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ACTUALITÉS
Etonnante
convergence interne entre le cerveau humain et le réseau
Internet
JPB 10/01/05
Des observations du cerveau sain en Imagerie par Résonance
Magnétique fonctionnelle, conduites conjointement sous
la direction du Pr Dante Chialvo à la Northwestern
University Feinberg School of Medicine, USA, à l'institut
IMEDIA de Mayorca, Espagne et chez IBM (.J. Watson Research
Center, Yorktown Heights) ont fait apparaître un phénomène
surprenant.
L'objectif de la recherche consistait à visualiser
le cerveau humain en fonctionnement comme un réseau
massif, complexe et interagissant, gouverné par quelques
principes dynamiques simples. L'observation par IRM a identifié
des dizaines de milliers de zones cérébrales
discrètes formant un réseau présentant
les mêmes caractéristiques que d'autres réseaux
complexes connus, celui de l'Internet ou ceux formés
par les relations sociales.
Chaque séance d'enregistrement a montré des
centaines d'images consécutives de l'activité
du cerveau décomposée en milliers de petits
cubes (voxels) . L'intensité d'image de chacun de ces
cubes dénote en général la quantité
d'activité cérébrale présente
à cet emplacement. Les chercheurs ont ensuite calculé
le degré de corrélation entre les activités
de ces dizaines de milliers de régions. Ceci a permis
de faire apparaître celles des régions qui étaient
momentanément « connectées » en
« réseau ».
En analysant ultérieurement la structure de ces réseaux,
ils ont vu apparaître une image familière : celle
présentée par d'autres réseaux complexes,
notamment le web Internet.- où un très petit
nombre de « clicks » sont suffisants pour joindre
deux nœuds. Cette propriété, dite du «
petit monde » (« small world ») assure la
meilleure efficacité possible dans la connectivité.
De plus, les chercheurs ont fait révéler une
forte « inhomogénéité ».
De nombreux noeuds sont peu connectés et quelques uns
sont beaucoup connectés. Ces nœuds super-connectés
jouent le rôle de hubs assurant la rapidité des
transmissions.
L'équipe espère tirer de ces premières
observations un certain nombre de conclusions immédiatement
utiles relatives à l'emploi de l'IRM dans le diagnostic
des affections fonctionnelles (Schizophrénie, Alzheimer
ou migraines chroniques). Plus généralement,
on en retiendra la puissance de plus en plus grande des techniques
d'imagerie fonctionnelle non invasives. C'est certainement
de là que viendront les progrès les plus rapides
dans la compréhension du fonctionnement du cerveau.
Mais (c'est nous qui ajoutons) les théoriciens des
communications pourront faire aussi d'utile rapprochements
entre la façon dont des réseaux anatomiques
et des réseaux artificiels obéissent aux mêmes
lois d'économie des ressources et d'optimisation des
temps d'échanges. De là à dire qu'il
sera un jour possible de communiquer sur le mode de l'Internet
à l'intérieur du cerveau et, réciproquement,
de faire vraiment fonctionner le web mondial comme un cerveau
unique...il y a sans doute encore un pas.
Pour
en savoir plus
Physical
Review Letters on line, dec. 2004 : http://prl.aps.org/
(sur souscription)
Pr
Dante Chialvo, page personnelle : http://www.bol.ucla.edu/~dchialvo/
Les
nouveaux robots industriels de Toyota
JPB/CJ 10/01/05
(Tokyo.
06/01/05) Toyota Motors vient d'annoncer qu'il allait introduire
des robots de nouvelle génération dans ses 12
usines japonaises. Ces robots seront beaucoup plus polyvalents
que les 3.000 à 4.000 robots actuellement en service.
Au lieu de se limiter à des tâches répétitives
(soudure, peinture, assemblage de grosses pièces, tâches
dangereuses), ils pourront accomplir les multiples tâches
que suppose la finition d'un véhicule. Ils disposeront
de deux bras et devraient être de type humanoïde,
mais les détails de leur architecture n'ont pas encore
été fournis. Les visiteurs pourront sans doute
en observer à l'exposition universelle d'Aïchi.
L'objectif est de remplacer presque complètement la
main d'œuvre manuelle dans les usines installées
au Japon. D'une part la démographie japonaise ne permet
plus de faire face aux besoins, d'autre part, Toyota ne souhaite
pas importer de travailleurs étrangers. Cependant,
les nouveaux robots devront être suffisamment efficaces
pour que les coûts de fabrication restent alignés
sur ceux des industriels asiatiques concurrents employant
largement la main d'œuvre locale.
