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ACTUALITÉS
Le
plus grand nombre premier connu à ce jour
CJ 06/12/03
En
connectant son ordinateur avec un réseau de 200 000
machines à travers la planète, Michael Shafer,
étudiant en chimie à l'Université du
Michigan aux USA, vient de dévoiler le plus grand nombre
premier connu à ce jour : 2 20 996 011 -
1, nombre composé de quelque 6
320 430 chiffres.
Rappelons que les nombres premiers - couramment utilisés
en cryptographie pour sécuriser les données
échangées sur des réseaux - sont divisibles
uniquement par un ou par eux-mêmes. Si cette définition
paraît des plus simples, personne n'a encore pu déterminer
comment ils se distribuent parmi la suite des entiers.
Pour en savoir plus
Great Internet Mersenne Prime Search (réseau de recherche
de nombres premiers) : http://www.mersenne.org/prime.htm
Création
du JRL, laboratoire franco-japonais en robotique
CJ 02/12/03
Claudie
Haigneré, ministre déléguée à
la Recherche et aux nouvelles Technologies participe le 8
décembre 2003 à la création d'un laboratoire
de robotique, le "JRL" (Joint robotics laboratory)
associant le CNRS (via le département des STIC*) avec
l'ISI (Institut des systèmes intelligents), structure
dépendante de l'AIST japonais (Institut national de
la science et des technologies industrielles avancées).
Après le LIMMS (laboratory for integrated micro-mechatronic
systems) consacré aux recherches dans le domaine des
micro-nanotechnologies et créé en 1995, le JRL
est le second laboratoire franco-japonais créé.
Ce
nouveau laboratoire international associé sera basé,
pour le pôle français, au laboratoire de robotique
de Versailles et, pour le Japon sur le site de Tsukuba, technopôle
situé à une soixantaine de kilomètres
de Tokyo. Il couvrira le domaine de la robotique autonome
et plus particulièrement les recherches de base s'intégrant
à la plate-forme humanoïde japonaise HRP-2 (Humanoid
Robotics Project) déjà présente dans
les locaux de Tuskuba. Selon Jacques Citerne, le directeur
scientifique du STIC pour ce programme, celle-ci sera "disponible
d'ici un à deux ans sur le site français, ce
qui représente un investissement d'environ 400 000
euros". Cette plate-forme humanoïde (1,54 mètre
de hauteur, 58 kilos, seul robot au monde de taille humaine
capable de se coucher puis de se relever) devrait compter
parmi les 4 ou 5 grandes plates-formes de robotique que le
CNRS souhaite implanter à terme sur le territoire.
L'outil d'intégration commun des recherches, installé
aujourd'hui dans les deux pôles du JRL, est une plate-fo
rme
logicielle (simulateur d'humanoïde) mise à la
disposition du CNRS par l'AIST.
Le programme scientifique - qui a été défini
conjointement par le département STIC du CNRS et par
l'ISI - porte spécifiquement sur : la
coopération homme-robot ; la collaboration multi-robots
; le contrôle/commande (incluant les architectures et
la prise de décision) ; les différents modes
de locomotion ; la perception et la compréhension de
l'environnement (pour la localisation et la cartographie,
pour la navigation et l'observation et pour les actions sensori-motrices).
Créé
pour 4 ans, le JRL est fondé sur un principe de symétrie
pour les moyens financiers, matériels et humains :
en 2004, deux chercheurs titulaires et un postdoctorant japonais
seront accueillis en France, tandis que le pôle japonais
recevra deux chercheurs titulaires et trois postdoctorants
français. Les sites consacrent par ailleurs une vingtaine
de milliers d'euros par chercheur pour couvrir les investissements
nécessaires aux activités de recherche (23 000
euros par chercheur du côté français et
19000 euros du côté japonais). Ces
sommes viennent en complément de ce qui est déjà
investi dans le cadre du réseau thématique pluridisciplinaire
"Robotique autonome
et communicante" créé en 2003 au sein
du département STIC du CNRS, et chargé de coordonner
l'activité dans ce domaine d'un ensemble de laboratoires
français. Le réseau dispose d'un budget annuel
de l'ordre d'une centaine de milliers d'euros. Rappelons qu'un
autre programme national, ROBEA (robotique
et entités artificielles) a par ailleurs été
lancé par le CNRS en 2001 auquel s'est adjoint l'INRIA
(Institut national de recherche en informatique et en automatique)
l'année suivante. ROBEA a bénéficié
d'environ 3 millions d'euros entre 2001 et 2003.
* Département
Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication
du CNRS: voir
notre interview du 7 juin 2001 de Francis Jutand, directeur
du département.
