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Courrier
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Sur
le libre-arbitre
Question
de Guillaume de L.
La
juxtaposition de ces deux paragraphes tiré de ton
article présentant "I
am a strange Loop" de Douglas Hofstadter...
«
Le Moi n’est pas libre. Il est déterminé,
mais les modalités de ce déterminisme n’apparaissent
pas clairement à l’observation, car les causes
en sont complexes et enchevêtrées. De plus,
chacun perçoit, de façon évidemment
erronée, qu'il est libre de prendre telle ou telle
décision 9). Douglas Hofstadter exécute en
quelques lignes, et de façon bien réjouissante,
l’hypothèse chrétienne du libre-arbitre.
L’illusion d’être libre et responsable
fait partie des modes hallucinatoires par lesquels le concept
de Moi dynamise le sujet conscient – tout en renforçant
son influence sur lui. »
«
La façon de voir le monde et la conscience qu’il
nous propose (et qui plus généralement inspire
la science matérialiste) ne doit pas être source
de désespoir ou de désenchantement. Elle apporte,
nous dit-il dans la dernière page de son livre, une
façon plus subtile et plus profonde de comprendre
ce que c’est que d’être humain «
a deeper and subtler vision of what it is to be human ».
Nous pourrions dire la même chose de la description
du cosmos que donne la science matérialiste moderne
: une façon plus subtile et plus profonde de comprendre
ce qu’est l’univers, au regard des descriptions
simplistes et aliénantes qu’en donnent les
religions. »
provoque
une interrogation chez moi : comment peut-on être
joyeux et enchanté d’apprendre que le libre–arbitre
n’existe pas, que la liberté du sujet est une
hallucination du Moi…(position que je partage en grande
partie) Que cela nous apporte une compréhension plus
subtile et profonde de l’univers, OK. Mais pour ma
part, j’ai beaucoup de mal à m’en réjouir.
Car alors, en quoi nos vies sont-elles si différentes
de celle d’une fourmi qui est programmé pour
aller chercher des morceaux de feuille et les ramener à
la fourmilière, ou d’un vers de terre remuant
la terre ? Certes, nous avons l’immense chance, qu’ils
n’ont pas, de pouvoir regarder le Loft sur TF1 ou
de lire Heidegger… Mais si le libre-arbitre n’existe
pas, si notre liberté est une hallucination, en quoi
ces « choix » sont-ilsfondamentalement différent
de ceux de la fourmi, qui pourra choisir telle feuille,
ou telle partie plutôt qu’une autre ? Il nous
reste, maigre consolation, la profondeur de notre regard
sur l’univers et la conscience de notre aliénation.
Réponse
De J.P.Baquiast
Merci de ce commentaire très pertinent. Il peut y
avoir plusieurs réponses à ta question. Celle
que je pourrais proposer pour ma part est liée au
bonheur (ou même au plaisir) que donne la recherche
scientifique et les philosophies de la connaissance s'appuyant
sur elle. L'individu, ses angoisees et ses espérances
personnelles s'y dépassent face à la découverte
- je dirais pour ma part à la construction, étant
défenseur de l'idée d'une science constructiviste
- de vastes ensembles de connaissances, jamais interrompue,
où de nouvelles questions obligent à remettre
en cause sans arrêt ce que l'on croyait savoir.
Ceci peut donner un bonheur analogue, je pense, à
celui qu'apporte à certains la construction d'un
bateau en bois à l'ancienne, la création artistique
ou autres activités où le Moi cesse de devenir
enfermé sur lui pour s'ouvrir aux autres. La science
permet d'exercer l'esprit, mais aussi l'affectivité,
l'imagination, la sensibilité.... La seule chose
qu'elle ne puisse procurer est la joie liée à
l'exercice physique...et encore. Rien n'exclue d'ailleurs
que les fourmis, dans leurs petites têtes, puissent
ressentir des plaisirs analogues en construisant leur fourmilière
Certes, participer à des cérémonies
religieuses comme le pélerinage de Chartres peut
donner des joies de même nature à certains
individus. Encore faut-il qu'ils puissent croire en Dieu.
Mais s'ils croient en Dieu, ils s'interdisent comme le notent
tous les scientifiques matérialistes, les joies encore
plus vastes de la découverte (ou de la construction)
du "réel" puisque tout a déjà
été dit par les Ecritures.
