Jean-Christophe
Rufin, après avoir comme médecin participé
à l'action humanitaire, et à ce titre
avoir rencontré le monde des agences de renseignements,
est devenu un romancier à succès: L'Abyssin,
Rouge Brésil (Prix Goncourt 2001), Globalia...
Bibliographie
http://perso.orange.fr/calounet/biographies/rufin_biographie.htm |
Ce roman ressemble à de nombreux autres qui déroulent
une histoire politique ou d'espionnage dans des
milieux généralement mal connus par les
lecteurs et présentant un caractère d'actualité
suffisant pour retenir l'attention. Les romanciers
américains sont fertiles dans la production de
tels oeuvres. Elles jouent un rôle important pour
répandre dans le monde entier une vision du monde
généralement conforme à celle que
le Pentagone et autres agences de sécurité
nationale voudraient que nous en ayons. Sous cette réserve,
ces romans, généralement repris sous forme
de films, sont toujours instructifs. Généralement
bien informés des questions scientifiques et techniques,
ils renseignent également le lecteur averti de
certains dessous concernant les affaires américaines
ou internationales, telles du moins que veut bien les
interpréter l'auteur.
Les romanciers français n'ont pas le talent
de leurs homologues anglo-saxons dans ce domaine. Quand
ils essayent d'échapper aux récits
intimistes, ils décrivent l'actualité
avec de telles approximations que seuls les grands naïfs
peuvent s'y intéresser. Un des rares auteurs
étant sorti du lot a été Gérard
de Villiers. Pendant 30 ans, les aventures de son héros
Malko, agent génial de la CIA, ont été
suffisamment documentées pour intéresser
tous les professionnels de la diplomatie, de l'information
et de la géopolitique. Il fallait certes en prendre
et en laisser – en laisser notamment concernant
les scènes érotiques et violentes tellement
répétitives qu'elles n'intéressaient
plus que les monomaniaques.
On pourrait dire que, mises à part de telles scènes,
heureusement absentes dans Le Parfum d'Adam, le
roman de Jean-Christophe Ruffin présente indiscutablement
un intérêt documentaire digne d'un bon roman
anglo-saxon. Faisons cependant une réserve. Les auteurs
français, lui-même comme avant lui Gérard
de Villiers, semblent considérer que les milieux
du renseignement et des opérations de l'ombre ne
peuvent retenir l'attention que s'ils sont présentés
à travers des protagonistes américains ou
travaillant pour les Américains. C'était le
cas de SAS, aristocrate autrichien très américanisé.
C'est aussi le cas des personnages sympathiques du Parfum
d'Adam, qui gravitent autour de la CIA ou d'agences
privées de renseignement travaillant pour le compte
de cette dernière(1).
Il s'ensuit que nous sommes incités en lisant ce
livre à nous sentir membres de la grande communauté
de ceux qui aux Etats-Unis ou en Europe, considèrent
encore que l'Amérique reste la mieux placée,
notamment par son savoir faire et sa puissance, pour les
protéger des dangers du monde. Alors que c'est elle
le plus souvent qui par ses abus de pouvoirs génère
de tels dangers.
Ceci dit, ce livre ne présente pas de qualités
scientifiques et littéraires telles qu'il
mériterait une chronique dans cette revue. Il ne
nous intéresse que par le sujet qu'il aborde,
celui de la lutte des écologistes radicaux cherchant
à « sauver la planète » face
aux intérêts de toutes sortes qui sont en
train de la détruire. A l'heure où
les experts mettent en évidence les immenses désastres
qu'entraînera prochainement l'exploitation
sans limites des ressources mondiales, il était
bon de découvrir les milieux éco-militants
qui, contrairement aux Verts européens dont le
discours reste assez respectueux des lois et règlements,
ont cherché depuis déjà plusieurs
décennies à s'en prendre directement
aux responsables du désastre annoncé. Jean-Christophe
Ruffin a le mérite de rappeler au lecteur français,
généralement ignorant de ce que l'on
appelle l'écologie profonde ou « deep
ecology », l'histoire très riche
des mouvements théoriciens et des groupes d'action
se rattachant à ce mouvement. Nous n'allons
pas ici refaire la description qu'il en donne, notamment
dans la Post-face du livre "A propos des sources".
Le web est par ailleurs très riche en documents
divers sur ces questions. Aujourd'hui, les fantasmes
de la Deep ecology semblent perdre du crédit,
mais le nombre des illuminés capables de les prendre
au sérieux reste important (voir aussi dans ce
numéro http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2007/78/monbiot.htm#monbi
).
Pour construire son intrigue et lui donner le nécessaire
caractère de « thriller » qui attire
le lecteur, Jean-Christophe Ruffin ne s'est pas
seulement attaché aux activistes durs, militants
anti-vivisection, anti-nucléaires ou anti-chasse,
qui s'en prennent directement aux chercheurs, aux
industriels et aux comportements destructeurs de l'environnement.
