Aujourd'hui,
IBM propose une solution permettant à des ordinateurs
d'entrer dans le contenu des informations en ligne et de restituer
avec, paraît-il, une grande sûreté, tous
les documents susceptibles de concerner une recherche donnée
: analystes économiques et financiers, observateurs
politiques, vendeurs de données et, bien évidemment
(encore que cela ne soit pas dit), services de renseignement
et de police. Les services seront vendus (voir ci-dessous),
ce qui veut dire que seules les entreprises ou les administrations
riches pourront en bénéficier.
Avec IBM, les solutions ne sont jamais simples ni réparties.
La firme a mis en place un énorme complexe de processeurs,
routeurs, disques et logiciels, occupant la superficie d'un
demi-terrain de football. Le système est appelé
WebFountain. Il sera mis en service en coopération
avec l'entreprise Factiva de New-York, dont le métier
est de vendre des informations économiques. Le projet
emploie 120 personnes et coûte plus de100 millions
de dollars. Il est localisé à l'IBM Almaden
Research Center de San Jose. On peut se poser la question
de savoir si des réseaux d'analyse plus légers
fonctionnant en Grid sur le mode des systèmes multi-agents
adaptatifs pourraient rendre les mêmes services. Mais
se poser la question n'est pas y apporter une réponse
opérationnelle.
Comment les documents sont-ils analysés ? Ceux-ci
n'étant dans leur écrasante majorité
pas composés de données préalablement
structurées, telles que résultant de l'emploi
de XML, le système doit convertir tout ce qu'il reçoit
en un format qui permette leur analyse automatique. Pour
cela des programmes dits "spider" ou "crawler"
parcourent le web et archivent les pages qu'ils rencontrent
dans des bases de données, qui occupent 160 terabits
d'espace disque. Le web tout entier est parcouru en 1 semaine,
mais les échanges plus épisodiques, tels que
ceux hébergés sur des blogs ou produits dans
des Chats, le sont quotidiennement. Les données sont
ensuite transférées dans le cluster des processeurs
centraux de WebFountain où ils sont soumis à
l'analyse de 40 programmes appelés "annotators".
Chacun des annotateurs recherche dans le document analysé
les mots ou phrases qu'il peut reconnaître, qu'il
identifie en cas de succès par un tag XML. Les annotateurs
sont spécialisés par type de recherche.
Les documents une fois labellisés (ce qui peut multiplier
leur longueur par 10) sont stockées dans des bases
de données où ils sont soumis automatiquement
à des procédures de data mining ou fouille
de données, en fonction des informations recherchées.
Certains annotateurs sont suffisamment complexes pour inférer
le sens ou la signification des documents qu'ils analysent,
si bien que ces derniers sont mémorisés dans
des bases de connaissances (Knowledge bases) lesquelles
peuvent ou non être mises à la disposition
du public ou des clients payants. D'autres restent la propriété
d'IBM et de ses partenaires privilégiés -
par exemple ceux qui concernent la pétrochimie ou
l'industrie pharmaceutique. Bien d'autres procédures
utilisant l'intelligence artificielle permettent de faire
la chasse aux ambiguïtés, rechercher les liens
qu'un document ou un site entretient avec les autres et
plus généralement fournir à la demande
des diagnostics fins. On comprendra mieux le processus d'ensemble
en grossissant l'image ci-dessus (source IEEE).
Le matériel informatique constituant le cur
de WebFountain voit sa puissance augmentée tous les
9 mois. Les promoteurs du système veulent en effet
faire face à l'augmentation de la demande venant
des grandes entreprises, cherchant à analyser leur
image, connaître les activités et produits
de la concurrence, réaliser rapidement des études
de marché. Le service sera fourni par abonnement,
dans un premier temps par Factiva, pour un coût variant
entre 150 000 et 300 000 dollars par an. Tout ceci laisse
espérer que WebFountain deviendra très rapidement
incontournable dans le monde économique et, plus
généralement, permettra à ses heureux
utilisateurs de trouver dans l'univers du web l'intelligence
que celui-ci, laissé à lui-même, ne
peut fournir.
Le lecteur conclura de lui-même cette courte présentation.