Le pari lancé par Toyota risque de passer pour le moment
inaperçu en Europe. Ce serait dommage, car il est d'importance.
Il est même capital. C'est toute l'économie industrielle
des prochaines décennies qui sera bouleversée
en cas de succès. D'une part les productions sur le
territoire national n'auront plus besoin d'être délocalisées
pour rester compétitives. D'autre part, l'appel à
main d'œuvre et industries hautement spécialisées
nécessaires à la fabrication et à l'entretien
de ces milliers de robots relancera de façon très
importante l'innovation et la croissance dans les pays développés.
Les bonnes âmes demanderont s'il est bien moral de la
part des japonais de priver la main d'œuvre asiatique
pauvre des emplois qu'elle pouvait espérer suite aux
délocalisations. Mais la réponse, que ce soit
au Japon ou en Europe, devrait être la même. Ce
n'est pas en encourageant le travail de salariés de
type coolies, voire d'enfants mineurs, que l'on contribuera
à l'élévation du niveau de vie des pays
du tiers-monde. Mieux vaudrait leur apprendre à fabriquer
eux-mêmes des robots. Ce qui est parfaitement possible,
quand on considère l'exemple de la Chine, de la Corée
et de Taïwan.
Il n'y a pas de raisons pour que le mouvement se limite à
l'industrie automobile. Rappelons que certains scientifiques
et industriels américains, pour leur part, prévoient
le phénomène et s'y préparent (voir Hans
Moravec, Robot. Mere Machine to Transcendent Mind
Oxford University Press, 1998 http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2002/aou/moravec.html).
Mais pour le moment, l'accent est mis davantage sur la robotique
militaire que sur la robotique industrielle civile.
En France
comme en Europe, par contre, le sujet n'est pas abordé,
même lorsque les industriels de l'automobile présentent
leurs stratégies d'innovation pour les prochaines années.
C'est bien dommage. Voici en tous cas un grand chantier industriel
de haute technologie que nous pouvons signaler au Président
Chirac et à Jean-Louis Beffa.

Lors de l'inauguration de l'Exposition Internationale 2005,
le groupe Toyota
présentera un spectacle de bienvenue avec un orchestre
d'humanoides musiciens
© Photo : Toyota
Connaître
David Lane
JPB 08/01/05
Peu
de gens, en dehors des spécialistes du cancer, connaissent
le Professeur (Sir) David Lane, Directeur au Cancer Research
Center UK du Cell Transformation Group, Department of Surgery
and Molecular Oncology, Ninewells Hospital and Medical School,
Dundee. C'est un grand tort car ce chercheur mène une
carrière scientifique internationale hors du commun.
Il est également directeur exécutif de l'Institute
of Molecular and Cell Biology à Singapour et fondateur
de la compagnie biotech Cyclacel, à Dundee..
Si
on ne le connait pas lui, du moins va-t-on sans doute vite
apprendre à connaître sa découverte, la
protéine P53 produite par le gène du même
nom dont il a découvert le rôle en 1973 et qui
est, après de longues années d'ignorance, en
train de devenir un must de la recherche contre la prolifération
des cellules cancéreuses. En très bref, lorsque
l'ADN d'une cellule subit une mutation susceptible de la rendre
maligne, P53 est secrétée et va, soit stopper
la division de la cellule jusqu'à réparation,
soit tuer la coupable afin qu'elle ne se reproduise pas. L'opération
se fait des millions et millions de fois dans la vie d'un
organisme, compte tenu des milliards et millards de divisions
cellulaires qui se produise durant cette même vie. Ceci
fait que les tumeurs avérées restent relativement
rares, malgré la grande fréquence des mutations
carcinogènes. On a baptise P53 l'ange gardien du génome.
Mais il arrive que la protéine soit elle-même
mutée, ou qu'elle ne puisse être activée
convenablement. En ce cas, le cancer se déclare.
L'espoir
des chercheurs est de mieux connaître ces mécanismes,
ce qui n'est pas facile compte tenu de l'énorme complexité
des formes moléculaires (P53 par exemple pourrait adopter
plus de 1000 formes différentes dans une cellule).
A partir de cela, on pourra mieux aider l'organisme à
éliminer les cellules mutantes cancéreuses.