Il a imaginé qu'un milliardaire aussi convaincu
que fou avait décidé, en fin de vie, de
programmer la destruction massive de milliards d'humains.
Mais logiquement, les humains à détruire
n'étaient pas pour lui ceux des pays riches.
C'étaient ceux des pays pauvres à
qui la démographie galopante, ce que l'on
a nommé la bombe démographique, servait
d'arme pour s'imposer aux pays riches.
Le héros diabolique du livre avait donc imaginé
de détruire des centaines de millions d'habitants
des favelas et taudis du tiers monde en les contaminant
par des souches cholériques rendues virulentes.
Même transformé génétiquement,
le bacille du choléra présente l'avantage,
si l'on peut dire, de n'être vraiment
pathogène qu'à l'égard
des pauvres et très pauvres. Il pouvait donc servir
d'arme presque parfaite pour une destruction sélective
de ces derniers. Les pays riches ne seraient pas touchés
par l'épidémie ainsi provoquée.
Heureusement pour les pauvres, les héros sympathiques
ont réussi à désamorcer le complot
au dernier moment. La croissance de la population pourra
donc se poursuivre tranquillement.
Il est inutile de s'attarder sur la vraisemblance
de l'hypothèse. Sans être médecin,
nous doutons beaucoup qu'un germe à la virulence
fortement augmentée puisse limiter son action aux
populations misérables, tout en s'étendant
suffisamment largement et vite pour tuer des centaines
de millions de gens. La question de la dissémination
des pandémies est très complexe. On le découvre
aujourd'hui en raisonnant sur le cas de la probable
grippe aviaire humanisée. Mais peu importe. Le
roman a le mérite de procéder comme le fait
Jean-Marie Le Pen, selon ce qu'en disent les lepénistes
qui n'osent pas s'avouer. Il évoque
de vrais problèmes en proposant de mauvaises solutions.
Mais nous pensons qu'il passe sous silence un certain
nombre d'autres « vrais problèmes »
concomitants aux précédents. De ce fait,
il ne propose pas non
plus de solutions à ces derniers. Voyons
rapidement ces deux points.
De vrais problèmes,
de mauvaises solutions
Il est certain que la croissance démographique de
la population mondiale parait poser le principal problème
écologique. La pensée politiquement correcte
n'ose pas le dire, mais nier le fait parait difficile. Même
si les effectifs se stabilisaient à 9 milliards d'hommes
vers 2050, comme l'espèrent certains démographes
occidentaux, le passage des effectifs actuels (environ 6,5
mds) à 9 mds, entraînera une pression considérable
sur les milieux naturels, du fait que les milliards d'hommes
vivant actuellement avec des revenus inférieurs à
1 dollar par personne voudront sinon atteindre le niveau
de vie du milliard de favorisés habitant les pays
riches, du moins survivre dans des conditions plus descentes.
Pour cela, rien ne les empêchera d'essayer de prélever
sur les milieux naturels les ressources alimentaires, énergétiques,
en eau, en air et en espace dont ils ont besoins.
Au même moment cependant, avec la grande crise
climatique, que d'ailleurs Rufin n'évoque pas,
ces ressources vont se raréfier rapidement. Or
le comportement global de l'humanité ne diffère
pas de celui des autres espèces, tel qu'il
s'est manifesté depuis l'apparition
de la vie sur Terre. Dans la compétition darwinienne
entre elles, chacune tend à s'étendre dans
la niche environnementale qui est la sienne, sans se préoccuper
de ménager les ressources de celle-ci. Lorsque
les ressources sont épuisées, la croissance
de l'espèce se ralentit et souvent l'espèce
disparaît – jusqu'à ce qu'une autre,
mieux adaptée, lui succède. La lutte pour
la vie de chaque espèce ou même de chaque
groupe à l'intérieur d'une espèce
est la règle, même s'il en résulte
une destruction des ressources alimentaires du milieu,
au détriment de tous.
Malthus avait fort bien vu cela et rien ne permet aujourd'hui
d'infirmer son approche. Le progrès technique ne
peut rien y faire. Jamais les ressources rares et chères
que pourraient produire des investissements scientifiques
et technologiques même massifs ne pourraient arriver
en temps utile pour répondre aux besoins élémentaires
de survie. Beaucoup de démographes et d'économistes
(Cf Jacques Blamont, Introduction au siècle des
menaces, http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2004/sep/blamont.html)
considèrent que, si l'on admet aujourd'hui l'existence
d'un volant de 1 milliard d'hommes vivant à la limite
de la survie avec un revenu d'1 dollar par personne, améliorer
le sort de ce milliard par des mesures d'assistance alimentaire
et sanitaire les incitera à se reproduire davantage,
quelles que soient les politiques contraceptives adoptées.