Les entreprises bénéficiant des services de
WebFountain prendront sur les autres des avances qui risquent
d'être définitives. Cela ne pourra que favoriser
les firmes déjà riches et dominantes. Mais il
faudrait être bien naïf pour penser qu'un tel système
fonctionnera en toute transparence. La guerre économique
étant ce qu'elle est, les entreprises américaines
seront certainement "mieux servies" que leurs concurrentes
du reste du monde. Quant aux usages qui seront faits du système
en vue du renseignement (sous prétexte de lutte contre
le terrorisme), il n'est pas nécessaire de faire un
dessin. Il faut bien se persuader que tout document, y compris
celui-ci qui vient d'être écrit, entrera dans
le système, sera analysé, classé, utilisé
et possiblement détourné sans évidemment
que les auteurs n'en sachent rien.
Comme
toujours, les optimistes diront que rien dans la démarche
d'IBM et de ses soutiens n'est nouveau, que le web sera de
plus en plus touffu et inanalysable, que les firmes européennes,
de toutes façons, doivent s'en méfier. C'est
possible, mais ce qui nous apparaît, peut-être
à tort, c'est l'importance et la concentration des
moyens rassemblés par le projet WebFountain. Nous ne
connaissons pas les technologies déjà mises
en oeuvre par les Etats-Unis dans le cadre de la guerre économique
et la lutte contre le terrorisme, mais ce projet, de toutes
façons, leur apportera un plus qu'il ne faut pas négliger.
Pour
en savoir plus
Lire l'article
de IEEE dont nous nous sommes inspirés pour rédiger
cette note : http://www.spectrum.ieee.org/WEBONLY/publicfeature/jan04/0104comp1.html
Factiva
: http://www.factiva.com/
Comment
concevoir une usine à fabriquer des nano-objets moléculaires
(nano-factory)
JPB 25/01/04
On
sait qu'aux Etats-Unis les nanotechnologies moléculaires
font l'objet de débat dans le monde des nanosciences.
Si certains estiment leur avènement encore hors de
portée, d'autres pensent le contraire et voudraient
voir financer des recherches. Rappelons-le, les nanotechnologies
moléculaires concerneront les nano-objets capables
de se reproduire comme des organismes vivants. Ils seront
fabriqués dans des nano-usines (nano-factories) qui
"assembleront" des molécules matérielles,
le cas échéant en synthèse avec des molécules
vivantes, afin de produire automatiquement de grands quantités
de produits finis, à partir de programmes définis
à l'avance compte tenu du résultat recherché.
La science-fiction a déjà imaginé que
le processus pourra échapper à ses inventeurs
(voir par exemple La Proie, de Michael Crichton, roman
paru chez Robert Laffont en septembre dernier).
C'est
dans la conception de ces nano-factories que réside
tout l'avenir de cette technologie. Le pays ou le groupe de
personnes qui auront mis au point la meilleure technique de
fabrication gagnera la bataille des nanotechnologies. Certains
pensent que la Darpa y travaille secrètement pour le
ministère de la défense américain. D'autres
vont même jusqu'à soupçonner des Etats
ou des mouvements terroristes de s'y essayer.
Mais
la tâche n'est pas facile. Ceux qui s'intéressent
au sujet trouveront un long article (que nous pensons pertinent,
mais sans pouvoir le garantir) de Chris Phoenix, directeur
de recherche au Center for Responsible Nanotechnology (voir
notre article). Ce document a été publié
dans le Journal of Evolution and Technology http://www.jetpress.org/volume13/Nanofactory.htm
) et repris par le KurzweilAI-net (voir http://www.kurzweilai.net/meme/frame.html?main=/articles/art0607.html).
Tous ceux qui imaginent que les nanotechnologies se résument
aux nanotubes de carbone ont intérêt à
étudier ce texte attentivement. Mais qui se préoccupe
de ces questions dans notre beau pays?
Les futurs
super-ordinateurs du département de la défense
américain
JPB 25/01/04
La
Darpa, agence de recherche du département américain
de la défense, a passé un contrat de 4,5 millions
de dollars au Los Alamos National Laboratory pour étudier
l'architecture, les composants et les logiciels des futurs
super-ordinateurs dont aura besoin le DOD. En 2008, celui-ci
voudrait disposer de machines capables de réaliser
1 million de milliards d'opérations par seconde, soit
1 petaflop. L'équipe en charge de l'étude vient
d'éliminer un gros bug qui génait le fonctionnement
de l'ordinateur de Los Alamos dit Q, le second du monde en
puissance. Elle a reçu en 2003 le prix de la meilleure
publication au Supercomputing Conference.
