L'Europe
spatiale en assistance respiratoire
JPB 15/12/05 (brève initialement écrite le
06/12/05)
Réunis
les 5 et 6 décembre à Berlin, les ministres
représentant les 17 pays membres de l'Agence spatiale
européenne, dont le Canada (ESA) sont parvenus à
un accord qualifié par eux d'«historique»
sur l'avenir de l'Agence de 2006 à 2010. Cet accord
est également considéré par les observateurs
comme un début de prise en compte par l'ensemble
des pays européens de l'importance stratégique
de l'espace.
Nous
ne serons pas pour notre part aussi optimistes
(voir notre article dans
ce numéro).
Beaucoup reste à faire, non seulement sur le plan
budgétaire mais sur le plan des esprits, pour que
les Européens comprennent que sans une politique
affirmée de souveraineté spatiale, ils ne
pèseront guère dans les décennies prochaines
face aux Etats-Unis, plus que jamais décidés
à affirmer leur domination globale. Face également
à la Chine et à l'Inde, nouveaux entrants
eux aussi décidés à faire de l'espace
un domaine essentiel de souveraineté.
NB
: Notons que la réunion ne concernait pas les questions
du spatial européen de la défense, pourtant
indissociable désormais de l'espace à finalité
civile.
Le
cerveau dans une assiette
JPB/CJ
13/12/05
Brain-in-a-dish,
le cerveau dans une assiette... Ainsi a été
nommé le "cerveau" mixte réalisé
par Thomas DeMarse, 39 ans, professeur assistant au département
d'ingénierie biomédicale à l'Université
de Floride et directeur du laboratoire de robotique et de
comuputation neurales (Neural Robotics and Neural Computation
Laboratory). Un grand nombre d'articles ont été
écrits ces jours-ci sur cet exploit, car le scientifique,
avec un sens aigu de la communication, a réussi à
faire piloter un simulateur de vol d'un avion de chasse
(F-22 ) par ledit cerveau.
Le dispositf comprend quelque 25.000 neurones vivants prélevés
dans un cerveau de rat et cultivés dans une boîte
de Pétri, laquelle contient aussi une grille de 60
microélectrodes reliées à un micro-ordinateur.
Les neurones placés en désordre dans la boîte
ont rapidement appris à se reconnaître eux-mêmes
et à s'interconnecter, formant un réseau neuronal
vivant, ceci jusqu'à devenir une unité logique
de calcul. Les électrodes permettent d'adresser des
informations venant de l'extérieur à ce système
de neurones formels et de recevoir les informations provenant
de son activité, le tout en relation avec les programmes
de l'ordinateur.
Lorsque
le simulateur de vol(1)
a été connecté via ce dispositif au
réseau de neurones, il a envoyé des informations
sur les conditions de vol de l'avion, lesquelles, soumises
à un humain dans les conditions d'emploi normales
du simulateur, appellent de sa part des mesures de correction
en cas de modifications anormales des paramètres
du vol horizontal. Or, selon Thomas DeMarse, le cerveau
de rat a progressivement appris à contrôler
le vol comme l'aurait fait un humain, en analysant les données
reçues et en corrigeant les ordres de vol dans un
processus en feed-back constamment amélioré.
Pour
les scientifiques, le contrôle de l'avion n'est évidemment
pas assuré par un seul neurone, mais par l'ensemble.
Il s'agit d'une "propriété émergente"
de milliers de neurones connectés à un "corps"
extérieur composé de l'ordinateur et du simulateur.
On peut penser que les milliards de neurones du cerveau
d'un animal vivant ont pu au cours de l'évolution
de chaque espèce faire émerger les capacités
de calcul permettant à cette espèce de contrôler
son comportement dans son environnement. Des câblages
ont été sélectionnés et transmis
par l'hérédité. D'autres complètent
les précédents au cours de l'apprentissage
du jeune.
Ajoutons
ici qu'il s'agit dans cette expérience de reconstituer
des contrôles moteurs simples réalisés
par un tissu nerveux lui-même extrêmement
simplifié. Tout laisse à penser que sur
un tel modèle, les "représentations"
qui dans les organisations corticales à plusieurs
étages sont générées, "émergent"
elles-aussi, en accompagnement de l'activité des
neurones sensori-moteurs n'ont pas pu se former dans le
cerveau de rat étudié. Mais est-ce bien
certain? Certains "neurones-miroirs" ne seraient-ils
pas apparu, observant l'activité des autres? Il
faudra certainement, dans des expériences futures,
étudier de telles possibilités, avec la
formation de structures hiérarchiques.
On voit
en tous cas l'intérêt de ces expérimentations,
qui ne demandent pas des moyens budgétaires énormes.
Le laboratoire de Thomas DeMarse a reçu un contrat
de 500.000 dollars de la NSF, ce qui serait à la
portée du CNRS, si l'on s'intéressait en France
à de telles questions fondamentales. On devine les
multiples suites possibles qui vont être données
à l'expérience relatée.
(1)
L'avion virtuel est équipé d'une caméra
à bord qui fournit des informations visuelles par
l'intermédiaire de stimulation dans le réseau
neurologique, alimentant dans celui-ci des informations
sur l'horizon créé par le simulateur. Les
neurones analysent et traitent les données, envoyant
alors des signaux aux gouvernes de l'avion. Le défi
est ici de déterminer un algorithme qui traduisent
constamment ces signaux de manière à assurer
un vol stable.
Pour en savoir plus
Page
de Thomas DeMarse : http://www.bme.ufl.edu/people/detailperson.php?PEOPLE_id=2
Article
de Virtual Medical Worlds http://www.hoise.com/vmw/04/articles/vmw/LV-VM-11-04-29.html
Transplantation
de la face à Lyon. L'éthique a bon dos
JPB
12/12/05
Beaucoup de gens n'ont pas de sympathie particulière
pour le Pr Dubernard, dont les ambitions politiques avortées
dans sa bonne ville de Lyon avaient paru curieuses. Mais
on ne peut qu'être de son côté et du
côté de son équipe quand on entend
les arguments plus minables les uns que les autres de
ses contradicteurs. L'équipe a réalisé
un exploit qui a montré au monde entier la bonne
qualité de la chirurgie et de la médecine
française - que le monde nous envie, je dis cela
sans rire. Espérons que les suites de l'opération
seront à l'unisson, mais, même en cas d'échec
toujours possible, la réussite est d'ores et déjà
indéniable.