Pour en savoir plus
Communiqué de presse du CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/communique/332.htm
Département STIC du CNRS : http://www.cnrs.fr/STIC/
Humanoid robotics system group de l'Intelligent
System Institute (AIST) : http://www.is.aist.go.jp/humanoid/index.html
Le Sénat
américain approuve le 21st Century Nanotechnology Research
and Development Act
JPB 01/12/03
Ce texte avait fait l'objet de
négotiations entre le Science Comittee de la Chambre
des Représentants et le Sénat. Il donne force
de loi à la National Nanotechnologies Initiative
et la crédite de 3.7 milliards de dollars pour 4
ans destinés à la recherche-développement.
Un American Nanotechnology Preparedness Center sera créé
pour étudier les aspects sociétaux et éventuellement
éthiques de ces technologies. La signature du Président
est attendue dans les prochains jours.
L'objectif du texte est de faire
des Etats-Unis un "leader indiscuté dans la
révolution des nanosciences", selon son rapporteur.
De nombreux organismes bénéficieront des financements,
notamment la National Science Foundation, le ministère
de l'Energie, la Nasa, le National Institute of Standards
and Technology, l' Environmental Protection Agency et le
Foresight Institute (spécialisé
dans les nanosciences).
On rêverait de voir les
gouvernements européens se cotiser pour financer
des initiatives analogues. Mais on préfère
se demander si l'Europe doit se donner ou non une référence
chrétienne.
Pour en savoir plus
Le texte de Loi http://www.smalltimes.com/smallstage/images/nanobills189.pdf
La National Nanotechnology Initiative
http://www.nano.gov/
Le Foresight Institute http://www.foresight.org/
Facilities
for the Future of Science
JPB 26/11/03
L'Office of Science dépendant du Département
américain de l'énergie, vient de publier sous
ce titre un programme de grands investissements scientifiques
intéressant les 20 prochaines années. L'ambition
est clairement annoncée: faire en sorte de ne laisser
à aucun autre pays le leadership dans les sciences
et technologies associées. Nous en ferons prochainement
un commentaire. Constatons seulement qu'en priorité
1, intéressant l'avenir immédiat, figure le
programme Iter. Sur ce point, le conseil des ministres des
sciences européens vient de décider que le champion
européen pour l'installation du réacteur expérimental
sera Cadarache, en France. C'est une décision de bon
sens, mais on pouvait tout craindre de la surenchère
espagnole s'étant manifestée ces dernières
semaines. Reste à choisir le site définitif,
entre l'Europe et le Japon. Peut-on penser que les Etats-Unis
toléreront, vu les ambitions affichées par le
document précité, que Iter soit implanté
en Europe? On peut supposer qu'ils ont déjà
pris tous arrangements utiles pour "aider" le Japon
à mener à bien cette ambition considérable.
Pour en savoir plus
Facilities for the Future of Science. Déclaration
du Secrétaire au Commerce
Dossier http://www.science.doe.gov/Sub/Facilities_for_future/20-Year-Outlook-screen.pdf
Modèle systémique
du Sida
JPB
26/11/03
Le rapport de l'ONU-Sida pour 2003 présente
des chiffres accablant, sur lesquels nous ne reviendrons pas
ici. Le point le plus inquiétant pour les prochaines
années est la progression prévue dans les grands
pays démographiques, Chine, Inde, Asie du sud-est,
Russie. L'examen rapide des causes et des remèdes possibles
montre quelque chose que le politiquement correct interdit
de dire, de peur de renforcer l'inertie générale.
C'est qu'il s'agit sans doute d'un des facteurs par lesquels
l'humanité disparaîtra dans les prochaines décennies,
tout au moins sous sa forme et dans ses effectifs actuels.
Il y en a bien d'autres prévisibles, comme l'on sait.
Mais si l'on s'en tient au sida, qu'elle est l'impression
dominante ? C'est que tout se conjugue, non seulement pour
rendre inopérantes les mesures de thérapie et
de prévention envisagées, mais pour provoquer
un développement exponentiel et incontrôlable
de la pandémie. Je ne vais pas ici présenter
les arguments pouvant justifier, ou au contraire infirmer,
ce jugement aussi sinistre qu'abrupte.
Il y a un point par contre qu'il faut souligner.
