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Publiscopie
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Quand
Google défie l'Europe
par
Jean-Noël Jeanneney
Editions
Fayard Collection Mille et une nuits (27 avril
2005) Essai
Format : Broché - 114 pages
|
analyse critique par Hervé
Le Crosnier
2 mai 2005
Les intertitres sont de nous.
AI
Google
Bubble
Politique et technologie : les enjeux de la numérisation
“Il
s'agit de culture, c'est-à-dire, bien sûr,
à cette hauteur, de politique” (p.70)
Ce
petit livre est paru alors même que 19 grandes bibliothèques
européennes s'engagent à construire une
bibliothèque numérique, et que 6 chefs d'Etat
écrivent au Président de la Commission européenne
pour lancer une intiative pour contrer Google. Avec “Quand
Google défie l'Europe”, Jean-Noël Jeanneney
anticipe, à la fois comme Président de la
Bibliothèque nationale de France, mais aussi comme
acteur politique, ancien ministre, sur un projet qui lui
tient visiblement à coeur. Le petit livre fait
suite à son intervention dans le journal “Le
Monde” du 22 janvier 2005, et reconduit sa réflexion
en fonction des diverses réactions auxquelles cet
article a donné lieu.
Le
sens de l'ouvrage est donné dans sa conclusion
: “Nous sommes en République. Seul le socle
d'une adhésion populaire assurera le succès”.
Loin de s'adresser aux spécialistes, l'essai vise
à obtenir l'adhésion des relais d'opinion
à un projet d'ampleur, pour lequel il convient
de mobiliser la puissance publique autant que l'utilisateur
de l'internet.
L'ouvrage
cherche à mesurer l'impact politique, culturel
et économique de la constitution d'un monopole
de la recherche sur internet par Google. Et d'en déduire,
dans un discours proprement politique, la nécessité
d'une réaction, d'un “challenge” pour
“relever le défi”. Le socle de sa réflexion
est de promouvoir la vision culturelle et géopolitique
qui émane de l'organisation du savoir face à
la machine à réduire la connaissance en
poudre et la rediffuser en fonction des bénéfices
économiques et publicitaires. Au fond, deux visions
du monde qui opposent les divers projets politiques depuis
des siècles. S'affirmer, pour affirmer la liberté
des autres face à ceux qui affirment la liberté
par l'affermissement de leur rentabilité. “Il
serait injuste de faire à Google comme à
ses rivaux mineurs un procès d'intention en les
taxant d'hypocrisie et de perversité. Ils jouent
leur jeu, celui du milieu économique où
ils prospèrent, celui de la technologie qu'ils
développent, celui du pays où ils baignent.
C'est à nous qu'il revient de nous affirmer différents
et de mener notre partie à notre manière.”
(p. 104).
On
trouve deux axes tressés tout au long de l'ouvrage
: démontrer le danger de soumettre la culture aux
lois de l'économie publicitaire. L'économie
de l'attention portant toujours au conformisme, alors
que la diversité, sa défense et son illustration,
ouvrent la porte à la construction d'un autre monde
plus solidaire. Dans ce cadre, il convient d'initier la
défense des cultures européennes et de s'associer
aux pays émergents (références aux
projets Chinois et Indiens, ou Arabes), faire partager
la nécessité d'un investissement public
d'ampleur pour trouver d'autres règles d'organisation
des livres numérisés : “on ne voit
pas , dans ces conditions, comment faire l'économie
d'un puissant effort financier sur fonds publics”
(p. 75). Et dès lors proposer les grandes lignes
d'une alternative à la spéculation culturelle
et publicitaire du modèle googlelien.
Le
livre n'aborde qu'une partie de la problématique,
au travers de la numérisation des documents du
passé. C'est une occultation positive, en ce qu'elle
lui permet de s'extraire de considérants commerciaux
pour se concentrer sur l'architecture d'un projet géopolitique
(le terme de “droit d'auteur” n'apparaît
qu'une seule fois en page 102). C'est aussi une faiblesse,
car on sent bien, et on voit bien, que l'usage de Google,
et de l'internet en général est plus largement
motivé par l'actualité (repérer les
écrits disponibles sur l'internet) que par le passé.