Les
plus jaloux et les plus malveillants sont les chirurgiens
américains. Dans un article du NY. Times (http://www.nytimes.com/2005/12/06/international/europe/06facex.html?pagewanted=print),
ils vont jusqu'à accuser les Français d'avoir
gravement manqué à l'éthique. Quelle
éthique, et qui est en droit d'en fixer les règles?
La lecture de cet article persuade vraiment que les chirurgiens
de Lyon se sont comportés en escrocs. Rien d'étonnant
de la part de Français, sous-tend le journaliste.
Malheureusement,
on voit partout en sciences se généraliser
ce pouvoir occulte et irresponsable qui émane des
donneurs de leçons en éthique. Tantôt
l'éthique sert de prétexte à attaquer
des confrères que l'on jalouse, comme dans le cas
précité. Tantôt et c'est plus grave,
elle permet une réintroduction des idéologies
religieuses s'érigeant en juge de ce que la science
doit faire ou ne pas faire. Le mal est dorénavant
au coeur même de l'Union européenne, avec
les récentes nominations de personnalités
religieuses au Groupe européen d'éthique.
C'est le président Barroso qui en effet vient de
désigner cinq activistes de la droite catholique,
très proches du Vatican et sans compétences
scientifiques. L'ancien commissaire à la recherche
Philippe Busquin, homme modéré et honnête
s'il en fut, s'en est inquiété, déplorant
particulièrement l'arrivée d'un certain
Carlo Cassini, président du mouvement pro-life
Italie et membre de l'académie pontificale pour
la vie. Ce n'est donc pas sur ce nouveau Groupe européen
d'éthique qu'il faudra compter pour encourager
la recherche sur les cellules souches embryonnaires, pourtant
essentielle au plan thérapeutique.
On
espère que le futur European Research Center n'ira
pas chercher ses recommandations de recherche au Vatican
ou près de ce Groupe européen d'éthique
- non plus qu'à La Mecque, évidemment. 12/12/05
Groupe européen d'Éthique des Sciences et
des Nouvelles Technologies http://europa.eu.int/comm/european_group_ethics/index_fr.htm
Exploration
spatiale télérobotique
JPB 11/12/05
On connaît
mal en France le Centennial Challenge, concours organisé
par la Nasa depuis le début de la décennie,
destiné à encourager les recherches non conformistes
sur de nombreux thèmes intéressant l'exploration
spatiale sous ses diverses formes. Ce concours est doté
de prix atteignant chaque année plusieurs dizaines
de millions et est ouvert à tous, notamment aux petites
entreprises et laboratoires innovants. On ne peut que regretter
l'absence d'une telle formule en Europe, sous la responsabilité
de l'Agence spatiale européenne. On imagine l'effet
d'entraînement qu'elle pourrait avoir sur un certain
nombre de chercheurs prêts à créer des
start-up afin d'exploiter des idées en rupture avec
le consensus académique ambiant, et qui ne trouvent
pas, outre une écoute sympathique, les quelques centaines
de milliers d'euros leur permettant de commencer à
décoller.
Aujourd'hui,
la Nasa offre deux prix de 250.000 dollars pour encourager
l'utilisation des robots dans l'exploration planétaire
et la construction automatique. Selon la revue NewScientistSpace,
le premier, intitulé Telerobotic Construction
Challenge, cherche à promouvoir des robots semi-autonomes
pouvant construire des structures compliquées avec
un minimum d'assistance humaine. Ceci signifie que les robots
devront pouvoir rassembler des pièces mécaniques
dispersées sur une aire de démonstration en
utilisant leurs seuls capteurs sensoriels. Ils seront cependant
pilotés par des opérateurs humains distants,
mais ceux-ci ne verront les objets qu'à travers les
capteurs du robot. De plus les ordres qu'ils enverront subiront
un retard de transmission analogue à celui imposé
par la communication avec un astre distant. Les spécialistes
de la Nasa estiment que si de tels robots peuvent assembler
efficacement des structures complexes, la construction des
futures stations lunaires en sera considérablement
facilitée.
Le
second concours vise à obtenir un engin aérien
sans équipage (drone) capable d'explorer des terrains
inconnus en ne se guidant que sur des repères visuels.
L'engin devra aussi pouvoir mettre en oeuvre un dispositif
capable de prélever des échantillons du
sol. Ce second type de robot est destiné à
opérer sur des astres disposant d'une atmosphère,
telle que celle dont est doté Titan, un satellite
de Saturne.
Les
travaux devraient commencer en 2007 et durer environ deux
ans. La première sera administrée par la
Spaceward Foundation de Mountain View (Californie), la
seconde par le California Space Education and Workforce
Institute de Santa Monica.
Ceci
montre que tant la Nasa pour l'exploration spatiale que
la Darpa concernant les systèmes militaires, comptent
de plus en plus sur les possibilités des robots pour
accomplir des tâches que des hommes seront longtemps
incapables de faire, même en tenant compte de l'évolution
technologique. On ne peut que regretter par comparaison
l'état de jachère où est laissée
la robotique, en France mais aussi (dans une moindre mesure)
en Europe.
Notons
cependant que les défis n'aboutissent pas toujours,
du moins immédiatement. C'est ce qui est arrivé
à un prototype destiné à tester le
principe de l'ascenseur spatial, qui n'a pas vraiment
réussi à décoller. Mais les promoteurs
ne comptent pas abandonner.