Ceci
montre bien que, tant que l'Europe n'aura pas de telles machines,
conçues par de telles équipes, il lui sera vain
de tenter de s'aligner sur les Etats-Unis, que ce soit dans
le domaine civil ou dans le domaine militaire. Mais nous n'avons
plus de De Gaulle pour s'en rendre compte et lancer un nouveau
Plan Calcul.
Pour
en savoir plus :
Defense Advanced Research Project Agency : http://www.darpa.mil/ipto/programs/hpcs/index.htm
En route
vers la société Transhumaniste ou Posthumaniste
JPB 25/01/04
Le
réseau d'information de Ray Kurzweil publie, conjointement
avec The Village Voice, un article du journaliste scientifique
américain Erik Baard relatant un débat qui s'est
tenu en 2003 à Yale University sous le titre Should
Humans Welcome or Resist Becoming Posthuman? Ce débat
faisait partie de la Conférence 2003 de la World Transhumanist
Association. Nous invitons nos lecteurs à lire l'article,
très riche en informations diverses. Ensuite, ils pourront
se demander si en France pourrait exister une Association
comme la WTA, si elle pourrait être accueillie par une
grande université et si ses travaux pourraient faire
l'objet d'articles de presse autres qu'ironiques ou alarmistes.
Notons qu'en Europe, divers pays abritent des correspondants
nationaux de la WTA, comme l'indique le site de celle-ci.
Pour
en savoir plus
Article
de Erik Baard : http://www.kurzweilai.net/meme/frame.html?main=/articles/art0611.html
World Transhumanist
Association :http://www.transhumanism.org/
Deuxième
édition du Traité de la réalité
virtuelle
JPB 25/01/04
On
connaissait la première édition de ce traité*,
produit par un collectif encadré par Philippe Fuchs
et Guillaume Moreau, et publié avec le soutien de l'Ecole
des Mines de Paris. Il vient de faire l'objet d'une seconde
édition considérablement mise à jour
compte tenu des enrichissements permanents que présentent
la théorie et la pratique dans le domaine de la réalité
virtuelle. On tend à limiter celle-ci à certaines
applications où les sens de l'homme ne peuvent intervenir
directement. Ou bien on en fait l'outil de jeux et de spectacles.
Mais les perspectives sont infiniment plus vastes, comme on
le constatera en lisant le livre. Encore se trouvera-t-il
des enthousiastes pour trouver que les auteurs modèrent
un peu leur imagination. On verra en lisant la critique que
nous consacrons dans ce numéro au livre de David Deutsch,
L'étoffe de la réalité,
que certains physiciens en font un des modes principaux de
construction du cosmos en cours de complexification.
*Voir
notre
actualité du 19/04/2002
Pour
en savoir plus
Présentation
du livre et téléchargement http://caor.ensmp.fr/interlivre/index.php
Voir à
titre d'exemple un article sur le Massively Multiplayer Simulation
for Asymmetric Warfare développé aux Etats-Unis
pour l'entrainement des militaires
http://www.mt2-kmi.com/articles.cfm?DocID=358
Voir aussi
Sodarace, un jeu réalisé par des chercheurs
britanniques où les humains et les bêtes virtuelles
s'affrontent http://sodarace.net/index.jsp
Succès
remarquable de l'océanographie française
JPB/CJ 18/01/04
Il
faut saluer l'exploit que représente la récupération,
en un temps record, par le robot Scorpio 2000* de France
Télécom marine, piloté à partir
du navire Ile de Batz, des deux boîtes noires du Boeing
de Flash Air line. Il s'agissait d'une exploration visuelle
entre 600 et 800 mètres de fond, dans une zone prébalisée
approximativement par des bouées sonar de la marine.
L'exploit est aussi le fruit de la compétence des hommes
à bord du navire de l'Ifremer Beautemps-Beaupré
qui a coordonné les recherches. Le robot Super-Achille
de la société maritime privée d'exploration
sous-marine COMEX était aussi prêt à intervenir.
On peut en profiter pour regretter les réductions budgétaires
aussi importantes que subites qui frappent actuellement ce
secteur de l'océanographie, où la France s'est
taillée une place remarquable face aux gros moyens
déployés par la marine américaine.