P53 aurait également un rôle important dans les
processus complexes du vieillissement. Mais n'abordons pas
cette question ici.
Pour
en savoir plus
Dark
Angel, article de David Lane dans le NewScientist du 18 décembre
2004, p. 38
David
Lane Home page http://www.dundee.ac.uk/biocentre/SLSBDIVdpl.htm
Cyclacel
http://www.cyclacel.com/
Un
quasi sonar bactérien
JPB/CJ 08/01/05
Nous avions déjà parlé de l'extraordinaire
Quorum
sensing par lequel certaines bactéries pathogènes
mesurent leur densité dans un organisme afin de savoir
si elles sont suffisamment nombreuses pour devenir pathogènes
et déborder les défenses immunitaires de l'hôte.
Un dispositif différent mais utilisant comme le quorum
sensing la diffusion d'un médiateur dans l'environnement
a été signalé par un article de Science
(24 décembre 2004). Il s'agit de la façon dont
Enterococcus faecalis, peut-être utile dans
l'intestin mais très pathogène en dehors (il
provoque beaucoup de maladies nosocomiales) procède
pour détruire les cellules.
L'entérocoque fabrique pour ce faire une toxine, mais
seulement dans certaines conditions (il est ménager
de ses forces, comme tout organisme biologique qui se respecte).
La toxine n'est produite que si une cellule se trouve dans
l'environnement de la bactérie. Celle-ci, pour analyser
son environnement, procède de la même façon
disent les auteurs de l'article qu'elle le ferait avec un
sonar. Elle produit deux substances dont l'une s'attache aux
cellules détectées et l'autre revient à
la bactérie pour signaler la présence de la
cible potentielle. Si aucune cible n'est détectée,
les deux substances s'attachent l'une à l'autre et
ne transmettent aucun message en retour. La bactérie
ne produit pas de toxine.
On devine qu'élucider de tels mécanismes permettra
de tromper les processus par lesquels les bactéries
deviennent pathogènes, ce qui sera particulièrement
utiles en présence de germes antibiotico-résistants.
Plus généralement on espère pouvoir transposer
ces mécanismes dans d'autres bactéries, pour
leur donner la possibilité de scruter leur environnement
à des fins, cette fois-ci, thérapeutiques.
L'équipe responsable de la recherche dépend
du Schepens Eye Research Institute.
Pour
en savoir plus
Newswise
: http://www.newswise.com/articles/view/509012/
Les
technologies de l'information, moteur de l'innovation dans
l'Union européenne
CJ 05/01/2005
La
Commission européenne a rendu public, le 21 décembre
dernier, la quatrième édition de son tableau
de bord annuel sur l'innovation. Intitulé "European
Innovation Scoreboard" (EIS), ce bilan se base sur
douze à vingt indicateurs communs, selon les pays,
tels que le nombre de brevets accordés, les dépenses
en recherche et développement ou le taux d'accès
à l'internet. À partir de ces indicateurs, il
établit un indice de synthèse, le "Summary
Innovation Index" (SII), compris entre 0 et 1 (le
plus proche
de 1 étant le plus innovant).
L'EIS 2004 montre une prépondérance des technologies
de l'information, qui font figure de moteur pour l'innovation
dans l'Union. Dans ce cadre, 10 secteurs industriels et 4
secteurs des services ont été retenus.
Le
secteur industriel possédant le plus fort indice d'innovation
(SII) concerne les équipements électroniques
et optiques (0,37), devant les produits chimiques (0,35),
les équipements de transports (0,3), les machines-outils
(0,27) et les matériaux plastiques (0,22).
Parmi les services, le secteur de l'informatique (infogérance,
intégration...) arrive en première place, avec
un SSI de 0,37, devant les services divers alloués
aux entreprises (0,33), le transport, stockage et
communication (0,15) et les services de commerce de gros (0,13).
Une
grande force de ce rapport réside dans le fait qu'il
permet de dresser une carte comparative des capacités
d'innovation dans les 25 pays membres de l'Union européenne,
par rapport à d'autres pays d'Europe (Bulgarie, Roumanie,
Turquie, Islande, Norvège et Suisse), mais aussi par
rapport aux deux poids lourds que sont les États-Unis
et le Japon, qui conservent toujours une longueur d'avance
sur l'Europe en terme d'innovation (ce qui a d'ailleurs été
abondamment commenté lors de la tenue de notre colloque
"Indépendance de l'Europe et souveraineté
technologique" (http://www.europe-puissance-scientifique.org)
les 28 et 29 avril 2004). Au cours de la dernière décennie,
l'Union européenne montre un SII moyen stable autour
de 0,4. Sur cette même période, les États-Unis
n'ont cessé de croître, atteignant un SSI de
0,8 en 2001, puis 0,7 (chiffre 2003). Le Japon quant à
lui a connu une croissance continue et dépasse maintenant
0,7.