Pour
en savoir plus
Le
Centennial Challenge http://exploration.nasa.gov/centennialchallenge/cc_index.html
Sur
l'ascenseur spatial, voir l'article de NewScientistSpace
http://www.newscientistspace.com/article/dn8203
Nouvelles
avancée dans le domaine de l'information quantique
CJ 07/12/05
Les
chercheurs canadiens de l'Institut de Calcul Quantique
(ICQ) de l'Université de Waterloo viennent de réaliser
des avancées majeures en matière d'informations
quantiques qui pourraient bientôt révolutionner
le monde de l'informatique : c'est ce que montre l'étude
dirigée par Raymond Laflamme, directeur de l'ICQ,
publiée récemment dans la revue Nature(1)..
Si Raymond Laflamme a déjà prouvé
qu'il est possible d'élaborer des ordinateurs quantiques,
il est maintenant essentiel de mieux connaître les
sources de bruit dans les dispositifs quantiques et de
trouver la meilleure façon de contrôler les
erreurs. En utilisant la résonance magnétique
nucléaire, l'équipe de scientifiques a ainsi
cherché à expliquer comment le calcul quantique
utilise les lois qui gouvernent les atomes et les molécules,
résultats qui permettraient de rendre le traitement
de l'information quantique encore plus performant que
nos ordinateurs actuels.
Les chercheurs ont ainsi découvert qu'un élément
clé de cette étude était d'initialiser
des porteurs d'information quantique (qubits) tout en
maîtrisant leur température. Pour cela, ils
ont appliqué une nouvelle technique de refroidissement
algorithmique, appelée "Heat-Bath Algorithmic
Cooling", qui permet de générer des
spins hautement polarisés et pourrait donc améliorer
la force du signal en spectroscopie de la résonance
magnétique nucléaire. La méthode
combine des transformations réversibles et irréversibles
avec l'environnement, en utilisant des techniques simples
de calculs quantiques pour améliorer de façon
considérable la polarisation des spins, bien au-delà
des résultats précédemment obtenus
avec la théorie de l'information de Shannon.
Pour
en savoir plus :
Nature
438 du 24 novembre 2005, pages 470 à 473 : Experimental
implementation of heat-bath algorithmic cooling using
solid-state nuclear magnetic resonance, par J Baugh,
O. Moussa, C. A.
Ryan,
A. Naya et R. Laflamme [lire
l'abstract]
Institute
for quantum computing : http://www.iqc.ca
Page
web de Raymond Laflamme : http://www.iqc.ca/people/rlaflamme/
Voir aussi notre article du 29 janvier 2005 : Pour
un grand programme européen, l'ordinateur quantique
Une
forme de dialecte chez les singes, en fonction de l'habitat...
CJ 07/12/05,
Les
singes d'une même espèce développeraient
une forme de communication différente selon leur
environnement : voici la conclusion d'une étude
menée par l'équipe du professeur Nobuo Masataka
(Primat Research Institute, Université de Kyoto)
qui vient de paraître dans la revue Ethology(1).
Les travaux rapportent que l'équipe de scientifiques
a étudié pendant 10 ans deux populations
distinctes de macaques japonais (Macaca fuscata yakui)
: le premier groupe comprenant 23 femelles habitant l'ile
de Yakushima, et le second composé 30 femelles
de la même espèce - car descendant directement
des femelles du premier groupe - et transférés
en 1956 de l'île de Yakushima jusqu'au Mont Ohira
(préfecture d'Aïchi).
Les chercheurs ont constaté que les macaques du
Mont Ohira avaient changé la fréquence de
leurs appels de reconnaissance, suggérant une adaptation
de leur système de communication à leur
habitat. En effet, la densité de la forêt
de l'île de Yakushima est telle qu'elle impose aux
macaques des cris de fréquence plus élevée
pour se faire entendre (de l'ordre de 780 Hz). Pour leur
part, les bois du Mt Ohira, plus clairsemés, permettent
la propagation de fréquences plus graves (environ
670 Hz).
Alors qu'on n'observe au départ aucune différence
de fréquence entre les jeunes macaques des deux
groupes, le contraste apparaît vers l'âge
de 10 mois, ce qui correspond à la fin de
l'apprentissage du langage chez cette espèce(2).
Ainsi, pour Nobuo Masataka, l'étude suggère
donc que cette différence ne serait pas causée
par les gènes, "chaque groupe a adopté
son propre "accent", dépendant de l'environnement
où il vit, ajoutant que ces résultats
peuvent apporter une meilleures compréhension des
origines du langage chez l'homme.
(1)
Revue scientifique allemande - Edition du 5 décembre
2005
(2) Age de 3 ans chez
les humains.
EADS
Space supprime 700 emplois
JPB 05/12/05
C'est
ce qu'annonce François Auque, le président
de cette filiale lanceurs et infrastructures au sol de
EADS. La réduction d'emplois, sur les 4.500 que
compte l'entreprise, sera échelonnée sur
3 ans. La responsabilité en tient au fait que les
programmes Ariane 5, ATV (véhicule de transport)
et M 51 (missile balistique) arrivent en fin de développement,
et que rien n'est programmé par l'Europe spatiale
pour leur donner suite. Français Auque avait annoncé,
dans le colloque récemment consacré à
l'espace au Sénat http://www.automatesintelligents.com/manif/2005/crespaceprogramme.html,
que ce processus de décroissance surviendrait inévitablement,
faute d'une relance de la recherche développement
destinée à préparer les futures générations
d'engins. Les réductions d'emplois affectent particulièrement
les ingénieurs des bureaux d'étude. Tout
cela laissera le champ libre aux Etats-Unis et à
la Chine.
Actualités
d'Ariane 5 ECA
JPB 03/12/05
Après
le succès du lancement d'Ariane 5 ECA le 16 novembre,
l'Europe de l'espace, et plus particulièrement
Arianespace, peuvent considérer l'avenir proche
avec un peu plus de sérénité. Ce
lancement, différé de quelques jours pour
des raisons non liées au lanceur, était
en effet capital. Il fallait mettre en orbite de transfert
géostationnaire le satellite américain Spaceway-2,
puis, six minutes plus tard, le satellite indonésien
Telkom-2, à eux deux pesant plus de huit tonnes,
soit la plus grosse charge utile jamais portée
par le lanceur européen.