Pour l'entreprise commerciale et médiatique Google,
le passé est un adjuvant, et Google Print un outil
à la fois promotionnel (une jeune entreprise se
penche sur la culture, de concert avec les bibliothèques
les plus prestigieuses) et technique (pour améliorer
ses procédés et couvrir demain des marchés
de niche).
Retenons
donc cette décision pour l'instant. C'est alors
en Président d'une grande bibliothèque européenne
que Jean-Noël Jeanneney s'exprime : “”Il
ne peut pas exister, au rebours de ce qu'ont rêvé
parfois les éditeurs du XIXème siècle,
de bibliothèque universelle, tout au plus des regards
spécifiques sur l'universel” (p. 11). Et
dès lors de mettre en avant les projets de la BnF
(Gallica, 80 000 ouvrages numérisés), du
portail européen TEL (The European Library), ou
le projet sino-indien “The Million books project”.
Et de rappeler aux décideurs et aux citoyens auxquels
le livre s'adresse en priorité, que le rôle
des bibliothèques ne se résume pas à
la “fourniture” de documents, mais se construit
au contraire autour de l'organisation du chaos et du guidage
des lecteurs. “Dans mon esprit, il s'agit moins
de rêver à une exhaustivité, toujours
utopique, que d'aspirer à la plus riche, la plus
intelligente, la mieux organisée, la plus accessible
des sélections possibles” (p. 94). Dès
lors, après avoir rassuré les bibliothécaires
sur leur place dans un tel futur, Jean-Noel Jeanneney
développe un projet qui ressemble à s'y
méprendre à celui qui présida à
la constitution des collections de la BnF lors de son
ouverture : “Comment mettre à disposition
des richesses intelligemment choisies et utilement organisées
en corpus” (p. 96). “Des conseils scientifiques
y pourvoieraient” (idem). “Les paramètres
à faire entrer dans le jeu ? La rareté du
document et sa fragilité, certes, mais aussi l'utilité
à escompter pour le profit des chercheurs et le
rayonnement de l'Europe, et encore, et surtout, la place
de chaque pièce dans un ensemble pertinent, dans
un “bloc de savoir”(p. 97)”. Car l'enjeu
pour une véritable “bibliothèque numérique”
est de dépasser “la dispersion du savoir
en poudre” (p. 99). Il fait écho en cela
à la remarque de Michael Gorman, président
de l'ALA (American Library Association) “Dans les
grandes bibliothèques, les livres sont bien plus
que la somme de leurs parties”.
On
retrouve le projet pédagogico-républicain
d'une sélection des oeuvres utiles, d'un savoir
organisé, mis à disposition de lecteurs
éclairés qui favoriseraient le rayonnement
des Lumières. Malgré ses limites, aujourd'hui
bien connues depuis la révolution culturelle de
Mai 68, il est certainement efficace d'utiliser ce modèle
comme axe central pour refuser le modèle marchand
(“ce qu'utilise la majorité est forcément
le plus utile”) et la pulvérisation de la
connaissance, réduite au rang d'information, du
livre, découpé en pages; et du savoir perclus
de publicité : “signaler des pages, c'est
autre chose que de signaler des oeuvres” (p. 30).
Dès lors, la contextualisation des documents numérisés
devient un élément essentiel d'un projet
alternatif au “quick and dirty” de l'indexation
de Google. Les métadonnées, présentées
ici au grand public, prennent une importance déterminante.
Le
web sémantique
J'oserais
ajouter, pour des lecteurs plus aux fait des débats
sur le document numérique, que de telles métadonnées,
pour donner toute leur dynamique, doivent elles aussi
être reliées et contextualisées. C'est
tout le sens du projet de “web sémantique”,
que de proposer pour chaque métadonnée (descriptive,
organisationnelle ou sociale et juridique) des outils
d'interprétation et de complétion : thésaurus,
ontologies, contrats pré-rédigés,
règles d'usage, mais aussi outils de contexte comme
les liens vers de courtes bio-bibliographies d'auteurs,
ou les définitions d'encyclopédies en ligne.