Tous les gens pratiquant les systèmes complexes pourront
se mettre d'accord sur le fait qu'il s'agit d'une rupture
d'équilibre systémique dans les relations entre
les humains et leurs envahisseurs biologiques. Il y en aura
sans doute d'autres qui se grefferont sur le premier. Or qui
dit système dit modélisation possible. Il est
absolument scandaleux que n'existe nulle part, aisément
accessible à tous, un modèle évaluant
l'évolution des phénomènes et les impacts
des mesures de prévention et de soins, celles qui existent
et celles que l'humanité décidera un jour peut-être
(sans doute trop tard) de prendre. Nous sommes comme des automobilistes
fonçant dans le brouillard vers un accident majeur,
alors que s'ils disposaient d'une représentation (par
radar aérien) du phénomène, ils pourraient
commencer à envisager la meilleure façon de
se sauver leur vie. Construire un tel outil suppose évidemment
de modéliser au mieux les situations et de disposer
de faits aussi sûrs que possible permettant d'évaluer
leurs évolutions. Mais il faut aussi des processus
d'Intelligence Artificielle d'ailleurs simples pour, si l'on
peut dire, se mettre dans la peau du système contaminé
global dont nous sommes tous des parties prenantes, et tenter
de réagir là encore de façon systémique.
26/11/03
Pour en savoir plus
Le rapport de l'ONU-Sida pour 2003 http://www.unaids.org/wad/2003/press/Epiupdate2003_fr/Epi03_00_fr.htm
La réforme
des enseignements en France
JPB 24/11/03
Les projets, débats et manifestations
concernant actuellement les enseignements en France manquent
cruellement de perspectives stratégiques. Il s'agit
sans doute d'un défaut bien français. Quel
est le besoin majeur aujourd'hui? C'est celui de former
un bien plus grand nombre de scientifiques, ingénieurs
et techniciens supérieurs qu'aujourd'hui. Nous avons
pléthore de littéraires et juristes. Tant
mieux pour ces disciplines. Mais nous manquons cruellement
de jeunes dans le secteur des sciences et techniques - quels
que soient les domaines d'ailleurs (on y inclura les professions
de santé et même...la philosophie des sciences).
Ceci veut dire qu'il faudra soit délocaliser, soit
faire venir des étudiants étrangers en bien
plus grand nombre, soit purement et simplement renoncer
à certaines activités et recherches.
Un gouvernement et une opposition dignes de
ce nom devraient s'accorder sur ce diagnostic, et sur les
moyens de soigner le malade en profondeur. Une première
nécessité parait évidente. La question
ne doit pas être abordée seulement au niveau
du supérieur, mais aussi à celui du deuxième
cycle sinon du primaire. Ceci rend aberrant l'objectif actuel
de "réformer" séparément l'enseignement
secondaire et l'université. Il faut mettre en oeuvre
des filières de solutions tout au long des cycles.
Il faut aussi apprendre l'interdisciplinarité dès
le plus jeune âge.
Une deuxième nécessité
doit selon nous être soulignée. Il faut se placer
nécessairement dans le cadre européen, puisque
c'est dans ce cadre que se feront les grandes politiques scientifiques
et industrielles. Mais se placer dans le cadre européen
ne consiste pas à s'aligner sur un modèle unique,
qui sera par la force des choses celui du pays le plus attardé.
Il faut créer une émulation permanente entre
établissements et universités, ce qui suppose,
non pas l'enfermement sur ses spécificités,
mais le travail coopératif en réseau, autour
d'un usage massif des technologies de l'information, et de
nombreux échanges entre étudiants et professeurs.
Derrière cela, il faudrait évidemment
que les politiques mettent en place de grands programmes pluriannuels
de recherche-développement européens susceptibles
de motiver les étudiants (dès je dirais l'école
maternelle!!). Voir par exemple notre éditorial du
24 septembre dernier http://www.automatesintelligents.com/edito/2003/octobre/edito.html
Une nouvelle machine
cognitive
JPB 24/11/03
Décidément,
les annonces relatives à la réalisation d'automates
potentiellement conscients (cognitive systems, selon une
terminologie usuelle) se succèdent. Nous avions indiqué
dans un
éditorial précédent qu'il pourrait
s'agir là pour l'Europe d'un très grand programme
fédérateur. En attendant, un chercheur britannique
spécialiste en Intelligence Artificielle, un certain
Steve Grand, créateur d'un singe automate intelligent
nommé Lucy, se félicite des progrès
qu'il a déjà réalisés. Il fera
d'ailleurs paraître en Janvier 2004 un livre donnant
tous les détails utiles: Growing Up With Lucy:
How to Build an Android in Twenty Easy Steps (Weidenfeld
& Nicolson). D'après l'article de Computer World,
le système serait construit selon la méthode
ascendante (c'est-à-dire sans programmation centrale
préalable) en faisant interagir des réseaux
neuronaux avec un environnement. Lucy serait dotée,
en animal qui se respecte, d'un corps sensible, c'est-à-dire
disposant de tous les artéfacts sensoriels et moteurs
lui permettant de réagir avec cet environnement.