Je vais prochainement commenter, avec mes faibles moyens,
l'évolution qui se dessine actuellement en cosmologie
concernant les prétendues lois fondamentales de la
physique, utilisées pour justifier le principe anthropique
fort. Je pense que j'aurai un certain plaisir, que j'espère
pouvoir faire partager à mes lecteurs, à réfléchir
sur ce point. Pour un créationniste, la question
n'aurait aucun intérêt.
A
propos du concept de souveraineté technologique européenne
Question
L'avion Rafale est encore un exemple de souveraineté
mal placée. En voici la description sous wikipedia.
Malheureusement, dans cet article, rien n'est dit sur la
prouesse qui a conduit la France à se lancer seule
dans cette aventure. Pour résumer, l'avion qui a
coûté une fortune, et donc a lourdement handicapé
le budget de l'armée française (rallonge des
porte-avions et retard sur tous les autres programmes),
s'avère une vieillerie dès sa mise en circulation
et est invendable.
Réponse
de JP. Baquiast
Sur
le Rafale et plus généralement les technologies
françaises, je crois qu'il faut éviter les
jugements sommaires, répandus par la concurrence
anglo-saxonne et répétées de façon
mécanique par les atlantistes européens. Sans
être corrompu par Dassault, je crois que l'on peut
rappeler ceci:
1. Question prix. 1.1. Le coût de développement
de l'avion ne peut être comparé à aucun
autre, car les constructeurs étrangers ne communiquent
pas à ce sujet et surtout ne comptabilisent pas les
aides directes et indirectes qu'ils reçoivent de
leurs gouvernements. Il en est de même d'ailleurs
pour l'aviation civile. 2.2. Le Rafale est plutôt
économique à la vente. Selon Defense
Aérospace.com , cité par Dedefensa.org,
notre correspondant spécialiste de l'aéronautique,
le Rafale s’impose aisément comme le moins
coûteux avec le JAS 39 Gripen (l’avantage de
l’avion français étant démultiplié
par ses capacités et sa puissance très supérieures
à celles de l’avion suédois), —
$62,1 et $68,9 millions respectivement pour le Rafale et
le Gripen. Le reste se situe dans une autre catégorie
de prix, on dirait la “catégorie anglo-saxonne”
et assimilée : des $78,4 millions du F/A-18E aux
$177 millions du F-22 (avec en intermédiaire : $108,2
millions pour le F-15E, $115 millions pour le JSF et $118,2
millions pour l’Eurofighter Typhoon).
2. Question performances, le Rafale est versatile et léger,
contrairement à l'Eurofighter et les américains
tels le F.15 ou le F.A 22 Raptor qui sont de l'avis des
aviateurs "clumsy". C'est un avion de
ce genre qui s'impose dans les guerres de 4e génération.
On sait que l'US Air Force s'est plainte de l'inadéquation
de ses avions en Irak, suite à des plaintes de l'infanterie.
Or il ne s'agit plus aujourd'hui de préparer une
guerre contre les soviétiques.
3. Question disponibilité, le Rafale peut être
fourni avec de courts délais, alors que l'avion mythique
américain JSF F 35 promis à tous les alliés
des Etats-Unis depuis 10 ans pour les décourager
d'avoir une industrie aéronautique en propre est
toujours en discussion de finalisation, avec un prix astronomiquement
en hausse.
4. Mais pourquoi si le Rafale est à ce point merveilleux,
personne ne l'achète? Parce que les pressions américaines
(en faveur du F35 notamment) et anglaises (en faveur de
l'Eurofighter où British Aerospace, BAE, a une part
importante) jouent à plein. Quand je dis pression,
c'est corruption à tout va. On a suivi, en s'en indignant
en France, la façon dont le Département d'Etat
a fait pression sur les Polonais pour les décourager
d'acheter le Rafale. Vous n'ignorez pas non plus le scandale
BAE / Yamama (http://www.dedefensa.org/article.php?).
Tony Blair et l'establishment britannique y sont lourdement
compromis. C'est grâce à cette corruption d'origine
britannique (les Américaine s'étaient tenus
à l'écart, malgre leurs liens avec BAE) que
ceux des Saoudiens qui voulaient acheter des Rafales, comme
Chirac le croyait naïvement, ont finalement renoncé.