Ce
succès a donné au président de la
République française et au chef du gouvernement
l'occasion de rappeler la priorité stratégique
que constitue l'autonomie d'accès à l'espace
pour la France et pour l'Europe. On se souvient qu'après
un échec en décembre 2002, puis un retour
en vol réussi le 12 février 2005 avec le
satellite de télécommunications Xtar-Eur,
Ariane 5 "dix tonnes" avait besoin d'un second
succès commercial pour être pleinement qualifiée,
notamment aux yeux des clients de plus en plus sollicités
par la concurrence d'autres pays lanceurs.
Pour Arianespace, l'évènement mérite
d'être souligné. "Plus de huit tonnes
ont été placées en orbite, ce qui
constitue un record mondial. Cela ouvre la voie pour cinq
à six lancements Ariane 5 ECA l'année prochaine,
a précisé l'un de ses représentants.
"Nous sommes en train de révolutionner le
transport spatial mondial, car nous avons une cadence
comme n'en a aucun de nos concurrents. Nous avons déjà
lancé, cette année, six satellites de télécommunications,
soit pratiquement autant que nos deux compétiteurs
réunis".
Pour
l'avenir proche, selon le président-directeur général
du Centre national d'études spatiales, l'autorité
de tutelle de la conception d'Ariane 5. "Il y a deux
activités à mener en parallèle. La
première, c'est de produire les trente Ariane 5
déjà commandées. La deuxième,
c'est de préparer des améliorations, le
successeur d'Ariane 5, et de maintenir des compétences".
Le successeur sera en principe le lanceur Ariane 5 "douze
tonnes" . Mais le financement de celui-ci ne semble
pas encore programmé.
Le
prochain vol d'Ariane 5 est prévu pour la fin décembre,
avec les satellites indien Insat-4A et MSG2 pour Eumetsat,
à bord d'une Ariane 5 générique.
Pour
en savoir plus
http://www.arianespace.com/site/news/news_sub_missionupdate_index_ariane_eca.html
Giove
A, premier satellite Galiléo, sur le départ
JPB 01/12/05
L'Esa
annonce le départ du satellite GIOVE A, premier
de la série des Galiléo, non pour l'espace
mais pour son site de lancement à Baïkonour.
Le satellite, à partir du Centre de conditionnement
de l'Esa en Hollande (Estec, European Space Research and
Technology Centre) qu'il a quitté par la route
puis par avion le 29 septembre, sera placé sur
un lanceur Soyouz Fregat russe. Le lancement définitif
est prévu pour fin décembre.
Ce
satellite et son double Giove B, en cours de conditionnement,
constituent les éléments d'un dispositif
de validation en orbite (Galileo In-Orbit Validation ou
IOV) qui a pour objectif de vérifier l'ensemble
des dispositifs techniques, de démontrer la faisabilité
de l'émission des coordonnées spatiales
et temporelles permettant la précision de localisation
recherchée (moins de 50 cm d'indétermination)
et de sécuriser les gammes de fréquences
utilisées.
Giove A a été développé par
l'entreprise Surrey Satellite Technology Ltd (UK). Galileo
Industries (GaIn) développe de son côté
le satellite Giove.B. GaIn est un consortium européen
comprenant Alcatel Alenia Space (F/I), Astrium (D/UK)
et Galileo Sistemas y Servicios (E). Il sera lancé
en 2006 après passage par l'ESTEC.
La
phase suivante de Galileo IOV consistera à déployer
2 autres satellites, l'ensemble précédant
les 30 satellites représentant le système
Galiléo complet. On appréciera l'effort
de coopération entre nombreux industriels et personnels
européens que représente l'ingénierie
et le management d'un tel système. Il était
temps que les premières opérations en vol
se précisent, grâce à la pression
mise sur les Etats bailleurs de fonds par l'Esa. Certains
observateurs commençaient à douter de l'avenir
du système européen.
L'image (Esa)
ne représente pas un vulgaire chargement de choux-fleurs,
mais le satellite et son environnement dans leurs containers,
roulant vers Schihpol Airport.
Retard
au lancement du satellite privé FalconSat-2
JPB 29/11/05
On
attendait avec intérêt le premier lancement
de la fusée Falcon-1 développée par
le millionnaire américian d'origine sud-africaine
de 34 ans Elon Musk. Elle devait s'élancer d'un
ilot du Pacifique dans les Marshall, en emportant un petit
satellite développé par des étudiants,
sur financement de la Darpa, le FalconSat-2. Ce satellite
doit mesurer l'effet des plasmas solaires sur les télécommunications
spatiales, notamment le GPS. Mais ce lancement, prévu
pour le 25 novembre, a du être retardé pour
des raisons techniques qui n'ont d'ailleurs rien d'anormal
dans le cas d'une première.
Ce
qui est intéressant est l'audace de l'entreprise,
émanant d'un industriel qui n'est pas adossé
aux grands de l'aéro-spatial (encore qu'il dispose
de nombreux appuis à la Nasa). Elon Musk a créé
en 2002 à El Segundo (Calif.) la société
SpaceX, Space Exploration Technologies, à partir
de bénéfices faits dans le software et surtout
le paiement en ligne (PayPal, devenue n° 1 du domaine),
qu'il a revendu à eBay. SpaceX dispose actuellement
d'un effectif de 160 ingénieurs provenant de la
Nasa et de divers avionneurs.
La
démarche s'inscrit dans la tendance actuelle encouragée
aux Etats-Unis par les restrictions de crédits
affectant la Nasa, laquelle doit se consacrer en priorité
à son objectif lunaire. De riches entrepreneurs
privés prétendent pouvoir faire aussi bien
et moins cher que les grandes structures. SpaceX affirme
pouvoir abaisser sensiblement le prix du lancement à
la tonne. La famille Falcon vise, avec le n° 9 déjà
prévu, les 10 tonnes en orbite basse, avec des
technologies simples.