Ecarts constatés entre les Etats-Unis, le Japon
et l'Europe,
mesurés par les SII calculés à partir
de 12 indicateurs communs
Des
disparités en Europe
Le
rapport montre également des disparités parmi
ses 25 membres de l'Union.
Dans le panorama proposé, la Suède et la Finlande
arrivent nettement en tête (avec quasiment 0,8), devant
l'Allemagne et le Danemark (un peu en dessous de 0,6) et le
Royaume-Uni (0,5). La France, l'Irlande et les Pays-Bas arrive
ensuite (entre 0,4 et 0,45), mais leur croissance a tendance
à ralentir, ce qui fait dire aux auteurs du rapport
qu'ils sont tous trois en perte de vitesse. mais figurant
cependant au-dessus de la moyenne européenne (0,4).
Certains membres de l'Union, nouveaux entrants ou plus anciens,
présentent une croissance en terme d'innovation qui
leur permet de se rapprocher rapidement de ce seuil : citons
le Portugal, l'Espagne, la Lettonie, la Hongrie, la Slovénie,
la Pologne.
Dans le domaine sectoriel, la Finlande arrive en tête
dans le secteur le plus innovant (équipements opto-électroniques),
avec un SSI de 0,62, devant la Belgique (0,46), les Pays-Bas
et la Suède(0,45), puis la France (0,4) et l'Allemagne
(0,39).
Pour
en savoir plus :
Site
"Trenchart - Innovation Policy in Europe : http://trendchart.cordis.lu/scoreboards/scoreboard2004/index.cfm
Le Rapport European Innovation Scoreboard (en anglais)
:
http://trendchart.cordis.lu/scoreboards/scoreboard2004/eis_2004.pdf
Realclimate.org
JPB 02/01/05
Le
Monde du 2 Janvier 2005 nous apprend l'existence d'un blog
publié par des climatologistes de diverses nationalités
visant à combattre les idées fausses (selon
eux) diffusées par ceux qui veulent pour des raisons
politiques nier les risques d'un réchauffement terrestre.
Excellente initiative, à suivre. http://www.realclimate.org/
Au
sujet de l'Interprétation transactionelle de la mécanique
quantique
JPB 02/01/05
Nous
avons reçu le message suivant du chercheur russe Pavel
Kurakin, que nous relayons à l'intention de lecteurs
éventuellement intéressés:
Dear
sir, I have found the following paper on Your site, about
S. Afshar experiment: http://www.automatesintelligents.com/labo/2004/juil/afshar.html
Many
reviewers today mention a possible relevance of S. Afshar's
experiment to Transactional Interpretation of Quantum Mechanics
(TIQM) by prof. John Cramer.
I
am highly interested in any discussion of TIQM and development
of TIQM. Perhaps You might be interested in a concept, currently
developed at Keldysh Institute of Applied Mathematics (KIAM),
Russian Academy of Sciences:
http://www.geocities.com/bellstheorem/
Sincerely,
Kurakin P.V., KIAM research worker
J'ajoute
qu'à la lecture du site de S.Afshar, http://users.rowan.edu/%7Eafshar/
la répétition de son expérience faite
dans des conditions supposées levées certaines
ambiguités découlant de la première expérimentation
confirmerait les observations initiales. Mais à part
deux articles de grande presse, la communauté scientifique
ne semble pas encore avoir réagi à un évènement
qui pourrait pourtant avoir de grandes conséquences.
JPB
Créer
de la vie artificielle
CJ 27/12/04
Nous
avions récemment signalé l'émergence
de la biologie synthétique (notre
actualité du 29/06/04). Secteur situé à
la frontière entre la biologie et la vie artificielle,
elle cherche à reproduire les phénomènes
naturels afin de mieux les comprendre pour les intégrer
dans de nouveaux produits ou composants biologiques, par exemple
la création d'organes pour les transplantations ou,
ultérieurement, la fabrication d'ordinateurs naturels.
