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Main-mise
américaine sur l'Espace. Conséquences
stratégiques
par
Jean-Paul Baquiast 20/10/06
|
Au moment où nopus
préparons, non sans difficultés, au milieu
il faut bien l'avouer de l'indifférence générale,
un Colloque à Toulouse sur les enjeux d'une souveraineté
européenne dans le domaine spatiale, il convient
de méditer les récentes déclarations
du président Bush qui constituent une véritable
déclaration de guerre potentielle à toute
puissance désireuse de manifester une présence
quelque peu significative dans l'Espace. La Chine est sans
doute particulièrement visée, mais on sait
bien dans les milieux du spatial stratégique européen
que l'Europe l'est aussi.
Nous
nous appuyons ici sur une dépèche de l'AFP
reprise par Yahoo Actualités France.
"
Le président américain George W. Bush vient
d'adopter une nouvelle stratégie spatiale qui prône
la "liberté d'action" des Etats-Unis et
leur droit à interdire si nécessaire l'espace
à tout pays "hostile aux intérêts
américains".
"La
sécurité nationale des Etats-Unis est dépendante
de manière cruciale des moyens dans l'espace et cette
dépendance va s'accroître", affirme le
document stratégique publié récemment
par la Maison Blanche.
Les
Etats-Unis "prendront les mesures nécessaires
pour protéger leurs moyens dans l'espace et interdiront
si nécessaire à leurs adversaires l'usage
de moyens spatiaux hostiles aux intérêts américains",
selon le texte.
"La
liberté d'action dans l'espace est aussi importante
pour les Etats-Unis que la puissance aérienne et
maritime", poursuit le document stratégique.
Le
texte rejette également tout traité interdisant
les armes dans l'espace: "Les Etats-Unis s'opposeront
au développement de nouvelles législations
ou de restrictions cherchant à interdire ou à
limiter l'accès des Etats-Unis à l'espace
ou à l'usage de l'espace".
M.
Bush a donné son accord le 31 août à
cette nouvelle stratégie et le document, qui remplace
le précédent remontant à 1996, a été
publié discrètement par la Maison Blanche
le 6 octobre.
Le
gouvernement américain assure que cette nouvelle
stratégie n'est pas une première étape
vers le développement et le déploiement d'armes
dans l'espace. "Il ne s'agit pas d'un changement de
politique", a déclaré le porte-parole
de la Maison Blanche, Tony Snow à des journalistes
à bord d'Air Force One.
"L'idée
que la défense intervienne dans l'espace est différente
de la notion de militarisation de l'espace", a-t-il
ajouté.
Ces
affirmations suscitent le scepticisme des experts. "Même
si cette stratégie ne dit pas explicitement que les
Etats-Unis vont détruire des satellites ou déployer
des armes dans l'espace, il me semble qu'elle ouvre la porte
à cela", a déclaré à l'AFP
Theresa Hitchens, directrice du Centre d'information sur
la défense.
Selon
elle, cette analyse est confirmée par une série
de documents publiés par l'armée américaine
dans lesquels celle-ci ne cache pas ses intentions.
D'après
Mme Hitchens, la nouvelle stratégie représente
aussi un important changement par rapport à celle
de l'administration Clinton par sa "vision beaucoup
plus unilatéraliste".
"Dans
cette stratégie, les Etats-Unis cherchent à
établir leurs droits mais ne reconnaissent pas les
droits des autres pays", estime-t-elle.
Les
Etats-Unis disposent actuellement d'une véritable
suprématie dans l'espace, alors que la Russie a perdu
l'essentiel de ses moyens et que la Chine en est encore
au stade des ambitions.
Les
Américains sont les seuls capables d'utiliser les
moyens satellitaires pour des opérations de combat
et le font de mieux en mieux si l'on compare les guerres
du Golfe, des Balkans, d'Afghanistan et d'Irak, avait souligné
Michael O'Hanlon, expert à la Brookings Institution,
lors d'une audition en juin devant le Congrès.
Mais
la suprématie des Etats-Unis pourrait à l'avenir
être menacée par d'autres pays. "Les Etats-Unis
sont en particulier préoccupés par la Chine",
juge Mme Hitchens.
Un
avis partagé par M. O'Hanlon, qui avait toutefois
souligné que les progrès de Pékin étaient
pour l'instant "limités" et le resteraient
dans les années à venir.
"Alors
que la Russie et la Chine soutiennent une interdiction des
armes dans l'espace, il paraît clair que les Chinois
en même temps envisagent des moyens de nuire aux capacités
américaines dans l'espace", estime Mme Hitchens.
Une
menace sur laquelle Donald Rumsfeld avait insisté
avant qu'il ne devienne secrétaire à la Défense.
Il avait appelé à mieux protéger les
intérêts américains pour éviter
un possible "Pearl Harbor de l'espace".
Quelles
premières conclusions retenir de cette décision
américaine et des commentaires cités par l'article?
D'ores et déjà, l'Europe doit considérer
que tous les programmes actuellement en cours ou projetés
visant à lui donner un minimum de présence
spatiale sont considérés comme représentant
une menace potentielle pour les Etats-Unis. Ils peuvent
en effet être présentés comme susceptibles
d'être utilisés à des" fins non
amicales". C'est le cas du satellite MetOp
qui vient d'être lancé (et ceci bien qu'il
vise à être exploitée conjointement
avec la NOAA américaine). C'est encore plus le cas
concernant Galiléo. On connait à cet égard
le véritable sabotage sous-jacent auquel se livrent
les intérêts américains pour ralentir
ou désosser ce projet.
Ceci est encore plus vrai concernant les satellites militaires
(ou duals) de télécommunication et d'observation
mis en place par la France, en coopération avec certains
pays européens. Ils peuvent être détruits
sans avertissement par l'armée américaine,
laissant l'Europe sourde et aveugle.
Les militaires européens, y compris en ce qui concerne
le ministère français de la défense,
considèrent encore avec scepticisme la possibilité
de développer des systèmes spatiaux de protection,
du type "anti-satellites tueurs". Ils ont tort.
Ceci veut dire que l'Europe spatiale, qu'elle soit civile
ou militaire, n'aura jamais aucune crédibilité
face à des menaces venant aussi bien aujourd'hui
des Etats-Unis que plus tard de la Chine ou d'autres puissances
de moindre envergure spatiale, dont la puissance de nuisance
pourrait cependant être grande.