Voici
qui renforce les arguments des industriels européens
de l'espace, selon lesquels il faut plus que jamais financer
les lanceurs destinés à optimiser puis prendre
la suite d' Ariane 5 ECA, dont on attend encore à
ce jour le 2e vol commercial, retardé pour des
problèmes inhérents à la plateforme.
Pour
en savoir plus
Article
de Scace.com http://www.space.com/missionlaunches/051126_falcon1_scrub.html
Site
de SpaceX http://www.spacex.com/
On y trouve notamment des détails concernant le
Falcon9, dont une agence publique américiane se
serait déjà porté acquéreur.
Révolution
en vue dans le bio-diésel
JPB 28/11/05
Il
semble bien qu'une firme allemande spécialisée
dans les bio-diésels, Choren, soit en train de
révolutionner la production des bio-carburants.
Associée à Shell, elle a réussi à
produire un carburant opportunément nommé
SunDiesel ou Syngas qui utilise non pas des produits agricoles
consommables pour l'alimentation humaine, mais de la biomasse
de rebut (feuilles, branches, sciures) qui existe en grande
quantité dans la nature. Un procédé
breveté complexe, que nous ne décrirons
pas ici, dit Carbo-V® “Biomass-gasification
process" permet d'obtenir un fuel de bonne qualité,
très faiblement polluant. Le prix en sera d'autant
plus compétitif que les fiscalités nationales
prendront en compte l'aptitude de ce procédé
à aider au respect des accords de Kyoto sur la
production de CO2. 1)
Cette
annonce mériterait une réflexion économique
et politique attentive, à replacer dans la compétition
énergétique entre l'Europe et l'Amérique.
On y voit qu'un pétrolier européen, associé
à une entreprise européenne hautement intelligente,
peut proposer des percées qui pourraient changer
la donne des marchés des carburants liquides. On
imagine la source d'emplois qui en résultera en
cas de succès pour l'Europe. Félicitons
nos amis allemands de ne pas attendre la raréfaction
du pétrole en se lamentant, mais de chercher activement
des solutions permettant de sortir du piège.
1)
On peut cependant s'interroger sur le caractère
"abondant" de la ressource envisagée,
les déchets végétaux. Sont-ils suffisants
pour alimenter une production importante? Ne va-t-on pas
en les récoltant priver les cycles naturels d'une
partie essentielle de leur capacité de renouvellement,
puisque la fermentation spontanée des déchets
enrichit les sols au profit des plantes et des animaux?
Au Canada, où les premières études
ont été faites, la ressource ne manque sans
doute pas, mais quid en Europe? La démarche proposée
par Choren ne prendra tout son sens, en Europe, que dans
le cadre d'une exploitation réfléchie des
massifs forestiers. On sait que les forestiers européens
voient d'un bon oeil augmenter les débouchés
du bois, car ceux-ci (évidemment dans certaines
limites à définir au cas par cas) encouragent
l'augmentation des surfaces emboisées et non leur
diminution.
La
question des bio-carburants n'est pas simple. On voit
actuellement les effets pervers d'un recours irréfléchi
aux végétaux de culture dans le cas des
fuels obtenus à partir du soja et de l'huile de
palme. La forte demande provenant des pays riches en faveur
de ces produits conduits les paysans d'Amazonie et de
Bornéo à défricher encore plus vite
que jusqu'ici les forêts primaires de leur pays,
lesquelles sont pourtant au bord de l'extinction (voir
NewScientist, 19/11/05, p. 19). En conséquence
de quoi la biodiversité sera la première
victime des carburants biologiques. Voila une raison de
plus, dira la firme Choren, pour faire appel aux déchets
végétaux.
Pour
en savoir plus
Choren
Industries présente le SunDiesel
http://www.choren.com/en/choren/information_press/press_releases/?nid=55
Article
du MIT Technology Review
http://www.technologyreview.com/BizTech-Energy/wtr_15923,296,p1.html
Succès
de l'exploration de l'astéroïde
Itokawa par la sonde japonaise Hayabusa
JPB 28/11/05
La
communauté spatiale a unanimement applaudi l'exploit
réalisé par la Jaxa, Agence Japonaise de
l'Espace, dont le programme d'exploration de l'astéroïde
Itokawa semble finalement évoluer très favorablement.
Il s'agissait d'une mission d'une extrême difficulté
puisque la sonde Hayabusa a du voler bord à bord
pendant des semaines avec l'astéroïde, avant
de s'en approcher à quelques mètres et finalement
s'y poser quelques instants. Un poids envoyé sur
l'astéroïde a permis de soulever des fragments
de matière qui ont été aspirés
à l'intérieur de la sonde. Celle-ci va maintenant
entreprendre son long voyage de retour vers la Terre (180
millions de miles). Le samedi 26, elle a manifesté
des troubles de comportement qui ont obligé la
Jaxa à fermer ses moteurs fusées, mais elle
sera quoiqu'il arrive relancée le 10 décembre.
Sinon elle perdrait les créneaux favorables lui
permettant, après avoir orbité autour du
soleil, d'atteindre la Terre en 2007.
La sonde a expérimenté, hors manoeuvres
d'approche, un nouveau type de moteur ionique utilisant
un champ électrique pour accélérer
des ions positifs. L'objectif est de généraliser
de tels moteurs (que l'ESA avait précédemment
utilisé avec succès) en vue de futures missions.
La Jaxa a annoncé début 2005 qu'elle entendait
envoyer prochainement un astronaute dans l'espace et établir
une base lunaire en 2025. L'Europe n'a plus qu'à
faire de même...
L'image (Jaxa) représente la surface de l'astéroïde,
photographiée à quelques dizaines de mètres
de distance par la sonde, dont l'ombre portée apparait
sur le sol, à côté d'un point brillant
qui est un marqueur envoyé par la sonde afin de
guider l'atterrrissage final (l'itokawaïssage final).