5. Last but not least: La France est aujourd'hui la seule
puissance au monde disposant encore d'une aéronautique
militaire crédible (je ne mentionne pas la Russie
ni la Suède ni le Brésil qui se situent à
la marge). Les Américains ont réussi à
décourager tous les autres pays. Or qui dit industrie
aéronautique de défense crédible dit
aussi industrie aéronautique et spatiale crédible.
Voudrait-on tout abandonner aux concurrents?
J'ajoute que notre revue participera sans doute à
l'automne à une journée organisée en
Belgique pour expliciter les arrières plans du Joint
Stike Fighter F 35, la plus grande esbrouffe politico-industrialo-militaire
de ces dernières années.
PS: sur le concept de technologies de souveraineté
appliquée à l'aviation militaire, vous pouvez
lire l'article de Philippe Grasset reprenant une intervention
faite lors de notre colloque sur la
souveraineté technologique européenne en
avril 2004 http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=1087
A
propos de l'article de Jean-Paul
Baquiast consacré au livre de Jean Staune dans ce
numéro
Question
Vous écrivez: "je crois que l'homme
n'est qu'un produit local de l'évolution globale,
lui-même en pleine évolution. Je crois que
des automates intelligents pourront prochainement disposer
de corps et de cerveaux bien supérieurs à
ceux des humains"
J'ai plusieurs problèmes avec cette "croyance"
1) Philosophiquement, j'ai du mal à imaginer
qu'un individu puisse concevoir quelque chose d'une complexité
supérieure à ce qu'il peut imaginer, par définition.
2) La démarche serait -si la chose était concevable-
suicidaire puisque cette créature plus intelligente
"esclavagiserait" nécessairement son constructeur-concepteur
ou procèderait à son extermination selon ce
qu'elle aurait estimé de "plus utile"
3) Il me semble que ce soit d'un optimisme excessif quant
à l'état d'avancement de la science. N'est-ce
pas la vanité suprême que d'imaginer que l'homme
soit tellement intelligent qu'il puisse seulement concevoir
plus intelligent que lui ?
Je me souviens d'un groupe de chercheurs astrophysiciens,
biologistes, médecins, pharmacologues qui étaient
à pu près tous d'accord pour dire, il y a
25 ans de ça, en l'an 2000, "Heureusement, ce
ne sera plus un problème de vieillir si la mécanique
est en bon état car avec les progrès de la
recherche spatiale, les maladies type Alzheimer auront disparu".....Well,
well, well.;
Réponse
de JP. Baquiast
Je conçois bien que la question des super-intelligences
et super-corps soit posée comme vous le faites. Je
ne me cramponne pas mordicus à la "croyance"
que j'avais exprimée. Cependant, je peux vous proposer
quelques réponses:
1. l'automate intelligent, dans l'hypothèse "forte"
de ce qu'il convient d'appeler le robot autonome, ne sera
pas conçu par l'homme mais résultera d'une
évolution darwinienne en interaction avec d'autres
robots et avec son environnement. L'ambition de tous les
scientifiques travaillant dans cette direction est de voir
en effet apparaître quelque chose que l’intelligence
humaine, aujourd’hui, n’aurait pu imaginer.
Mais cette ambition, même si elle n’est pas
toujours consciente et explicitée, est celle de beaucoup
de ceux qui travaillent dans les nouvelles sciences et technologies
: les réseaux, les biotechnologies, les nanotechnologies,
la physique des hautes énergies, etc.
2. la démarche serait – ou pourrait être
– suicidaire pour les humains s’ils n’essayaient
pas, d’une part de fixer à l'avance des contraintes
de développement (ni trop étroites ni trop
larges) et surtout, s’ils n’essayaient pas de
« s’augmenter » en parallèle et
en dialogue avec les nouvelles entités. C’est
toute la problématique, souvent maladroitement présentée,
du posthumanisme ou plutôt du posthumain. Le problème,
comme je l’ai indiqué dans mon livre, est alors
du sort des humains qui resteraient à la traîne
: que deviendront-ils ? Comment accepteront-ils leur situation
? Mais ce problème se pose déjà cruellement
à une grande partie de l’humanité.
3. concernant les délais à compter avant que
des changements substantiels se produisent dans les intelligences,
les corps et les sociétés, dans le sens indiqué
ci-dessus, chacun fera ses propres prévisions –
et d’ailleurs se trompera nécessairement. Tout
dépendra de ce qui sera affecté aux recherches
correspondantes, face à d'autres dépenses,
notamment les énormes budgets militaires engloutis
en pure perte pour la recherche..