Nulle connaissance ne tient dans la largeur d'un écran,
ni dans le formalisme d'une fiche de métadonnées,
mais ne vaut que par son inter-relation dans un réseau
contextualisant. C'est encore plus vrai quand on aborde
les documents non-textuels, comme les images, les vidéos,
les documents sonores... Cet hypertexte des métadonnées
pourrait consituer un véritable projet culturel,
linguistique (traduction) et géopolitique qui mériterait
“une vigoureuse recherche-développement [qui]
serait ainsi favorisée pour organiser ou coordonner
les recherches sur l'ensemble de ces techniques en mouvement
dans ce domaine” (p.95).
Cette
approche par l'organisation de la connaissance ne réduit
pas l'aspect proprement industriel d'un projet de numérisation.
Il le relativise et le replace dans un enjeu supérieur
dont Jean-Noël Jeanneney veut convaincre lecteurs
et décideurs. Car en dehors de cette volonté,
qui ne peut qu'être portée, ou du moins fondée,
sur l'intervention économique et de recherche de
la puissance publique (notamment pour en assurer la pérennité,
une préoccupation bien cohérente pour un
bibliothécaire), nous retrouvons le modèle
de financement de l'accès à la connaissance
par la publicité. L'apparente gratuité du
geste se paie en réalité de la surdétermination
du citoyen par le consommateur. Comment dès lors
faire confiance aux algorithmes de recherche proposés
par Google ou ses semblables ?
“Venons-en
à la question centrale : le poids de la publicité
dans la machine de Google” (p. 40). Le modèle
économique de Google reste encore un mystère,
qui allie les revenus publicitaires, la “vente”
de mots-clés, la chasse aux fonds financiers par
l'introduction en bourse, l'élargissement autour
de la recherche sur le web à des activités
de service : de la gestion de mails via Gmail à
celle d'albums photos avec Picasa ou la réalisation
de “méta-journaux” par Google news.
La place de Google Print dans cette synergie d'activités
y est vraisemblablement marginale. Malgré les sommes
en jeu pour la numérisation, nous restons
très loin du chiffre d'affaire global de la firme.
On peut même croire les affirmations de ses chargés
de com selon lesquelles le seul intérêt pour
Google serait dans l'amélioration des algorithmes
ou le challenge technico-scientifique que pose cette opération.
Challenge dont la résolution sur ce projet permettrait
à la firme de revendre un savoir-faire, ce dont
personne ne songerait à la blâmer (Jean-Noël
Jeanneney indique ainsi que le projet européen
aurait ce type de retombées sur les industriels
de ce côté de l'Atlantique qui y participeraient).
Il
nous faut aller plus loin dans la réflexion si
nous voulons comprendre l'architecture globale du monde
vu par Google et déterminer la nécessité
et la forme d'un autre projet européen. Notons
en ce domaine, qu'il est vraisemblable que les fondateurs
de Google eux-mêmes n'ont pas une vision claire
du domaine économique qu'ils défrichent
: c'est le propre de “l'aventure capitaliste”
que de suivre les pentes du succès sans se préoccuper
ni des effets connexes, ni des externalités négatives,
ni des retombées ultérieures. Ajoutons aussi
que c'est particulièrement le propre du capitalisme
des médias, et de sa “loi de puissance”,
qui fait que très peu d'oeuvres (de chansons, d'idées,
de films, de documents...) sont vues par beaucoup de personnes,
quand la majorité des productions restent confinées
à un quasi-anonymat.
Google
crée-t-il un nouveau média?
Reprenons
la question autrement. Est-ce que, par son modèle
algorithmique comme publicitaire, Google ne serait pas
en train de créer un nouveau média, au sens
d'un nouvel outil de sélection de l'audience et
d'économie de l'attention ? C'est en tout cas l'idée
qui émerge des travaux du groupe de recherche sur
le document du CNRS au travers de l'ouvrage collectif
dit “Roger T. Pédauque”. Dès
lors, les questions qui sont posées par Jean-Noël
Jeanneney deviennent des questions de régulation
des médias : comment éviter des monopoles
de l'information ? comment assurer l'indépendance
de l'information face au poids de la publicité
ou à la composition capitalistique du propriétaire
des médias ? et comment garantir l'indépendance
des visions du monde par la concurrence des médias.
Des questions déjà soulevées au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale par le Conseil National
de la Résistance, qui relevaient la place jouée
par le nouveau média d'alors (la radio) dans la
folie nazie et s'inquiétait du recul des débats
d'idées dans la presse, et proposait des règles
drastique pour garantir la pluralité, règles
malheureusement aujourd'hui oubliées...