Les rectangles noirs figurent les panneaux solaires de
Hayabusa.
Décès
de Jean Delacour
CJ 27/11/05
Nous
apprenons aujourd'hui avec tristesse le décès
de Jean Delacour, survenu le 6 novembre dernier, dans
sa 70ème année.
Philosophe,
Psychologue expérimental, Docteur ès Sciences,
il a consacré sa vie à la recherche dans
le domaine des Neurosciences. Il fut professeur de Psychophysiologie
à l'Université Paris 7, au sein de laquelle
il créa puis dirigea jusqu'à sa retraite,
en 2000, le Laboratoire de Psychophysiologie.
Jean
Delacour a su éclairer de son immense culture philosophique
une expérimentation novatrice et intègre,
étudiant particulièrement les domaines de
l'Apprentissage, de la Mémoire et de la Conscience,
écrivant sur ces sujets de nombreux livres qui
font autorité en la matière.
Expert international dans son domaine, il comptait des
correspondants scientifiques dans le monde entier.
Il
a créé et dirigé jusqu'en octobre
2004 une collection d'ouvrages scientifiques dédiée
aux Neurosciences Cognitives (parmi lesquels ses propres
écrits : "Une introduction aux Neurosciences
Cognitives", 1998 [voir
notre recension], et "Conscience et Cerveau",
2001). Ces ouvrages, choisis par lui même parmi
ses nombreuses lectures, traduits d'éminents auteurs
étrangers ou écrits par des spécialistes
de langue française, sont destinés aux étudiants
avancés de Psychologie, de Biologie et de Médecine,
ainsi qu'à "l'honnête homme" qui
veut comprendre les données de la Science contemporaine.
L'ouvrage
Robots, genèse d'un peuple artificiel récompensé
par le Prix Roberval
CJ 25/11/05
Robots,
genèse d'un peuple artificiel, ouvrage de référence
sur la robotique, a obtenu ce 25 novembre la Mention Spéciale
du jury du Prix Roberval 2005 (catégorie"
grand public"), prestigieuse récompense visant
à distinguer les meilleurs ouvrages francophones
en matière de vulgarisation scientifique et technique.
Nous
avions souligné lors de sa sortie l'importance
de cet ouvrage [voir
notre recension], fruit
d'un travail de plusieurs années, aboutissant à
une somme sans équivalent. Fort de 540 pages et
plus de 1500 illustrations - souvent inédites-
ce livre écrit par Daniel Ichbiah, conçu
et réalisé en France par FYP Editions et
édité par Minerva, est sorti simultanément
en trois langues : français, anglais et allemand.
"Etre
récompensé par le prestigieux jury du Prix
Roberval est un grand honneur pour nous", a déclaré
Philippe Bultez Adams, responsable éditorial de
FYP Editions. "Mais au-delà de la récompense
pour l'ouvrage et le travail qu'il a nécessité,
j'y vois la marque d'un intérêt grandissant
pour le sujet en lui même. La diversité des
robots, la vitalité du marché qu'ils représentent
dans de nombreux pays, et leur potentiel scientifique
ou économique sont aussi étonnants que méconnus.
Il est urgent de s'intéresser à ces formidables
vecteurs d'innovation que sont les robots, tout en s'interrogeant
sur le sens de ce qu'ils représentent pour l'avenir
de l'homme et de notre civilisation".
Pour
en savoir plus
FYP
Editions : http://www.fypeditions.com
Site
du Prix Roberval : http://prixroberval.utc.fr/
TermSciences
: un portail terminologique multidisciplinaire pour la
communauté scientifique
CJ 25/11/05
Conçu
par le CNRS, lInserm, lINRIA, lINRA
et le Cemagref, ce nouveau portail a pour objectif de
valoriser et de mutualiser les ressources terminologiques
(lexiques, dictionnaires, thésaurus) pour aboutir
à la constitution d'un référentiel
terminologique commun, consutable en libre accès
sur internet. La participation à ce projet est
ouverte à tous les organismes publics de recherche
et d'enseignement supérieur.
Le site, pour l'instant, n'offre que des traductions en
quatre langues (français, anglais, espagnol et
allemand), mais va s'enrichir au cours du temps. TermSciences
compte par exemple la traduction de près de 730
mots anglais commençant par "micro" (de
microcentrale hydroélectrique à microzonation).
Pour
e n savoir plus
TermSciences
: http://termsciences.inist.fr/
L'Internet
des objets
JPB 23/11/05
L'Internet
des objets va dépasser en importance l'Internet
des humains. Cette conclusion est celle d'un rapport de
l'Union Internationale des Télécommunications
réalisé pour l'ONU et présenté
au sommet mondial de la société de l'Information
à Tunis.
Les rapporteurs envisagent le moment où les objets
dotés d'étiquettes électroniques
à répondeur radio (Radio Frequency Identification
ou RFID), les meubles et immeubles équipés
de capteurs et de senseurs divers se compteront par milliards
et créeront une connectivité en réseau
ubiquitaire. Les humains, dans ce monde de receveurs et
d'émetteurs, ne seront plus qu'une minorité.
Le point intéressant, selon les rapporteurs, est
que ce phénomène touchera aussi bien aussi
bien les pays pauvres que les pays riches. Ils donneront
l'occasion de nombreux services à valeur ajoutée
que les pays en développement, où abondent
déjà les compétences informatiques
à bas coût de revient, sauront mieux exploiter
que leurs concurrents des pays riches. Des marchés
entièrement nouveaux devraient en résulter.
Mais la généralisation d'un Internet des
objets aura aussi des côtés négatifs.
Ce sera d'abord l'augmentation du niveau général
de radiation électro-magnétique, dont il
faudra étudier avec soin les effets sur le vivant.
