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Editorial
Pour un réseau mondial
de surveillance des émissions de gaz à
effet de serre (GES). L’Europe doit donner l’exemple.
par
Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin
1er juillet 2006 |
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Le
dernier bilan, publié par l'Agence européenne
de l'environnement, le 22 juin, http://reports.eea.europa.eu/eea_report_2006_8/en
montre une dégradation en 2004 : les émissions
pour l'Union à 15 membres ont augmenté de
0,4 % entre 2003 et 2004, et de 0,3 % pour l'Union à
25 intégrant les pays d'Europe de l'Est.
Sauf à agir beaucoup plus vigoureusement, l'Europe
risque de ne pas respecter le protocole de Kyoto. Alors
qu'elle s'est engagée à diminuer ses émissions
de 8 % en 2010 par rapport à 1990, la baisse n'a
été que de 0,9 % entre 1990 et 2004.
Les principaux responsables de ces émissions sont
l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la France et l'Espagne.
Cependant, l'Allemagne a réussi à réduire
fortement ses émissions en améliorant l'efficacité
de son système énergétique et en fermant
de nombreuses usines dans l'ancienne Allemagne de l'Est.
Elle est ainsi proche de son objectif (avoir diminué
de 21 % ses émissions en 2010).
Le Royaume-Uni devrait également atteindre ses objectifs
(- 12 %) puisqu'il a baissé ses émissions
de 14 % en substituant le gaz au charbon dans les centrales
thermiques. Mais ce mouvement est maintenant terminé
et Londres pourrait voir ses émissions repartir à
la hausse. En effet, le prix du charbon a beaucoup moins
augmenté que celui du gaz, ce qui rend ce combustible
attractif pour les producteurs d'électricité.
La France, pour sa part, a atteint son objectif, qui est
de 0 %. Mais l'effort doit être maintenu, alors que
les transports ne cessent d'augmenter leurs émissions
et que de nombreuses centrales de production d'électricité
à combustibles fossiles doivent entrer en fonctionnement
dans les prochaines années.
Les mauvais élèves sont les pays méditerranéens.
L'Espagne a vu, en 2004, ses émissions monter de
48 % par rapport à 1990, alors que seule une augmentation
de 15 % était autorisée. L'Italie ne fait
pas beaucoup mieux (+ 12 % contre - 6 % autorisés).
Comment convaincre la Chine, l'Inde ou le Brésil
de s'engager, si les Européens ne donnent pas l’exemple
? Pour l’avenir, l'Union a adopté en mars 2005
un objectif de réduction des émissions pour
les pays développés de 15 % à 30 %
en 2030 par rapport à 1990. Cela demandera un effort
important. La France et le Royaume-Uni ont même affiché
un objectif de diminution par quatre d'ici à 2050,
soit une baisse de 3 % par an.
L’Europe ne doit pas se donner bonne conscience en
constatant que les Etats-Unis font pire. L'Amérique
du Nord, qui émettait déjà en 2003
16 % de gaz carbonique en plus qu'en 1990, atteindrait le
chiffre de 54 % en 2030. Avec la montée des pays
émergents, le monde entier passerait de 21 milliards
de tonnes de gaz carbonique à 44 milliards en 2030.
Il sera trop tard pour espérer éviter un changement
climatique majeur.
Pour un réseau mondial
de surveillance initialisé en Europe
Comme il s’agit d’une question qui devrait concerner
chaque citoyen conscient de ses responsabilités,
il conviendrait de faire beaucoup plus pour alerter l’opinion
des engagements pris par chaque pays et des dérives
éventuelles. Ceci d’autant plus qu’il
est devenu évident que les évaluations nationales
seront volontairement révisées à la
baisse, malgré les engagements de sincérité
pris par les gouvernements. En effet, nul ne voudra admettre
qu’il ne tient pas ses quotas de réduction.
Ceci d’autant plus que la négociation sur le
commerce des autorisations à polluer rendra la fraude
de plus en plus rentable. Le marché sera de plusieurs
milliards d’euros.
Des scientifiques européens proposent une solution
simple destinée à mettre en évidence
les taux d’émission réels, aussi bien
pour le CO2 que pour le méthane (dont l’effet
sur le réchauffement est 100 fois supérieur).
Il s’agirait de remplacer les calculs établis
au niveau national selon des méthodes différentes
et peu contrôlables, par des observations établies
à la base, quotidiennement, région par région,
grâce à un réseau de stations d’analyses
interconnectées. Ces stations seront terrestres,
dans un premier temps, mais il faudra qu’elles soient
relayées par des observations satellitaires provenant
du réseau européen GMES, lui- même connecté
au plan mondial. Les résultats, synthétisés
quotidiennement, devraient être rendus disponibles
pour le monde entier grâce à Internet. Il existe
quelques observatoires aujourd’hui, tel celui établi
au sommet du Mauna Loa à Hawaï, mais ils sont
notoirement insuffisants. De plus, les océans et
les zones polaires ne sont pas couverts.
Si un tel projet voyait le jour, et si l’Europe donnait
l’exemple, chaque citoyen du monde pourrait s’impliquer
dans l’effort fait par son gouvernement et par la
communauté internationale afin de réduire
les émissions de GES. Les experts de leur côté
pourraient établir leurs propres calculs à
partir des données brutes. Le réseau ne coûterait
pas grand-chose au regard des énormes enjeux économiques
et sociaux qui sont impliqués par la lutte pour le
contrôle du climat. Il nécessiterait par contre
une forte volonté citoyenne afin de l’imposer
aux gouvernements et aux régions qui feront tout
pour ne pas être montré du doigt, en cas de
laxisme ou de corruption.
Les
experts européens à consulter sur ce sujet
sont Peter Bergamaschi du Centre commun européen
de recherche à Ispra et Euan Nisbet de l’Université
Royale Holloway à Londres, membre du Global Atmosphere
Watch dépendant de l’ONU. (Source
: NewScientist 24/06/06, p. 10)
Note
Le satellite européen en orbite polaire MetOp , quand
il sera lancé, pourra contribuer, avec ses 2 homologues
lancés ultérieurement, à la surveillance
de la pollution par gaz à effet de serre. Mais il
ne remplacera pas un réseau de balises à terre.
Nous lui consacrerons un article quand il sera opérationnel.
Sur MetOp, voir http://www.esa.int/esaEO/SEM9NO2VQUD_index_0_m.html
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