Les biophysiciens Albert Libchaber, de la Rockfeller University
de New York et Vincent Noireaux (post-doctorant) viennent
aujourd'hui de créer une forme de vie artificielle
à partir de plusieurs éléments de construction
dorigine animale ou bactérienne. Un article publié
le 10 décembre dernier dans les Proceedings of the
National Acadamy of Sciences of United States of America (PNAS)
montre comment les deux chercheurs ont construit de toutes
pièces un «bioréacteur» capable
de produire une protéine à partir dun
gène. Pour cela, les deux scientifiques se sont servis
de lipides issus de blanc duf pour former les
parois de la cellule, de la bactérie E.coli privée
de son ADN pour la machinerie, d'un gène de fluorescence
prélevé sur une méduse et d'un autre
provenant du staphylocoque doré, et enfin d'une enzyme
extraite dun virus pour permettre la traduction des
gènes.
Cette "cellule" mise en culture a produit des
protéines. En exprimant le gène de la méduse,
elle a pris une couleur verte fluorescente ; à
partir du gène du staphylocoque, les parois de la cellule
se sont couvertes de minuscules pores lui permettant de profiter
des nutriments du milieu de culture.
Pour les
deux biophysiciens, ce bioréacteur
n'est pas à proprement parler un organisme vivant,
étant incapable de se diviser pour se reproduire comme
le font les cellules.
Si la biologie synthétique n'en est qu'à ses
débuts, elle a déjà fait parler d'elle
: en 1999, travaillant sur le génome de la bactérie
Mycoplasma genitalium afin dobtenir le plus petit
génome possible nécessaire à la vie,
Craig Venterµ a montré que cette dernière
pouvait perdre 130 à 220 de ses 480 gènes tout
en gardant la capacité de se reproduire et de vivre.
En 2002, des chercheurs de luniversité de Stony
Brook (New York) ont pour leur part défrayé
la chronique en synthétisant un virus de polio et son
génome entier (notre
actualité du 18/07/02).
*
Fondateur de la société Celera Genomics spécialisée
dans le séquençage du génome.
Pour
en savoir plus
PNAS
du 10 décembre 2005, A vesicle bioreactor as a step
toward an artificial cell assembly, par Vincent Noireaux
et Albert Libchaber
abstract : http://www.pnas.org/cgi/content/abstract/0408236101v1?
Site
d'Albert Libchaber : http://www.rockefeller.edu/labheads/libchaber/libchaber-lab.html
- voir aussi : http://www.rockefeller.edu/research/abstract.php?id=93
Contact
libchbr@rockefeller.edu
Ariane-5:
succès du largage du satellite militaire Hélios
II-A
AFP 18/12/04
Le satellite militaire d'observation Hélios II-A
a été largué avec succès par une
fusée Ariane-5 samedi à 17h26 GMT, une heure
et huit secondes après son décollage de Kourou,
en Guyane française, a rapporté un journaliste
de l'AFP.Le largage par la fusée de six micro-satellites
Nanosat, Essaim 1,2,3,4 et Parasol a également réussi.
Hélios II-A est destiné à améliorer
le renseignement militaire au profit notamment de la France,
de la Belgique et de l'Espagne. D'une masse au décollage
d'environ 4.200 kilos, Hélios II-A a une durée
de vie théorique de cinq ans. Il a été
construit sous la maîtrise d'oeuvre d'EADS Astrium avec
de nombreux sous-traitants européens dont Alcatel Space.
Les
grincheux diront: que d'argent perdu, qui aurait pu servir,
par exemple, à faire des logements sociaux. Mais il
me semble qu'aujourd'hui, vue la dépendance croissante
où se trouve l'Europe dans les technologies avancées,
qu'elles soient civiles ou militaires, il s'agisse au contraire
d'une très bonne nouvelle. Vivement la suite donc,
qui a nom Helios II-B. Ajoutons que le petit (mini) satellite
Parasol a pour objet, en liaison avec un train d'autres analogues
déployés conjointement par l'Europe et les Etats-Unis,
d'observer les masses nuageuses et autres indicateurs de l'état
de l'atmosphère.
