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Sciences,
technologies et politique
La
ville, avenir de l'homme
par
Jean-Paul Baquiast 30/06/07
Le
Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap) vient d'indiquer,
dans son rapport annuel remis le 27 juin, que la Terre compte
3,3 milliards de citadins, soit, pour la première fois
dans l'histoire, plus d'urbains que de campagnards. En 2030,
le chiffre devrait atteindre 5 milliards. Ce regroupement
se fera pour l'essentiel dans le tiers-monde, en Asie et en
Afrique. Les citadins seront donc, pour l'essentiel, des pauvres
ou des très pauvres. On dénombrera 2 milliards
de personnes vivant dans des bidonvilles ou l'équivalent.
L'impact environnemental de ces villes sera très lourd
: altération des cycles hydrologiques, création
d'îlots de chaleur et de pollution, disparition des
terres agricoles. Si ces villes se trouvent au niveau de la
mer, elles seront les premières atteintes par la hausse
de celui-ci. Dans les pays émergents et les pays riches,
la croissance urbaine posera aussi des problèmes, notamment
d'encombrement et de pollution. Mais ils pourront être
plus facilement résolus par de nouveaux types d'habitat
et d'économies.
Réfléchir
à l'avenir de la ville et étudier de
nouveaux types d'habitat et d'économie
urbains devient ainsi une des premières priorités
pour l'humanité. On doit bien voir en effet
que ce n'est pas seulement l'exode rural qui
crée les surpopulations urbaines, c'est la
croissance démographique elle-même. A supposer
qu'avec des pratiques agricoles renouvelées,
on puisse retenir sur des terres actuellement désertifiées
un certain nombre de paysans, il restera un fort excédent
que l'on ne pourra pas empêcher de migrer vers
les villes. La survie y sera de toutes façons plus
facile que dans les campagnes. Mais comment transformer
les villes ? Pour Thoraya Ahmed Obaid, secrétaire
générale adjointe de l'ONU et directrice
exécutive du FNUAP, le combat est loin d'être
désespéré. Dans les villes les plus
pauvres, la population montre une ardeur au travail et une
inventivité considérables. Mais il faudra
des appuis extérieurs.
On
devra inventer de nouvelles machines à habiter, vivre
et produire intégrées au tissu urbain lui-même.
Des architectes et ingénieurs y réfléchissent
activement, notamment en Chine et en Amérique. C'est
autour du concept d'immeuble de grande hauteur que les solutions
les plus économiques sont actuellement étudiées.
Ces tours seront elles-mêmes regroupées en quartiers
très denses, de plusieurs millions d'habitants, afin
de minimiser les réseaux de distribution et de transport.
Elles seront conçues comme des unités autonomes
capables d'assurer leur propre alimentation en énergie,
dépollution, recyclage des eaux et déchets.
On envisage de plus en plus de consacrer certaines de ces
tours, dans cette perspective d'autosuffisance, à la
production agricole et à l'élevage, le tout
hors sol, bien évidemment.
Ceci
pourra s'envisager en développant le concept de fermes
verticales (vertical farms). Il s'agira d'immeubles
d'au moins 30 étages, aux parois vitrées et
couronnés par de grands panneaux solaires. Chaque étage
sera consacré à des cultures variées
et à de petits élevages, avec des systèmes
d'irrigation sophistiqués et l'emploi de techniques
de production biologiques, afin d'éviter la pollution
par les engrais et les pesticides. En dehors de l'énergie
solaire, le recyclage des déchets alimentera la ferme
en énergie. De la même façon les eaux
seront presque entièrement recyclées, d'autant
plus que l'évaporation pourra être contrôlée.
La production échappera au rythme des saisons et
aux assaut des parasites et ravageurs divers. Tous les types
de variétés seront envisageables, puisque
le climat sera artificiel. Les aliments produits seront
consommés localement, sans les coûts de transports
sur de longues distances imposées par les «
villes horizontales » et leurs banlieues arborescentes.
Nous serons pour notre part plus sceptiques que les auteurs
de ces projets. La vie ne se met pas aussi facilement en
cage qu'ils ne l'imaginent. On verra sans doute
se multiplier les dégénérescences,
pollutions inattendues et attaques parasitaires. On ne voit
pas pourquoi les rats, par exemple, qui ont toujours été
associés à la société humaine,
renonceraient à ce mariage fécond. De toutes
façons, de telles réalisations demanderont
des investissements importants, et rien ne permet de penser
qu'elles puissent être mises à la portée
des pays pauvres. En Chine, elles seront longtemps réservées
aux provinces développées.