Ceci jusqu'à ce que les nouveaux arrivés atteignent
ce seuil de la survie à 1 dollar par jour. On générera
donc un matelas incompressible de tels survivants plus morts
que vivants. Mais dans le même temps, les effectifs
globaux auront augmentés, si bien que le plafond
de population globale jugé difficilement supportable
vers la moitié du siècle, soit 9 milliards
d'humains, sera dépassé(2).
Là est le vrai problème, qu'on le
veuille ou non. Les mauvaises solutions pour le résoudre
sont nombreuses. Jean-Christophe Ruffin évoque
une perspective à laquelle beaucoup de bonnes âmes
pensent sans se l'avouer. Il s'agirait d'organiser
des génocides massifs provoqués par les
pays riches qui voudraient se réserver les ressources
du milieu naturel en éliminant leurs compétiteurs
des pays pauvres. D'un point de vue moral, remarquons
le en passant, on peut se demander s'il l'auteur
a raison de bâtir une intrigue romanesque sur ce
thème. Même si son héros satanique
échoue finalement dans son grand projet, l'auteur
donne beaucoup de détails sur les procédures
qu'il faudrait suivre pour que de telles tentatives
puissent réussir. Cela peut donner des idées
à d'autres fous, si ces fous avaient besoin
d'idées.
Mais son principal tort est de ne pas rappeler ce que
les nazis avaient découvert avec la ShoaIh: aucune
puissance au monde, non plus qu'aucune technologie,
ne pourrait aujourd'hui détruire sélectivement
les milliards de pauvres qu'il faudrait faire mourir
si l'on voulait retrouver dans le court délais
de 50 ans un « optimum » de population que
certains situent autour de 2 milliards d'hommes.
On peut facilement détruire 6,5 milliards voire
plus tard 9 milliards d'hommes sans exception, en
détruisant dans le même temps toutes les
formes de vie évoluée. On ne peut pas n'en
détruire que les quatre-cinquième. Et on
ne le pourra jamais, pour d'innombrables raisons
qu ne tiennent pas seulement à la génétique
et à la santé publique. L'auteur aurait
pu le rappeler plus clairement, pour tempérer les
enthousiasmes.
Certes Jean-Christophe Ruffin évoque une autre
solution, celle qui ralliera tous les bons cœurs
de par le monde : que les riches partagent avec les pauvres
les ressources terrestres. Il est certain que si par exemple
les Français acceptaient dans les prochaines années
d'héberger en France 250 millions d'hommes
venant du tiers monde et de partager leur mode de vie
avec eux (mode de vie évidemment fortement réduit,
autour d'un revenu individuel de 10 dollars par
jour), si l'ensemble des populations riches, transformées
en autant d'Abbé Pierre, acceptaient de faire
de même, la Terre pourrait peut être accommoder
une dizaine de milliards d'habitants gérant
avec beaucoup de prudence et d'austérité
ce qui resterait de ressources, le tout dans un «
confort » plus que relatif. Mais aucun représentant
du monde développé n'acceptera de
bon gré une telle perspective, si elle devait se
concrétiser aussi rapidement qu'il le faudrait
pour sauver la planète, c'est-à-dire
en quelques décennies.
Les solutions à la surpopulation qu'évoque
le livre, qu'elles soient perverses ou morales,
semblent donc sans issues. De plus, l'auteur, dans
son angélisme, affecté ou sincère,
oublie un point fondamental. D'autres vrais problèmes,
qu'il ne cite pas, compliquent encore les perspectives
qui s'offriraient à ceux qui voudraient sauver
la planète, en faisant appel à la générosité
des possédants.
D'autres vrais problèmes
sans solutions
La raison de la grande crise environnementale, comme nous
l'expliquons dans un article de ce même numéro,
ne tient pas selon nous aux effectifs globaux de l'humanité,
même si les données démographiques actuelles
et futures paraissent poser des questions insolubles. En
théorie, comme nous venons de le voir, un gouvernement
rationnel des sociétés humaines, ménageant
les ressources naturelles non-renouvelables et les répartissant
de façon égalitaire entre chacun, pourrait
peut-être permettre à la Terre de supporter
l'impact environnemental (ecological footprint)
de 9 milliards d'hommes. Malheureusement les sociétés
humaines, jusqu'à aujourd'hui, n'ont jamais réagi
de cette façon aux contraintes de leur évolution.
Une petite minorité d'humains s'étant attribuée
la possession des ressources naturelles entend continuer
à les exploiter pour son seul profit sans s'inquiéter
de leur raréfaction et de la croissance des inégalités.