Les
Vingt-cinq donnent leur feu vert définitif à
Galileo
JPB/CJ 10/12/04
Les
ministres des Transports des 25 ont donné le 10 décembre
à Bruxelles leur feu vert définitif au déploiement
opérationnel de Galileo, le futur système européen
de navigation par satellites qui doit commencer à fonctionner
en 2008*. Ainsi, après avoir perdu plusieurs années
à lever les obstacles mis par les Américains
pour préserver le monopole du GPS et régler
des arbitrages internes, l'UE s'engage ainsi irrévocablement
dans le déploiement du système européen,
après avoir constaté que les conditions préalables
qu'elle s'était fixées sont remplies.La future
infrastructure européenne de positionnement par satellites
offrira aux utilisateurs de ces services une technologie plus
sûre et précise que le GPS américain,
avec lequel il sera compatible.
Les industriels
candidats à la concession du système se sont
engagés à investir 1,4 milliard d'euros dans
le système (qui prévoit d'exploiter 30 satellites),
soit les deux tiers des coûts de déploiement
estimés. Le reste, soit 700 millions d'euros, doit
être apporté par le budget communautaire. Les
deux consortiums candidats à la concession de Galileo
sont Eurely (formé autour d'Alcatel/Finmeccanica/Vinci)
et iNavsat (formé autour de Thales/EADS/Inmarsat).
Le
choix définitif doit intervenir d'ici la fin février
2005.
Galileo
doit trouver des applications dans des domaines extrêmement
variés, allant des transports (gestion de flottes de
véhicules, télépéage, sécurité
aérienne...) au secteur financier (synchronisation
des réseaux de transaction financières) à
la sécurité publique (surveillance des matières
dangereuses) et au militaire. Ces applications donneront lieu
à un grand nombre de produits fortement créateurs
de chiffres d'affaires**. Il faudra évidemment que
des entreprises innovantes européennes se saisissent
de ces marchés et ne s'y laissent pas évincer
par des concurrents non-européens. Les services publics
et administrations auront aussi un rôle important à
jouer, tant comme prescripteurs que comme maîtres d'oeuvre,
afin de pleinement exploiter les ressources potentielles du
réseau de satellites.
*Phase
de lancement en 2006
** Le marché mondial des produits et services liés
à la navigation par satellites est estimé à
quelque 275 milliards d'euros à l'horizon 2020
Pour
en savoir plus
Le
système européen de navigation par satellites
: http://www.cnes.fr/html/_112_860_.php
EADS
décide la construction de l'Airbus A 350
JPB 10/12/04
Réuni
à Amsterdam le 9/12/04, le conseil d'administration
d'EADS a donné son feu vert au lancement de l'Airbus
A 350. Le projet, représentant un investissement de
4 milliards d'euros, était présenté par
Noël Forgeard, le président du constructeur européen
Airbus contrôlé à hauteur de 80% par EADS.
Airbus
s'est trouvé quasiment obligé de lancer ce projet
de moyen-long courrier A 350, malgré les investissements
qu'il consent pour le gros porteur A 380. Il semble qu'il
ait sous-estimé la capacité de Boeing à
reprendre la main, avec son programme 7E7 Dreamliner. Il lui
fallait une réponse modernisant son offre actuelle,
derrière laquelle il ne pourra plus s'abriter dans
quelques années. Ceci d'autant plus que Boeing, apparemment,
n'a pas renoncé à relancer une version elle-même
modernisée du 747. Les projets A 380 et A 350 représentent
des engagements de 15 milliards d'euros sur huit ans. Un montant
à la hauteur des enjeux industriels et commerciaux
pour Airbus face à Boeing, en particulier sur les marchés
asiatiques.
L'A 350,
qui sera motorisé par General Electric, utilisera les
avancées technologiques de l'A 380 tout en étant
conçu comme une version améliorée du
long-courrier A 330. Le nouvel avion doit être mis en
service en 2010, deux ans après le 7E7.
Cette
décision a été prise alors que se déroulent
de grandes manoeuvres pour la direction de l'aéronautique
européenne civile et de défense, dont nous ne
traiterons pas ici. Il est très heureux que les négociations
politiques n'aient pas retardé les décisions
industrielles qui s'imposaient.
Pour
en savoir plus
Airbus http://www.airbus.com/prehome.asp
On trouvera sur le site des informations sur le A 350.
Boeing http://www.boeing.com/flash.html
Une
très étonnante observation, et de quoi faire réfléchir
les scientifiques qui publient encore en français
JPB 08/12/04
Govert
Schilling, journaliste scientifique hollandais spécialisé
en astronomie, raconte dans le NewScientist du 27 novembre
2004, p. 28, (Einstein Eclipsed, The puzzle that relativity
can't solve) une très étonnante histoire.