*D'un poids de 3,4 tonnes, ce sous-marin
téléguidé équipé de bras
manipulateurs articulés peut récupérer
des poids allant jusqu'à 500 kg. Très précis,
il peut également récupérer de petits
objets. Ses bras peuvent également découper.
Sept personnes sont nécessaires pour la manipulation
de l'engin, équipé de plusieurs caméras
reliées au navire. A bord plusieurs moniteurs de TV
permettent de suivre et d'enregistrer l'évolution de
l'engin.
Des
robots militaires destinés à jouer les mulets
JPB 14/01/04
Il s'agit de donner une version moderne
aux antiques mulets utilisés jadis par les troupes
alpines de la vieille Europe pour faire franchir le Saint
Gothard à des pièces de 75 et autres impedimenta.
C'est le TACOM Tank-automotive and Armaments Command, dépendant
du ministère américain de la défense,
qui fait étudier l'équivalent de mulets ou de
chiens de montagne, susceptibles d'aider les fantassins à
porter les 50 kg que représente leur charge habituelle
en opération. Un contrat de 2.25 millions de dollars
vient d'être attribué pour cela à deux
firmes robotiques.
L'objectif plus général du DOD est de s'inspirer
de la nature, où l'on n'avait jamais remarqué
d'animaux à roues, mais plutôt à 4 pattes,
voire 6 à pattes. L'enjeu n'est pas évident
car un robot de cette taille doté de jambes constitue
un système lourd et fragile, contrairement à
un robot-cafard ou un robot-chenille, dont les militaires
espèrent par ailleurs faire une forte consommation.
On peut penser cependant que de tels robots pourront aussi
s'aventurer sur la Lune ou Mars, dans le cadre des missions
d'exploration robotisées annoncées par le président
Bush dans son programme spatial.
Pour en savoir plus
TACOM www.tacom.army.mil/main/
Confirmation
du programme spatial américain visant la Lune et Mars
JPB 14/01/04
Comme
prévu, le Président Bush a présenté,
du siège de la Nasa, le 14 janvier 2004, le nouveau
programme spatial qu'il propose à la nation. Celui-ci
comporte deux grandes phases : une réoccupation plus
ou moins permanente de la Lune à partir de 2015, précédée
de l'envoi de missions robotiques d'ici 2008 - l'envoi d'une
mission habitée sur Mars une dizaine d'années
après, elle-aussi précédée d'explorations
robotisées dont le succès récent de Spirit
ne constitue qu'un modeste précurseur.
A cette fin, dans l'immédiat, la Nasa devra développer
un vaisseau sur le modèle de l'ex-capsule Apollo (Crew
Exploration Vehicle). Elle aura plusieurs usages : servir
de capsule de sauvetage, envoyer des hommes dans l'espace
proche, permettre l'exploration de l'espace profond. Les navettes
seraient retirées du service d'ici 2010, et la Station
Spatiale Internationale verrait son rôle réduit.
Ce programme devrait coûter sur 5 ans $12 mds, dont
11 mds proviendraient d'économies réalisées
par la Nasa sur ses programmes actuels, ou permis par une
amélioration de la gestion de l'Agence. Le coût
total d'un programme Mars est évalué, très
approximativement, à $60 mds, qui répartis sur
30 ans, entreraient sans difficultés dans le budget
de la Nasa, qui est actuellement de $15,5 mds, augmenté
de $1 md dans les 5 prochaines années.
Une Commission sera créée, présidée
par l'ancien secrétaire à l'Air Pete Aldrich,
pour établir un rapport précisant la mise en
uvre de cette nouvelle "vision".
Voir Communiqué
de la Nasa http://www.nasa.gov/missions/solarsystem/bush_vision.html
et tableau budgétaire http://www.nasa.gov/pdf/54873main_budget_chart_14jan04.pdf
Voici
rapidement quelques commentaires :
- Nombre d'observateurs européens doutent de la sincérité
de l'annonce, présidentielle, qui serait motivée
uniquement par les échéances électorales
: George W. Bush s'insérerait ainsi, pour l'opinion,
dans la lignée glorieuse de John Kennedy, ouvrirait
des perspectives technologiques qui ne peuvent que plaire
à l'industrie et finalement, ferait oublier les difficultés
de la "démocratisation" de l'Irak. Mais il
ne s'agirait que de promesses qui seront vite oubliées.