Une
fois Google analysé sous l'angle de l'économie
mondiale d'un nouveau média qui construirait l'audience
et sélectionnerait l'information adaptée
à son lectorat en fonction de critères suggérés
par ses commanditaires publicitaires, les réponses
proposées par Jean-Noel Jeanneney pour réintroduire
de la concurrence sont en phase avec nombre d'idées
portées actuellement sur la nécessaire régulation
des médias globaux. Le service public jouant en
ce domaine un rôle essentiel de garantie du pluralisme...
j'ajouterai, en liaison avec les médias associatifs
et communautaires (au sens de médias locaux).
Car
c'est là un point de faiblesse du discours du Président
de la BnF : la croyance que le service public serait,
par essence, et à lui seul, une garantie d'impartialité
dans la classification de la connaissance et dans la préservation
des documents pour construire un domaine public numérique.
C'est aller un peu vite en besogne. Par exemple les dérives
financières du système informatique de la
BnF ont largement été causées par
l'absence d'un réel corps public de contrôle
et de suivi des projets informatiques au sein du service
public ou en liaison avec les informaticiens indépendants
du mouvement des logiciels libres. Dès lors s'est
instaurée une soumission de fait aux entreprises
privées ayant emportés les appels d'offre
(en général de très grosses entreprises,
capable de tenir tête à des fonctionnaires).
De même, le succès actuel de Légifrance,
cité dans l'ouvrage, ne doit pas masquer les difficultés
qui ont duré plus de 10 ans pour que soient redonnées
au service public et aux citoyens ce qui avait été
monopolisé par le concessionnaire, en l'occurence,
et c'est encore plus criant, par la Loi elle-même.
L'intervention
de la société civile
Dans
le même ordre d'idées, les innovations actuelles
qui ont lieu dans le domaine du numérique (des
logiciels libres aux pratiques des réseaux d'échange
et des communautés virtuelles) sont souvent le
reflet de l'investissement personnel de citoyens et d'associations.
Un phénomène qui permet à la “société
civile” d'intervenir elle-aussi pour assurer la
numérisation, la protection des données,
l'élargissement du domaine public par des licences
d'usages, et la formation coopérative des utilisateurs.
C'est
à la nouvelle forme de coordination entre l'initiative
citoyenne, la puissance publique et un secteur privé
remplissant des services marchands sans construire de
monopole, qu'il est utile de travailler aujourd'hui. C'est
plus vraisemblablement vers un “triple secteur”
qu'il
faut s'orienter et non pas se contenter de répéter
le modèle d'association public-privé qui,
compte-tenu des phénomènes économiques
et technologiques propres aux réseaux, dérive
presque inévitablement vers des rentes de monopole.
Avec le risque très fort de la tendance
lourde décrite dans le livre : “Les bibliothèques
apportent généreusement, au nom de leur
vocation patrimoniale, le matériau à numériser
et la matière grise à diffuser. Au secteur
privé revient le bénéfice”
(p.45).
Dans
le domaine de la numérisation et de l'organisation
des connaissances, le risque d'une telle dérive
est encore plus flagrant. Le rôle de la puissance
publique devient alors celui de définir les points
d'interconnexion, les normes d'interopérabilité
et d'ouvrir la connaissance qui s'inscrit dans les algorithmes
et les logiciels pour stimuler les usages encore inédits
ou les innovations complémentaires impensées.
De ce point de vue, comme défenseur des logiciels
libres, je suis particulièrement sensible à
la volonté affirmée par Jean-Noël Jeanneney
: “La définition d'un algorithme européen,
le cas échéant, mériterait d'être
approfondie, le logiciel étant libre d'accès,
afin d'être utilisé en connaissance de cause
et aussi critiqué, pour des améliorations
éventuelles, par qui le voudrait.” (p. 66).
