
du globe, les plus habitées et les plus actives
économiquement, qu'il faudrait au contraire alerter
l'opinion. Tous les pays seraient touchés, y compris
les pays riches. De grands travaux protecteurs mobiliseraient
des crédits considérables.
La
seule façon d’éviter que ceci ne se
produise – et peut-être est-il d’ailleurs
trop tard – serait de limiter sévèrement
la production de gaz à effet de serre, afin que
la température globale d’ici la fin du siècle
ne dépasse pas 1°. James Hansen appelle, au-delà
du discours politiquement contraint du GIEC ou Panel
on Climate Change, à un regroupement des scientifiques
décidés à faire connaître publiquement
les causes et les conséquences de cette montée
du niveau des mers. Ceci de toute urgence car le phénomène
parait susceptible de s’emballer de façon
incontrôlable compte tenu de nombreux effets rétroactifs
encore mal connus. (image: La Floride après
une hausse de 5 m. du niveau océanique. En rouge
les parties submergées).
* ERL http://www.iop.org/EJ/journal/erl
* Article et références
http://www.iop.org/EJ/article/1748-9326/2/2/024002/erl7_2_024002.html
Les
riches détruisent les richesses du monde
Dans
une lettre publié par la revue scientifique britannique
NewScientist du 28 juillet 2007, Victoria Hurth de la
Business School de l’université d’Exeter
et Peter Welles de l’Université de Cardiff,
attirent l’attention sur une question qui devrait
devenir majeure pour nos civilisations confrontées
à la majeure crise environnementale et économique
qui s’annonce. Il s’agit du poids que prélèvent
sur les ressources mondiales, pour leur propre consommation
gaspilleuse, l’infime minorité de ceux que
l’on désigne en anglais par le qualificatif
de High-net-worth individuals HNWIs). Cette catégorie
mal définie comprend les « très riches
», ceux qui composent la Jet Set internationale.
Mais elle comprend aussi les « riches » qui
calquent une grande partie de leurs comportements sur
les premiers. Ces derniers possèdent des fortunes,
hors résidence principale, que l’on peut
estimer à 1,5 million de dollars et plus. Leur
nombre aurait cru en 2005 de 8,6% sur 2006 et serait d’environ
9,5 millions. Leur pouvoir d’achat annuel aurait
augmenté de 11,5% sur le même laps de temps
et atteindrait 87 milliards de dollars, soit en moyenne
4 millions de dollars par personne. La plupart se rencontrent
dans les pays développés mais un nombre
croissant appartient désormais aux pays émergents.
Que
leur reprocher ? Des modes de consommation sans proportion
avec la valeur ajoutée éventuelle que leur
travail pourrait apporter à la collectivité
(beaucoup ne travaillent pas vraiment). Ils utilisent
à tout va des avions privés, des voitures
de luxe, consomment des quantités anormales de
nourritures, coûteuses à produire en terme
de bilan carbone. Plus grave peut-être, ils se portent
acquéreurs sur les marchés clandestins de
tous les biens et espèces vivantes menacées
de disparition, précisément parce que celles-ci
comporte une valeur marchande et spéculative qui
flatte leur vanité.
Aujourd’hui,
notent les auteurs de la lettre, un tabou général
interdit de critiquer les riches et très riches.
Mais si la crise s’aggrave, comme il est inévitable,
il faudra bien s’en prendre à eux et à
leurs façons de vivre. Ce ne sera pas par un réflexe
de type égalitarien, mais par salubrité
sociale. 03/08/07
Notre
commentaire: On dira que les ressources mondiales gaspillées
par les riches sont faibles comparées aux 1.000
milliards de dollars de dépenses militaires annuelles.
Mais il faut voir que la société étant
profondément mimétique, les comportements
gaspilleurs des riches sont pris en modèle, à
travers les images qu’en donnent les médias,
par de nombreuses couches sociales qui s’imaginent,
en les imitant, accéder à l’élite.
Ainsi se créent des comportements dépensiers
de masse, concernant par exemple l’importance donnée
à l’automobile, qui s’opposeront le
moment venu aux réformes indispensables des modes
de consommation et de production.
Les
immeubles basse énergie
L'expert
du climat Danny Harvey de l'université de Toronto
a récemment présenté, avec son équipe,
des plans pour réduire radicalement l'énergie
utilisée par le secteur de la construction, à
la fois pour chauffer et climatiser les immeubles. Toute
une série de technologies sont dorénavant
disponibles, permettant de réaliser des immeubles
basse énergie, dits aussi « passive house
» « en anglais et « passivhaus
» en allemand. Il s’agit non seulement de
matériaux isolants, mais aussi d’une conception
générale des immeubles privilégiant
l’économie et l’appel aux ressources
naturelles, tant pour les habitations individuelles que
pour les habitats collectifs et tours de grande hauteur.
Selon ces études (à paraître prochainement
dans un N° spécial de la revue Building
Research & Information), un tiers de l’énergie
consommée par l’habitat, qui représente
elle-même un tiers du C02 produit par l’homme,
pourrait être économisé en 10 ans.
Compte tenu de la hausse des prix de l’énergie,
les dépenses correspondantes pourraient être
rentabilisées en 3 à 7 ans. Les technologies
existent en effet déjà, contrairement à
celles intéressant le secteur également
gros producteur de C02 des transports.
Malheureusement, nul n’a intérêt à
encourager l’emploi de telles techniques. Aux Etats-Unis,
on constate jusqu’à présent une augmentation
continue de la superficie des logements et du gaspillage
des ressources qui s’y investissent. En Chine, la
course au logement pousse au contraire à des solutions
qui pour être économiques n’en sont
pas moins consommatrices en énergie. Les immeubles
américains devraient consommer 25% d’énergie
en plus d’ici 2020, et l’immobilier chinois
50%.
En Europe, où la tradition et les efforts récents
d’architectes et d’entreprises innovantes
favorisent les économies d’énergie
dans l’habitat, ce sont les normes gouvernementales
qui font défaut. En effet, dans l’état
actuel des réglementations, nul n’a vraiment
intérêt à investir de façon
suffisante : ni les propriétaires, ni les locataires,
ni les collectivités locales, ni les industriels
du chauffage et de la climatisation. Nous sommes en présence
d’un domaine typique où s’impose d’urgence
une réglementation très incitative. Celle-ci
pourrait être de la responsabilité des Etats,
mais elle serait encore plus efficace si elle faisait
l’objet d’une politique européenne
concertée. Le temps presse, compte tenu de la vitesse
avec laquelle de nouvelles politiques de promotion de
l’habitat populaire ou touristique se mettent en
place, accompagnées d’efforts importants
de rénovation. Mais si rien n’est fait dès
maintenant, rattraper les erreurs de conception ne sera
plus possible.
On notera cependant l'existence du projet européen
Passive-On, programme de recherche et de diffusion d'information
financé par la Commission européenne, sous
l'égide du programme Énergie Intelligente
pour l'Europe (SAVE). Le projet vise à promouvoir
les logements à très basse consommation
d'énergie dans les climats chauds.
* Passive House, wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/Passive_house
* Passive-On http://www.passive-on.org/fr/
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