Ceci dit, à en croire l'article, la logique du système
serait encore assez sommaire. Mais peut-être est-ce
une bonne façon de commencer.
Steve Grand vient de bénéficier
d'un crédit complémentaire de $68,000 grant
venant du National Endowment for Science, Technology and the
Arts de Londres. Ceci lui permet actuellement d'enrichir le
système informatique qu'il utilise. Comme quoi des
gens croie genre de recherche chez nos voisins britanniques.
Steve Grand est fondateur de Cyberlife Research
Ltd., compagnie spécialisée en IA et basée
dans le Somerset, UK
Pour en savoir plus
L'article
de ComputerWorld http://www.computerworld.com/softwaretopics/software/appdev/story/0,10801,86961,00.html
Steve
Grand. Page personnelle http://www.cyberlife-research.com/people/steve/
Cyberlife-research.Ltd
http://www.cyberlife-research.com/
Le
robot volant le plus petit et le plus léger du monde
CJ 23/11/03
C'est
le robot le plus petit et le plus léger du monde :
MFR (Micro Flying Robot) ressemble fortement à une
libellule, mesure 7 cm de hauteur, tient dans la paume de
la main et ne pèse que 8,8 grammes. Il peut s'envoler
grâce à une hélice de 13 cm de diamètre,
activée par quatre moteurs ultrasoniques et se maintenir
en l'air grâce à un mécanisme stabilisateur.
Issu de trois années de travail, ce prototype conçu
par le fabricant japonais d'imprimante Seiko-Epson a été
présenté au cours de l'International Robot Exhibition
qui se tenait à Tokyo du 19 au 22 novembre 2003.
Fonctionnant pour l'instant grâce à un câble
délivrant 3,5 volts à une batterie de 3 grammes
(consommation 3 watts)*, la société cherche
une batterie encore plus légère et plus puissante
afin de faire voler MFR sans câble.
"C'est la raison pour laquelle nous avons
présenté
le prototype lors de l'exposition de Tokyo. Nous souhaitons
attirer des partenaires industriels capables de nous fabriquer
une pile très légère" a expliqué
Junji Ajioka, responsable du département de la stratégie
de Seiko Epson. Les créateurs espèrent que ce
robot pourra jouer le rôle d'oeil volant : "doté
d'un appareil photo incorporé, il pourrait survoler
des zones difficiles d'accès ou touchées par
des catastrophes naturelles, se glisser par exemple dans une
maison détruite par un tremblement de terre et y repérer
à l'intérieur d'éventuels survivants".
*Une
version plus puissante existe déjà grâce
à une batterie suplémentaire, mais le poids
s'élève alors à 13 grammes.
Pour en savoir plus
Communiqué
de presse d'Epson du 18/11/2203 : http://www.epson.co.jp/e/newsroom/news_2003_11_18_2.htm
Voir, dans
un autre domaine, Micromechanical Flying Insect (MFI) Project:
http://robotics.eecs.berkeley.edu/~ronf/mfi.html
Logiciel X3D Fritz
contre Kasparov : homme et machine à égalité
CJ 18/11/03
Garry
Kasparov, le joueur d'échecs le plus fort au monde,
affrontait du 11 au 18 novembre dernier à New-York
"X3D Fritz"*, logiciel surpuissant développé
par la société allemande XOD Technologies, capable
d'effectuer plus de cinq millions de combinaisons par seconde.
Un match au sommet en 4 manches, qui s'est soldé par
un nul.
Pour l'occasion, Kasparov n'avait pas besoin de bouger physique
ment
les pièces. Assis devant l'écran, il pouvait
voir flotter devant lui l'échiquier grâce au
port de lunettes 3D, les déplacement s'effectuant par
reconnaissance de la voix. Une manette permettait par ailleurs
à Kasparov de faire tourner l'échiquier à
sa convenance. Un match "virtuel" où la première
manche s'est soldée après 37 coups par un nul
; la deuxième a vu la victoire de la machine après
abandon de l'humain au 39ème coup ; la troisième
celle de l'humain sur la machine (qui abandonne au bout de
45 coups) ; la quatrième se soldant par un nul au bout
de 27 coups.
"Nous pouvons voir que les ordinateurs ont encore
beaucoup à apprendre de nous", a déclaré
Kasparov à l'issu du match, empochant la coquette somme
de 175 000 dollars.