Il rapporte une observation de l'économiste et physicien
français Maurice Allais, concernant l'apparition d'anomalies
dans le sens de rotation d'un pendule type Foucault pendant
le moment précis où la Terre est en alignement
avec la Lune et le Soleil lors d'une éclipse de celui-ci.
Maurice Allais, né en 1911, est un économiste
réputé, toujours vivant. Il a eu le prix Nobel
d'économie en 1988. Mais c'est aussi un physicien,
un peu marginal, qui s'est intéressé toute sa
vie à des hypothèses aujourd'hui considérées
comme "exotiques", l'anisotropie de l'espace et
de possibles variations dans le champ gravitationnel et la
vitesse de la lumière.
On sait
que le pendule de Foucault décrit une trajectoire dans
un plan qui tourne selon le sens des aiguilles d'une montre
par rapport au plan du laboratoire, ce qui traduit le fait
que la Terre tourne sur son axe de rotation alors que le pendule
reste immobile dans le champ plus général de
la gravité. Ce que Maurice Allais avait observé,
dès 1954 et ensuite dans d'autres expériences,
corroborées par celles de divers physiciens, dont Erwin
Saxl, Mildred Allen et d'autres, est que le sens de rotation
du plan du pendule s'inverse pendant la durée d'une
éclipse de soleil, avant de reprendre ensuite sa course
normale. Aujourd'hui, les expériences se poursuivent
à l'occasion de nouvelles éclipses. Les uns
estiment que le mystère tient sans doute à des
erreurs observationnelles. Mais d'autres pensent qu'il existe
un phénomène de très grande importance,
révélé par des anomalies dans le champ
gravitationnel, lesquelles obligeraient sans doute à
revoir certaine des formulations de la relativité générale.
La Nasa pour sa part a également observé des
modifications temporaires inexplicables de trajectoire affectant
les sondes Pioneer 10 et 11 en route vers le Soleil.
Ne tentons
pas ici de proposer nos propres hypothèses sur les
champs de gravitations. Par contre, on pourra s'attrister
de constater, de l'aveu même des scientifiques anglophones
qui ont repris et développé les expériences
de Maurice Allais, que celles-ci, publiées en français,
soient restées pratiquement et injustement ignorées
de la communauté scientifique mondiale. A l'époque
comme aujourd'hui, qui peut s'intéresser à un
physicien qui en publie pas en anglais? Saluons donc ici par
un grand coup de chapeau, dans ce site dédié
à la francophonie, le désintéressement
de Maurice Allais, serviteur malheureux de la langue française.
Pour
en savoir plus
Maurice
Allais. Ecrits et biographie http://allais.maurice.free.fr/.
En anglais http://allais.maurice.free.fr/English/Science.htm
Voir
aussi Chris Duiff, ...observations anormales faites pendant
les éclipses solaires http://fr.arxiv.org/ftp/gr-qc/papers/0408/0408023.pdf
Le
programme Hyper-X de la Nasa est repris par la Darpa
JPB 08/12/04
Nous avions
annoncé dans notre n° précédent (Actualités
http://www.automatesintelligents.com/actu/041131_actu.html#actu8)
le succès du 2e exemplaire de l'avion sans pilote X-43A
de la Nasa, qui avait le 16/11/04 battu le record de vitesse
des engins mus par un moteur atmosphérique (ScramJet),
soit Mach 10 à 110.000 pieds. Mais Chuck Mc Clinton,
directeur du programme Hyper-X au centre de recherche de la
Nasa à Langley (source NewScientist,
20/11/04, p. 22), vient de faire connaître que
la Nasa allait abndonner les perspectives civiles de cette
filière, devant se concentrer sur les vols humains
vers la Lune et Mars.
Rassurons-nous,
les travaux seront repris par le Laboratoire de Recherche
de l'Air Force et la Darpa, afin d'améliorer le bombardier
Scramjet en cours de développement, le Falcon. Celui-ci
devra pouvoir "délivrer" une bombe dans n'importe
quelle partie du monde en 2 heures minimum, en décollant,
grâce à un engin porteur, de n'importe quelle
partie du territoire américain. Vous avez dit technologies
duales?
Pour ceux
qui s'intéressent à l'histoire de l'aviation,
la technique du moteur atmosphérique avait été
expérimenté avec succès par l'ingénieur
français René Leduc vers 1946, avec un "tuyau
de poèle" porté par un SO Bretagne, sauf
erreur.