Ils en concluent qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter,
le rapport de force entre la suprématie technologique
et scientifique américaine et le reste du monde n'en
sera pas modifié. Ces observateurs avisés oublient
une chose, c'est que le projet Mars, comme beaucoup d'autres
grands programmes américains, a été délibérément
conçu par des stratèges qui voient loin et font
tout ce qu'ils peuvent pour maintenir et renforcer cette suprématie
technologique et scientifique, dans tous les domaines. Le
projet Mars sera pour ce faire une excellente locomotive.
Au plan purement spatial, l'opération, telle qu'elle
est identifiée dans le jargon politique américaine
est sans ambiguïté : Renewed U.S. space dominance.
Il s'agit donc bien de domination. Elle montre clairement
au monde que la voie du spatial, maintenant et pour tout le
siècle, sinon plus tard, sera explorée par les
Américains qui se seront unilatéralement attribué
le titre d'ambassadeurs de l'humanité tout entière.
-
D'autres observateurs, ou les mêmes, font observer que
si, éventuellement, il s'agissait de renforcer la suprématie
américaine, ce serait en vue d'une future confrontation
USA-Chine, et non dans l'objectif de rabaisser l'Europe. Peut-être,
mais tout le monde sait que ce que les Etats-Unis supporteraient
le plus mal en ce moment, serait de voir l'industrie aéro-spatiale
européenne, qui les agace profondément, renforcée
par un projet Mars européen. Ils doivent donc occuper
le terrain martien, si l'on peut dire.
- Plus prosaïquement, le projet Mars ne sera possible
que si la Nasa réforme profondément ses méthodes
industrielles et de gestion. Il s'agit d'un objectif essentiel
qui serait difficilement envisageable si l'administration
ne mettait pas une forte pression sur l'Agence.
- Dans le cadre de cette réforme, l'abandon ou la mise
en sommeil des ruineux programmes hérités de
la décennie dernière, navettes et l'ISS, pourrait
se faire sans choc dans l'opinion, un programme plus grandiose
prenant le relais. Tant pis pour les Japonais et les Européens
qui avaient investi dans la réalisation de modules
scientifiques devant s'intégrer à l'ISS. Ils
pourront toujours faire appel aux Soyouz...
- Cependant, dans la perspective d'une action politique visant
à soutenir l'indépendance de l'Europe en renforçant
ses ambitions technologiques et scientifiques, l'annonce de
George W. Bush peut avoir du bon. Un programme Mars européen
indépendant de celui des Etats-Unis apparaîtra
de plus en plus justifié. Les budgets réévalués
par la Nasa deviennent abordables pour l'Esa, d'autant plus
que celle-ci est réputée bénéficier
d'une gestion bien plus rigoureuse. Par ailleurs, les acquits
de nos industries européennes de l'aéronautique
et de l'espace, comme ceux d'autres industries (nucléaire
par exemple pour la fourniture de moteurs atomiques destinés
aux fusées, ou robotique pour la réalisations
de robots autonomes), sans avoir l'importance de ceux immédiatement
disponibles pour la Nasa, sont loin d'être négligeables.
Enfin, l'effet d'entraînement d'un tel programme Mars
européen sur l'ensemble des sciences et technologies
concernées serait considérable, à une
époque où la croissance européenne se
languit.
Pour
en savoir plus
Le projet
Aurora de l'ESA : http://www.esa.int/export/esaMI/Aurora/
Voir aussi More about Aurora :
http://www.esa.int/export/SPECIALS/Aurora/SEMZOS39ZAD_0.html
On consultera
également le site très intéressant de
la National Space Society France qui est très riche
en données sur les programmes et outils spatiaux européens
: www.nssfrance.fr.st
Rappelons
enfin notre précédent éditorial.
Antoine
Petit est nommé directeur du département STIC
du CNRS
CJ/06/01/04
Antoine
Petit vient d'être nommé nouveau directeur du
département scientifique des Sciences et technologies
de l'information et de la communication (STIC), créé
il y a trois ans au CNRS. Nommé le 1er janvier 2004
par Bernard Larrouturou -directeur général du
CNRS-, il succède à cette fonction à
Francis Jutand.