Ce sera aussi, dans un autre ordre d'idée, le développement
exponentiel des possibilités de contrôle
sur les usages et les comportements. Beaucoup de ces contrôles
seront conduits pour des raisons commerciales, sans souci
de respecter la privauté des individus. Le rapport
appelle à une concertation générale
des gouvernements et des entreprises pour éviter
les abus. Mais on sait déjà ce qu'il en
est de ce type de démarche, quand on regarde comment,
aujourd'hui, les législations nationales dites
Informatique et Libertés sont devenues inapplicables.
Si rien n'est fait cependant, en termes de définition
de normes techniques communes ainsi que de principes à
respecter pour éviter les abus, le public pourra,
dans certains pays sensibilisés tout au moins,
se détourner des produits dotés d'émetteurs
et de senseurs. Mais le mouvement général
ne sera pas arrêté pour autant. Si par exemple
les Européens décidaient de se tenir à
l'écart du futur Internet des objets, ils accumuleraient
de tels retards industriels et commerciaux qu'ils ne pourraient
pas maintenir longtemps leur position restrictive.
Pour
en savoir plus
Se
procurer le rapport (payant)
http://www.itu.int/publications/folderdetails.aspx?lang=e&media=paper&folder=S-POL-IR.IT-2005&menu=categories
Les
500 ordinateurs les plus puissants du monde
CJ 21/11/05
La
26ème édition de la liste des 500 ordinateurs
les plus puissants du monde vient d'être publiée
à l'occasion de la conférence sur les "super-ordinateurs"
("Supercomputing
conference") qui s'est tenue à Seattle,
du 12 au 18 novembre dernier.
La première place du classement revient à
"Blue Gene/L", ordinateur développé
conjointement par IBM et l'Administration pour la sécurité
nucléaire nationale (NNSA).
Déployé au sein du Laboratoire National
Lawrence Livermore (LLNL), à l'Est de San Francisco,
Blue Gene/L (qui comprend quelque 13 1072 processeurs)
fait partie des outils du programme Advanced Simulation
and Computing Program destiné à valider
des conceptions d'armes nucléaires et à
certifier les armes, en s'appuyant notamment sur la simulation.
Signalons que les performances de ce super-ordinateur
ont été doublées depuis juin dernier,
date de la précédente édition du
classement (que Blue Gene/L avait déjà remporté).
En crête, le système est désormais
capable d'effectuer 280,6 trillions de calculs par seconde
-soit 280,6 teraflops - (contre 136.8 il y a six mois)
ou plus de 100 teraflops soutenus, loin devant le second
de la liste, un autre système Blue Gene, avec 91,2
teraflops et le troisième, le Purple de Livermore,
lui aussi produit par IBM (63, 3 teraflops).
Il faut attendre la quatrième machine classée
(le SGI Columbia installé au centres AMES de la
NASA) pour trouver un autre constructeur qu'IBM (qui est
le fabricant de 43,8% du Top500...). 8 des 10 premiers
classés ont été produits par des
constructeurs (IBM : 5, Cray : 2 et SGI : 1) qui ont béneficié
du programme High Productivity Computing Systems
(HPCS) de la DARPA, ainsi que, pour IBM, d'un partenariat
fort avec le DOE.
L'Earth Simulator japonais, premier encore au début
de l'année 2004, arrive désormais 7ème
de la liste, avec 35,8 téraflops.
Sur l'ensemble des 500 ordinateurs classés, 305
sont situés aux Etats-Unis, 100 en Europe et 66
en Asie. L'écrasante majorité des machines
est d'architecture scalaire (et non plus vectorielle(1)),
avec une forte prédominance de clusters (près
des trois quarts). Linux (74%) et Unix (20%) dominent
le classement.
Les
USA se taillent donc la part du lion avec 305 des 500
machines listées (267 l'année dernière),
l'Europe arrive ensuite avec 100 machines (Espagne en
8ème position (27,9 teraflops), Pays-bas en 9ème
(27,4 teraflops), Suisse(2)
en 13ème (18,2 teraflops), Angleterre 34ème
(9,2 teraflops), Allemagne 37ème (8,9 teraflops),
France 62ème (5,8 teraflops), Suède 70ème
(4,9 teraflops) et l'Asie 66 (dont 21 pour le Japon et
17 pour la Chine (qui arrive en 26 ème position,
avec 10,3 teraflops). L'inde arrive en 111ème position
(3,75 teraflops avec un système cluster fabriqué
par IBM).
(1)
Voir notre article du 2 mars 2004 : Les
superordinateurs et la course au pétaflop
(2)
Voir notre actualité du 19/06/05 : Reconstruction
du cerveau "in silico"
Pour
en savoir plus :
Liste du top 500 : http://www.top500.org/lists/2005/11/basic
Top 500 Report for november 2005 : http://www.top500.org/lists/2005/11/Top500-Report-1105.pdf
Voir
aussi : notre actualité du 25/11 : Deisa,
un calculateur virtuel pour l'Europe
Premier
bilan de l'Agence nationale de la recherche
JPB/CJ
17/11/05
Créée
en février 2005, l'Agence nationale de la recherche
{actuellement Groupement d'Intérêt Public
(GIP)] fait état d'un premier bilan, qui a été
présenté lors d'une conférence de
presse donnée le 15 novembre par François
Goulard, ministre délégué à
l'Enseignement supérieur et à la Recherche,
et Gilles Bloch, directeur de l'ANR.
L' Agence financera une première vague de 1 500
projets d'une durée de trois ans maximum, pour
un montant de 540 millions d'euros. Au total, 4 500 équipes,
dont 800 entreprises, bénéficient de ces
crédits, le CNRS en recueillant 30 %, suivi par
le secteur privé (19 %). Les fonds, qui ont commencé
à parvenir aux laboratoires, devraient être
distribués d'ici la fin décembre. En 2006,
l'ANR sera dotée de 800 millions d'euros, et de
plus d'un milliard d'euros "en régime permanent",
selon le ministre.