Microsoft
et la Chine
JPB 08/12/04
On a trop
vite dit, nous les premiers, que la Chine allait s'orienter
massivement vers les logiciels libres, pour éviter
que Microsoft ne s'empare, comme il l'a fait en Occident de
90% de ses systèmes d'exploitation et logiciels professionnels
- avec les risques d'intrusion qui en résultent au
profit d'agents extérieurs. Il est évident que
si la Chine investissait massivement dans le domaine des logiciels
libres, comme semble jusqu'à nouvel ordre le faire
l'Inde, Microsoft aurait pu s'inquiéter. Mais quand
on dispose d'un trésor de guerre tel que celui de Bill
Gates, on n'attend pas d'être menacé pour réagir.
C'est
ce qui s'est passé début novembre avec la visite
en grand cérémonial de Rick Rashid, vice-président
de Microsoft à Pékin pour inaugurer le Computing
in the 21st Century, une grande manifestation et foire organisée
par Microsoft pour célébrer le 5e anniversaire
de Microsoft Research Asia (MSRA) et annoncer le lancement
d'un Advanced Technology Center (ATC) à Pékin.
Plusieurs grands noms de la recherche et de l'industrie des
STIC américaines avaient fait le déplacement.
La manifestation étant patronnée par la National
Science Foundation of China (NSFC), 3.400 étudiants
et professeurs chinois y ont assisté, en montrant selon
les observateurs un enthousiasme extraordinaire. Rick Rashid
et les représentants du MIT ou de Berkeley en ont profité
pour déployer toutes les promesses qui s'attachent
à leurs produits et applications actuels et futurs.
Ils ont décrit un univers où tout le monde pourrait
communiquer avec tout le monde, grâce à de multiples
technologies en réseau. Les exposés furent repris
2 jours après à la métropole régionale
hith-tech de Chengdu, devant plus de 2700 passionnés.
Ceci appelle
plusieurs commentaires. Le premier est que Microsoft et ses
concurrents/ alliés (IBM, Intel, Lucent...) qui procèdent
de même mais plus discrètement, sont bien décidés
à ne pas laisser en friche le marché potentiel
des 19 millions d'étudiants des universités
chinoises (à comparer aux 14 millions d'étudiants
américains - dont beaucoup d'ailleurs sont asiatiques).
Au delà des congrès, ils multiplient les accords
avec le ministre de l'éducation en Chine et les universités
pour développer des laboratoires de recherche en technologie
avancée (interfaces graphiques et multimédia
pour téléphones cellulaires et assistants personnels,
etc.). Au plan culturel, la démarche est la même.
Microsoft et la NSFC lancent un projet de plusieurs millions
de dollars visant à développer au Harbin Institute
of Technology la plus grande base de données mandarin-anglais,
qui servira de base à des systèmes répartis
de traduction automatique. Microsoft propose aussi de créer
un super-calculateur en connectant les milliers de PC des
universités chinoises.
Le second
commentaire est politique. Dans le même temps où
Pékin renforce sa censure sur les usages privés
de l'Internet, en faisant notamment la chasse à la
multiplication des blogs, il accepte le principe de développer
tous azimuts les technologies en réseau. Mais il y
a peut-être une réponse à ce paradoxe.
Comme ce que Microsoft propose reste du domaine des logiciels
propriétaires très facilement contrôlable
centralement, Pékin préfère peut-être
cela à un bourgeonnement non contrôlable de logiciels
libres. Mais n'introduira-t-il pas le loup américain
dans la bergerie chinoise, car, encore une fois, on sait que
les logiciels propriétaires sont du pain béni
pour les hackers et les espions.
Notre
troisième commentaire s'impose de lui-même. L'inde,
comme le montre l'article de Network Magazine India que nous
référençons ci-dessous, est très
attentive à ce que négocie Microsoft et les
autorités chinoises. Suivra-t-elle la même voie
en s'alliant à son tour avec Microsoft ou persévérera-t-elle
dans la voie de l'autonomie des logiciels? L'Europe par contre
semble ignorer tout cela. Se rend-elle bien compte de tout
ce qui est en train de se mettre en place, sans elle ou contre
elle, dans le bloc Chine-Amérique, déjà
fortement soudé par la parité entre la monnaie
chinoise et le dollar?