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Sciences,
technologies et politique
Livraison
d’armes américaines au Moyen Orient,
aveu d’impuissance de l’Amérique
par Philippe Grasset
02/08/07
Philippe
Grasset est l'éditeur et l'auteur de la Lettre
d'information géostratégique Dedefensa
(www.dedefensa.org)
|
Les intentions de vente d’armes américaines
au Moyen- Orient sont impressionnantes :
• $20 milliards pour les Etats du Golfe à livrer
en 10 ans, dont près de $10 milliards pour l’Arabie
Saoudite.
• $30 milliards pour Israël en dix ans.
• $13 milliards pour l’Egypte en dix ans.
• sans mentionner les espoirs portant sur de futurs
achats indiens que Washington aimerait emporter en totalité:
$30 milliards en 5 ans.
Tout ceci nous conduit à une analyse en trois points
:
Premier point : ces livraisons projetées
d’armement sont le signe de l’impuissance extraordinaire
de la politique extérieure des Etats-Unis, caractérisée
par le degré zéro de sa diplomatie dans cette
zone. S’y ajoute l’impuissance de leur politique
militaire, dont on nous disait qu’elle remplaçait
avantageusement la diplomatie. Se trouver, ou se croire
dans l’obligation de projeter de telles livraisons
d’armes alors qu’on a déployé
au cœur de la zone en question une partie importante
de ses forces terrestres, navales et aériennes, alors
qu’on dispose de la plus puissante armada militaire
de l’histoire en volume budgétaire, en poids
et en nombre, constitue un énorme aveu d’impuissance
de ces forces.
Deuxième point : la parfaite inutilité
de ce surarmement par rapport au danger qu’on affirme
vouloir contenir (l’Iran, Al Qaïda). On se demande
ce qu’il faudrait pour faire accepter par le Pentagone
et sa bureaucratie les enseignements des guerres qu’ils
sont en train de perdre, c’est-à-dire des guerres
typiques de la Guerre de 4e Génération (G4G).
Apparemment, rien n’y parviendra. Ces armements promis
n’assureront aucune défense, — si besoin
en était, — contre un pays comme l’Iran,
dont on sait la propension à utiliser des moyens
asymétriques dans les conflits. Ne parlons pas d’Al
Qaïda, si Al Qaïda existe. Le cas d’Israël
est également révélateur. Les armements
qui vont être livrés, voire imposés
aux Israéliens, iront dans le sens développé
par les forces israéliennes depuis une vingtaine
d’années, qui a abouti à la catastrophe
d’il y a un an, contre le Hezbollah.
Troisième point, le plus évident
d’une part, le plus chargé d’implication
d’autre part. Il se divise en deux constats:
• Ces contrats sont une manne pour l’industrie
d’armement américaine , et c’est bien
entendu un argument d’une très grande force
pour soutenir ces propositions. Toute l’Administration
américaine est évidemment engagée,
d’une façon ou l’autre, dans ce soutien
de l’industrie d’armement, considérée
à la fois comme un des bijoux du capitalisme américain
et comme un des piliers de la sécurité nationale
d’un système qui génère ce même
capitalisme.
• Considérant les circonstances que nous avons
décrites, où rien, absolument rien d’autre
dans les mesures et politiques développées
depuis 4 ans au Moyen Orient n’a donné le moindre
résultat, il faut admettre que ce choix des ventes
et livraisons d’armes devient désormais le
seul attribut sérieux, ou faisant figure de sérieux,
de la puissance des Etats-Unis. On peut alors considérer
que ceux-ci sont entrés dans une phase où
le seul attribut de puissance incontestable leur restant
est bien la production et la dissémination des armements.
C’est le triomphe de ce qu’il y a de plus fondamental,
mais aussi de plus primaire dans le complexe militaro-industriel.
On ne peut dire pour autant que ce soit un progrès
décisif de la puissance américaine per
se; c’est tout au contraire sa position ultime
de tentative d’affirmation de puissance. Les livraisons
d’armes américaine ont toujours existé
dans la politique américaine. Elles constituaient
un complément d’autres initiatives. Cette fois,
elles semblent former l’essentiel de la politique
de sécurité nationale. C’est le contraire
d’un progrès ; c’est un ultime retranchement
et un terrible aveu d’impuissance.
Voilà qui devrait faire réfléchir les
stratèges européens.
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