Le
secteur Matière et information recevra 130 millions
d'euros pour 220 projets. Viennent ensuite : Biologie
et santé (110 millions d'euros, 270 projets) ;
Energie durable et environnement (100 millions d'euros,
150 projets) ; Ecosystèmes et développement
durable (47 millions d'euros, 120 projets). Enfin, les
sciences humaines et sociales devraient récolter
quelque 25 millions d'euros, mais au titre des "programmes
blancs" faisant partie du volet non thématique
des financements de l'ANR. Dotée de 170 millions
d'euros pour 670 projets, cette ligne comprenait aussi
le financement de "chaires d'excellence" et
de projets "jeunes chercheurs".
Il
s'agit manifestement de micro-financements, soit en moyenne
400 K.euros par projet. Fallait-il disperser ainsi ou
regrouper davantage? Il est difficile de répondre.
On peut penser que les projets retenus, même s'ils
ne pourront pas compter sur ces seuls financements pour
démarrer ou décoller, en tireront une certaine
reconnaissance qui leur servira ultérieurement.
Mais dans ce cas, il sera utile que l'ANR fasse connaître
le moment venu, au-delà de la liste des projets
retenus (voir sur ce point son site http://www.gip-anr.fr)
ce à quoi ont abouti ces projets, qu'il s'agisse
d'échecs ou de succès.
L'Europe
participe activement à la recherche des ondes gravitationnelles
JPB/CJ
17/11/05
Le
Conseil d'Administration du CNES du 3 décembre
2004 avait décidé l'engagement des phases
B/C/D de la participation française au projet LISA
Pathfinder du plan Vision Cosmique de l'ESA. Ce projet
spatial (LISA pour Laser Interferometer Space Antenna)
a pour objet de détecter les ondes gravitationnelles
dont l'existence a été prédite par
la théorie de la Relativité Générale.
De telles ondes n'ont pas encore été observées
directement. A la différence des ondes électromagnétiques,
les ondes gravitationnelles interagissent très
peu avec les étoiles ou la matière interstellaire
; aussi constituent-elles une source d'information potentiellement
exceptionnelle pour étudier l'univers et son évolution.
Certains physiciens d'ailleurs doutent de leur existence,
ce qui remettrait en cause la Relativité. Mais
pour la plupart, il suffit seulement de réaliser
les instruments d'une extrême sensibilité
permettant d'interagir avec elles. En cas de succès,
outre des prix Nobel, ce serait, a dit le Pr Bernard Schutz
de l'Albert Einstein Institute et de la Cardiff University,
une révélation analogue à celle ressentie
par une personne sourde qui découvrirait subitement
que le monde émet des sons et qu'il présente
donc des dimensions insoupçonnables jusqu'alors.
En
1996, LISA a été approuvé à
l'ESA comme une mission « pierre angulaire »
de son programme scientifique obligatoire et une coopération
entre l'ESA et la NASA a été initiée.
Elle a abouti au concept d'un interféromètre
à trois satellites, volant en formation, dont le
lancement est actuellement prévu en 2012-2013.
Ce
pari technologique (développements dans le domaine
des lasers ultra-stables, des télescopes, des accéléromètres,
des micropropulseurs et de la compensation de traînée)
a conduit à décider une mission de démonstration
intermédiaire : LISA Pathfinder (notre image).
La France y participe avec la réalisation d'un
sous-système de l'interféromètre
de la mission LISA Pathfinder : un dispositif de séparation
des faisceaux laser par modulation acousto-optique. Plusieurs
laboratoires français regroupés au sein
du consortium LISA-France seront coordonnés par
le Laboratoire APC (Astroparticules et Cosmologie, Université
Paris 7) du CNRS/IN2P3.
LISA
Pathfinder sera lancé en 2008 par un petit lanceur
européen ou russe sur une orbite de transfert géostationnaire
et utilisera son propre module de propulsion pour atteindre
son orbite opérationnelle autour du point de Lagrange
L1 , à environ 1,5 million de km de la Terre vers
le Soleil.
On
sait que dans l'immédiat des expériences
très délicates d'interférométrie
au sol par laser sont menées conjointement en Allemagne
(dispositif dit GEO 600, notre image), et aux Etats-Unis
(Ligo 1 et 2 - Laser Interferometer Gravitational-Wave
Observatory), avec l'espoir de détecter simultanément
un événement ou deux, en 6 mois, susceptibles
d'être attribués aux phénomènes
cosmiques extrêmement violents capables de créer
des ondes gravitationnelles détectables sur la
Terre.
Rappelons
aussi, en Italie à Pise, l'existence de VIRGO,
collaboration scientifique de 5 laboratoires français
et 6 laboratoires italiens qui a pour but la détection
des ondes gravitationnelles provenant de sources cosmiques
comme les supernovae, ou les couples d'étoiles
a neutrons, en mesurant la différence de phase
entre deux rayons laser se propageant dans un immense
interféromètre de Michelson de 3km de long.
Dans
le même domaine, citons les expériences TAMA
au Japon, et ACIGA en Australie.
Pour en savoir plus
Lisa Pathfinder :
http://www.esa.int/esaSC/120397_index_0_m.html
GEO
600 : http://www.geo600.uni-hannover.de/
Ligo
: http://www.ligo.caltech.edu/
Lisa
vue par la Nasa :
http://lisa.jpl.nasa.gov/
Lisa
vue par l'Esa : http://sci.esa.int/science-e/www/area/index.cfm?fareaid=27
LISA is an ESA-NASA mission involving three spacecraft
flying approximately 5 million kilometres apart in an
equilateral triangle formation. Together, they act as
a Michelson interferometer to measure the distortion of
space caused by passing gravitational waves. Lasers in
each spacecraft will be used to measure minute changes
in the separation distances of free-floating masses within
each spacecraft.
VIRGO
:
http://wwwcascina.virgo.infn.it/
TAMA
: http://tamago.mtk.nao.ac.jp/
ACIGA
: http://www.anu.edu.au/Physics/ACIGA/
Les
nouvelles souches de H5N1 déclencheraient des explosions
de réponses immunitaires qui tueraient le patient
JPB
17/11/05