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Les
lecteurs souhaitant réagir à ces deux textes
sont invités à utiliser pour cela le Blog
dont Automates-Intelligents dispose grâce au journal
Le Monde http://automatesintelligent.blog.lemonde.fr/automatesintelligent/2005/07/ralisation_dun_.html
Dès
sa création, en 2000, notre revue, Automates-Intelligents,
avait mis en exergue l'intérêt stratégique
de plus en plus grand lié au développement
de robots autonomes. Par ce terme, entendu au sens le plus
ambitieux, nous désignions des robots physiques ou
virtuels (sur le web) capables de se comporter de façon
non seulement intelligente, mais aussi émotionnelle,
c'est-à-dire finalement consciente. Certes, en 2000,
il ne s'agissait alors que de voies de recherche isolées
(les cognitive systems dans la terminologie américaine),
mais depuis de telles recherches ont pris, aux Etats-Unis
pour la défense et au Japon pour la robotique civile
et de loisirs, une importance considérable. La note
d'Alain Cardon, que nous présentons ici, en donne
quelques références.
Nous avions dès le début aussi attiré
l'attention de nos lecteurs sur l'importance que prenaient
de telles voies de recherche en terme de vecteurs capables
d'entraîner de grands progrès dans de très
nombreuses sciences et technologies (y compris dans les
sciences sociales et humaines). Pour cela, il suffisait
que ces sciences et technologies introduisent la robotique
autonome dans leurs perspectives de développement.
Cela n'est pas toujours facile compte tenu des frontières
existant entre disciplines, tant au plan académique
que dans le domaine industriel, mais c'est indispensable.
Tous les pays à bonne culture scientifique l'ont
compris (voir par exemple notre éditorial du 8 avril
2005 http://www.automatesintelligents.com/edito/2005/mai/edito2.html).
Enfin
et surtout, nous avions montré, grâce aux nombreuses
références que nous obtenions sans difficulté
sur le web, que les programmes étrangers dans ces domaines
prenaient sur ce qui était fait en Europe, comme aussi
malheureusement en France, une avance considérable.
Dans le colloque
consacré en avril 2004, conjointement par Paneurope
France et Automates-Intelligents, au thème de l'indépendance
scientifique et technologique de l'Europe, nous n'avions pu
que constater l'indifférence quasi générale
des décideurs politiques et scientifiques européens
à ces questions et enjeux. Il ne serait pas difficile
pourtant d'envisager un grand programme européen intégrateur
sur ce thème, comme le montre le dossier que nous avons
rédigé à cette fin et soumis (sans échos
notables) à l'Association française d'intelligence
artificielle et à différentes autorités
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2005/62/machpens.htm.
Aujourd'hui,
pour ce qui concerne la France tout au moins, on ne constate
malheureusement aucun progrès (voir notamment http://www.newzy.fr/dossier11.3.html).
La robotique, même relativement fruste, n'est
plus l'objet de financements spécifiques nouveaux.
La plupart des laboratoires que nous avions identifiés
procédant à des recherches fondamentales sur
ce thème sont amenés à cesser leurs travaux.
A plus forte raison ne faut-il pas parler d'émotions
et de consciences artificielles incorporées dans des
robots autonomes. Le terme même suscite l'ironie
ou une sorte de crainte religieuse.
Les
travaux d'Alain Cardon
Il
serait cependant injuste de dire que rien en France ne subsiste
dans ce domaine essentiel. Notre pays dispose d'une compétence
de niveau international en matière de conscience artificielle.
Il s'agit de celle du Professeur des universités Alain
Cardon, du Laboratoire d'informatique de Paris 6 et de l'université
du Havre. Il a pu, depuis au moins 10 ans, dans de nombreux
ouvrages et articles théoriques dont nous avons rendu
compte en leur temps, mais aussi en encadrant les travaux
et les thèses de plusieurs étudiants dont certaines
applications pratiques ont pu être réalisées,
acquérir un corpus impressionnant de connaissances
visant aussi bien le domaine de la recherche fondamentale
que celui des implémentations sur machines informatiques
et robotiques.
Malheureusement, à nouveau, nous avons été
obligé de constater que les recherches d'Alain
Cardon ne suscitaient qu'un intérêt poli
de ses tutelles universitaires. Les thésards qu'il
avait pu former s'exilaient à l'étranger,
notamment au Japon, sans que personne ne s'en inquiète.
Alain Cardon s'est donc trouvé obligé,
s'il ne voulait pas renoncer à ces voies de
recherche qui avaient justifié l'essentiel
de sa vie professionnelle, de développer à
ses frais, avec quelques étudiants acceptant de faire
le pari avec lui, un système de robot conscient susceptible
de trouver des applications pratiques dans divers domaines
importants. C'est ce qu'il a décidé.
Aujourd'hui, son projet, entrepris depuis environ
6 mois, devrait aboutir à un premier noyau valorisable
au début de l'automne.
Mais se pose la question de ce que Alain Cardon et ses étudiants
pourront faire d'un tel produit. Aujourd'hui encore,
le CNRS ne semble pas décidé à financer
la suite du projet. Il faudrait donc s'adresser à
des donneurs d'ordre extérieurs.
Nous avons
donc encouragé Alain Cardon à faire publiquement
appel à la collectivité industrielle et économique
en publiant la note que nous présentons ici. La démarche
n'est pas courante mais n'a rien à notre
sens de critiquable. Nous espérons que les nouvelles
instances mises récemment en place par le gouvernement
pour soutenir les projets innovants à portée
stratégique pourront s'y intéresser, dans
un contexte de compétition féroce qui s'exerce
sur les scientifiques et les acteurs économiques français.
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