Reste,
avant de conclure, à reprendre les fils de ce qui
a été occulté dans le livre et à
les tisser sur sa trame : comment intégrer dans
un nouveau domaine public numérique les oeuvres
du passé et les créations du présent
? Comment ajouter les images, les sons, les musiques,
les vidéos, les créations multimédias
à ce fond documentaire en création ? Ne
laissons pas de côté cette question, car
elle créerait un trou noir qui risquerait d'emporter
l'ensemble de l'architecture : nous ne pourrions diffuser
sur le nouveau média qu'une image surranée
d'une France coloniale, paternaliste, d'une Europe en
proie à la guerre, et d'un continent uniquement
arquebouté sur son passé. Alors que c'est
de la vitalité des créations actuelles,
de l'indépendance des idées portées
ici et maintenant, du souffle culturel et politique d'une
Europe oeuvrant à la Paix mondiale que nous avons
besoin pour coordonner une nouvelle dynamique de la connaissance.
On peut comprendre la volonté de ne pas effaroucher
les “éditeurs” et autres gestionnaires
de porte-feuilles de droits au moment de lancer un projet
d'ampleur. Mais nous devons souligner qu'il existe de
nombreux acteurs prêts à donner leurs oeuvres
actuelles à une telle bibliothèque numérique
: depuis les documents publics ou créés
à partir de financements publics, jusqu'aux créateurs
qui utilisent les licences “Creative commons”,
ou “Art libre”, en passant par les scientifiques
favorisant le libre-accès aux publications. Commençons
avec eux, encourageons-les et encourageons d'autres à
les rejoindre. Trouvons des modes d'usage des documents
édités pour garantir le libre-accès
à la connaissance, justement au travers du réseau
des bibliothèques, sans léser les créateurs,
mais en garantissant l'équilibre du droit d'auteur
pour l'intérêt global de la société.
En
raisonnant ainsi, nous pouvons aussi lever une des ambiguités
du livre, qui oscille entre la constitution d'une bibliothèque
numérique européenne et la construction
d'un moteur européen, donc d'un nouveau média
de valorisation, de découverte et de redécouverte
des richesses culturelles, tant historiques qu'actuelles.
Un “moteur”, outil transversal à l'ensemble
du web, doit d'emblée répondre à
l'ensemble des questions que se posent les internautes,
celles pour lesquelles ils ont aujourd'hui Google à
leur disposition. C'est “de surcroît”,
sur des “marchés de niche”, sur le
modèle de “l'économie de traîne”
qui valorise les documents ayant un nombre restreint de
lecteurs, plutôt dans une longue durée que
dans le tourbillon de la mise en rayon,... que les oeuvres
du passé, organisées dans des collections
qui offrent contexte et classification, seront prêtes
à la re-découverte et la la réhabilitation.
Alors,
oui, il faut numériser les collections, et oui,
il faut répondre positivement à la question
du média posée en page 83 : “Faut-il
que l'Europe mette sur pied son propre moteur de recherche
– ou plusieurs - qui lui permette, à l'échelle
planétaire, de s'assurer que perdure une concurrence
dans ce domaine capital”. Et oui, comme indiqué
dans le livre, un tel projet ne se fera qu'avec les citoyens,
en partenariat, et suivant les règles de transparence
et de cumul des connaissances qui sont celles des logiciels
libres.
C'est
important qu'un homme politique prenne une telle initiative
qui va bousculer à la fois le septicisme de nombre
de technophiles, qui croient que Google serait le résultat
définitif de l'évolution des techniques
et qui pensent donc qu'il est impossible et inutile de
proposer des alternatives, et la tendance générale
à la marchandisation du patrimoine culturel et
de connaissance, au travers du modèle publicitaire
et médiatique de l'audience et des cibles. Puisse
ce petit livre ouvrir les yeux des décideurs et
obtenir l'adhésion du grand public afin que se
mette en place un projet global et ambitieux dont le sens
profond mettra encore du temps à émerger,
et devra mobiliser de nombreuses énergies provenant
de diverses sources, pour favoriser le libre-accès
à la connaissance. Toute la connaissance, et pour
tous de par le monde, ce qui est la promesse des réseaux
numériques, et l'enjeu réel de la démocratie
dans la société de l'information.
Références
: - L’exploitation
marchande du modèle bibliothéconomique -
Roger T. Pédauque, Document de travail préparatoire
de l’atelier Théorie du RTP-DOC pour la rédaction
du 3ème texte sur le document. 17-03-2005 -
http://rtp-doc.enssib.fr/article.php3?id_article=203
Document
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http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/