Ils ne considèrent que leur intérêt
immédiat, en s'imaginant sans aucune preuve sérieuse
pouvoir faire appel ultérieurement aux technologies
nouvelles ou à d'autres solutions fantasmées
pour résoudre en temps utile les problèmes
que cette disparition aura fait naître. Ainsi l'Amérique
de Bush, confrontée aux conclusions des experts du
GIEC/IPCC sur le dérèglement climatique, ne
veut réduire en rien sa consommation de pétrole.
L'égoïsme aveugle des dominants remonte
loin dans l'histoire de la compétition darwinienne.
Lorsque les espèces se disputent un même
biotope, aucune ne fait preuve de comportement altruiste
à l'égard des autres (sauf dans les cas
rares ou des alliances de type symbiotique apparaissent).
Les humains ne sont pas très différents
à cet égard des autres espèces, lorsqu'il
s'agit, non de discourir dans les salons sur les bienfaits
de la coopération et du management durable, mais
de s'approprier les ressources disponibles. D'une part,
ils épuisent ce que le milieu naturel mettait à
leur disposition et découvrent trop tard que ce
faisant ils se sont condamnés eux-mêmes à
la disparition. D'autre part, lorsqu'il s'agit d'exploiter
un écosystème, ce sont les groupes les plus
forts (on dira les plus impérialistes ou les plus
unilatéralistes) qui s'approprient les ressources
disponibles, sans se préoccuper de la survie des
groupes les plus faibles.
Le problème se complique encore aujourd'hui
du fait que demain, les sociétés les plus
fortes, bien qu'elles disposent de la puissance
des armes et des technologies modernes, dont l'Amérique
offre une bonne image, ne vont pas conserver le monopole
de la puissance. D'ores et déjà, pour
des enjeux qui sont encore seulement territoriaux et stratégiques,
des milliers de combattants provenant de pays tels que
l'Irak ou l'Afghanistan s'estimant injustement
envahis par les Occidentaux pratiquent une guerre de 4e
génération qui se révèle capable
de mettre en défaut la plus forte armée
du monde. La conjonction de telles méthodes de
guerre avec un terrorisme suicidaire en train de passer
dans les mœurs et la volonté de manipuler
la bombe démographique pour venir à bout
des pays riches sous-peuplés, promet de multiples
conflits entre possédants actuels qui ne veulent
rien lâcher de leurs privilèges et masses
misérables plus ou moins bien organisées
qui entendront leur arracher ces privilèges par
la force.
On peut toujours espérer que le dialogue diplomatique
pourra un jour calmer le jeu. Ceci surtout si les humains,
riches ou pauvres, finissent grâce aux avertissements
des scientifiques par se persuader que le monde est vraiment
en danger. Mais même si certains Etats réussissent
à mettre en place rapidement une « gouvernance
écologique mondiale » gérée
de façon multilatérale par une Organisation
Ecologique des Nations Unies, telle qu'envisagée
à la Conférence de Paris du 4 février
2007, on ne voit pas très bien comment ils pourront
résoudre les deux problèmes évoqués
ici, celui d'une démographie excessive et
celui de la lutte entre factions se disputant le pouvoir.
Autrement dit, on ne voit pas très bien comment
le monde de demain pourrait éviter l'effondrement
de l'écosystème et son propre effondrement.
Le livre de Jean-Christophe Rufin ne nous donne guère
d'éclairages sur ce point. Mais il avait
été écrit un peu avant la flambée
médiatique concernant l'effet de serre. Celui-ci
alourdit dorénavant toutes les prévisions.
De plus on ne peut attendre d'un auteur qu'il effraye
ses lecteurs au lieu de les distraire, même si le
sujet abordé est très, très grave.
Notes
(1) Rappelons à propos des
agences privées que la privatisation des forces armées
et de police américaines atteint actuellement des
niveaux record au
Moyen Orient. Pour la première fois,
une estimation officielle du volume des forces “mercenaires”
(privées) engagées en Irak a été
faite publiquement par l'espagnol Jose Luis Gomez del Prado,
membre du groupe de l'ONU chargé de la question des
troupes privées et mercenaires. Le nombre en est
estimé entre 30.000 et 50.000, ce qui fait des mercenaires
la deuxième force militaire de la coalition. Gomez
des Prado a fourni ces chiffres publiquement, lors d'une
visite au Pérou le 2 février dernier, à
la demande de pays latino-américains qui s'inquiètent
de voir un nombre croissant de leurs ressortissants, recrutés
très jeunes et sans formation particulière,
assurer
des fonctions paramilitaires et militaires pour
le compte de sociétés de sécurité
américaine (source AFP Sat Feb 3).
(2) Les pauvres pourraient reprocher
aux riches d'être aussi inconséquents face
à la crise environnementale. Toute amélioration
du niveau de vie des les pays développés se
traduit par l'augmentation du nombre de vieillards grabataires
maintenus en survie à grand frais dans des maisons
spécialisées.