Rappelons
que le département STIC, important pour le domaine
de la robotique en France, s'appuie sur l'activité
de 134 unités de recherche, structurées autour
de quatre grands domaines disciplinaires : informatique et
traitement de l'information ; système, signal et composant
; dispositifs et technologies micro et nano ; interactions
humaines et cognition. Ses champs des recherches vont des
composants aux logiciels, du traitement du signal au traitement
des connaissances, des réseaux de communication aux
interfaces homme-machine, des méthodes et outils de
conception à la commande des systèmes.
Le STIC regroupe plus de 9000 personnes, dont 800 chercheurs
CNRS, 3800 enseignants-chercheurs, 250 chercheurs d'autres
organismes, 3700 doctorants ou post-doctorants et 1800 personnels
ingénieurs, techniciens et administratifs.
Pour
en savoir plus
Communiqué
de presse du CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/communique/383.htm
Le site du département STIC : http://www.cnrs.fr/STIC/
Voir aussi,
pour mémoire,
notre interview de Francis Jutand (7 juin 2001) :
http://www.automatesintelligents.com/interviews/2001/juin/f_jutand.html
Le
rover MER-A (Spirit) est arrivé sans encombre sur Mars
CJ 04/01/04
MER-A
(Mars Expedition Rover), le robot d'exploration de la NASA
transporté par la sonde Spirit lancée le 10
juin 2003, s'est posé comme prévu ce 4 janvier
sur la surface de Mars, au coeur du cratère Gusev.
Les premières images transmises de son environnement
(voir panorama ci-dessous) confirment que tout s'est bien
déroulé. Le robot doit y mener une mission géologique
d'au moins trois mois. D'ici quatre jours, après avoir
fourni nombre de clichés*, il partira en reconnaissance
autour de son site
d'atterrissage.
Objectif de la mission
: déterminer
si les traits géologiques qui caractérisent
le cratère Gusev - couches stratifiées - sont
bien des dépôts sédimentaires dus à
la présence prolongée deau liquide en
son sein. Les spécialistes pensent en effet que le
site a pu être alimenté en eau pendant des millions
dannées par le fleuve censé courir au
fond de la vallée Maadim.
Gusev, dont le diamètre avoisine les 145 km, aurait
été formé il y a trois ou quatre milliards
dannées par la chute dun astéroïde
vers le sud de léquateur martien.
Au-delà du témoignage de cette présence
d eau, cest naturellement un environnement propice
à lapparition de la vie qui est recherché.
Outre dresser un panorama de son environnement avec un luxe
de détails jamais atteints et se déplacer vers
les endroits les plus intéressants, le robot sera notamment
capable de décaper la roche superficielle des échantillons
quil examinera afin davoir accès à
des minéraux préservés des rayonnements
qui baignent la surface martienne : si Gusev a été
le berceau dun lac géant, certains minéraux
spécifiques sont encore susceptibles de se trouver
dans les roches.

Premier panorama martien transmis par le robot
© JPL/NASA
Cliquez sur la photo pour l'agrandir
La réussite de la sonde Spirit
est dexcellent augure pour la sonde Opportunity,
partie de la Terre le 7 juillet dernier avec à
son bord le robot MER-B, et qui doit rejoindre le sol
martien le 25 janvier prochain du côté
de Terra Meridiani.
|

Photo prise immédiatement après l'atterrissage,
lors du déploiement du pétale arrière
(en haut) © JPL/NASA
|
L'europe est moins chanceuse avec la sonde Mars Express :
si celle-ci s'est mise impeccablement en orbite autour de
Mars et pourra réaliser de nombreuses analyses, on
est toujours sans nouvelle du robot Beagle 2 censé
sêtre posé à la surface le 25 décembre
dernier et qui reste désespérément muet
à ce jour.
*
C'est la première fois que des
images de la planète rouge sont prises en stéréoscopie,
procédé qui permet d'obtenir une impression
de relief et davantage de profondeur de champ, ce qui permettra
aux scientifiques de repérer encore plus précisément
les zones à explorer.
Pour en savoir plus
Site Futura Sciences (en français),
partenaire d'Automates Intelligents :
http://www.futura-sciences.com et
http://orbitmars.futura-sciences.com
Site de
la Nasa : http://marsrovers.jpl.nasa.gov/home
Nos actualités
du 1er
juillet 2003 et du 18
janvier 2003
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