En tous cas, si c'est la troisième fois que Garry Kasparov
affronte une machine digne de ce nom dans sa carrière,
il n'a encore jamais pu en battre une seule...
*Version
améliorée de Fritz (à laquelle a été
rajouté un système de réalité
virtuelle), logiciel
qui a déjà obtenu le nul contre Vladimir Kramnik
lors d'un match au sommet en 2002.
Pour en savoir plus
Analyse des parties :
http://www.x3dchess.com/news/analysis/kasparovx3dfritzall.htm
Le BrainGate de Cyberkinetics
JPB 14/11/03

Cyberkinetics
Inc est une start-up américaine fondée en juin
2001 by John P. Donoghue, président du département
de neurosciences à l'Université Brown. (Providence).
Elle annonce avoir réussi en 2002 une expérience
analogue à celle de la Duke Université, que
nous avions relatée dans notre dernier numéro,
et qui avait fait couler beaucoup d'encre. Des singes équipés
d'implants cérébraux ont réussi à
mouvoir un joystick d'ordinateur par le seul contrôle
de la pensée. Mais Cybercinetics ne s'arrête
pas là. Elle vient de présenter à la
réunion annuelle de la Society for Neurosciences un
dispositif amélioré prêt à être
expérimenté sur l'homme, et pour lequel elle
demande à la FDA l'autorisation de mener des essais
cliniques.
Il
s'agit du BrainGate, puce de 4 millimètres carrés
comportant 100 électrodes développées
conjointement avec Bionic Technologies LLC de Salt Lake City.
Le système est introduit dans le cerveau après
une mini-trépanation, de façon à ce que
les capteurs soient mis au contact d'une aire cérébrale
principalement responsable des contrôles moteurs. Un
connecteur en émerge et transfert les signaux reçus
à un système robotisé. Le dispositif
peut détecter la décharge de 20 à 100
neurones, 20 neurones étant suffisants pour produire
un signal interprétable par le robot. L'expérimentation
pourrait commencer à la fin de l'année. Cyberkinetics
a levé 4.3 millions de dollars de fonds en août
dernier, qui s'ajoutant à ses fonds propres lui permettront
de tenir deux ans.
Les investisseurs voient évidemment derrière
cela un considérable marché pour des systèmes
permettant de redonner à des invalides moteurs un début
de mobilité assistée. Face à ces enjeux
à la fois humanitaires et commerciaux, il est douteux
que des scrupules "éthiques" retardent l'autorisation
d'expérimenter. Mais il faudra que ceci soit fait sous
un contrôle sérieux.
Pour en savoir plus
Cybercinetics Inc http://www.cyberkineticsinc.com/
; communiqué
de presse du 10/11/2003 (pdf)
Bionic Technologies LLC
http://www.bionictech.com/
Nanotechnologies et sécurité-défense
JPB 14/11/03
Mark
Ratner et Dan Ratner (père et fils) avaient déjà
produit une bonne présentation des nanotechnologies,
dans un livre intitulé Nanotechnology: A Gentle
Introduction to the Next Big Idea. Ils publient
aujourd'hui un ouvrage plus percutant, puisqu'il examine en
détail les perspectives offertes par les nanotechnologies
en matière de sécurité intérieure
et de défense. Ils ont choisi de ne pas développer
les applications médicales ou industrielles des nanotechs,
mais toute une série d'usages qui ne manqueront pas
d'inquiéter les lecteurs. Ceux-ci y verront certainement
un risque pour les libertés, l'environnement ou la
santé publique - que ce soit un pouvoir militaire non
démocratique qui s'en saisisse ou des organisations
terroristes - les deux allant sans doute de paire. Cependant,
les auteurs sont assez convaincants quand ils montrent comment,
par exemple, des nanobots équipés de séquences
d'ADN adéquates pourront détecter des bombes
à l'anthrax, à la variole ou au sarin avant
que des criminels n'aient le temps de les mettre en uvre.
Beaucoup des recherches faites dans ces domaines
aux Etats-Unis sont financées par la défense
et couverte par le secret. Mais les laboratoires privés
et les start-up s'impliquant dans le secteur donnent assez
d'informations sur leur travaux pour que les hommes politiques,
les médias et les citoyens s'en fasse une idée
et puissent en discuter les avantages et les risques.
Pour Ray Kurzweil, il est impossible de prétendre
décréter des moratoires ou des black-out concernant
les recherches en nanotechnologies et biotechnologies, même
si celles-ci peuvent avoir des retombées dangereuses
aux mains d'Etats proliférants (selon la terminologie
du Quai d'Orsay) ou de terroristes. Il faut au contraire accélérer
ces recherches, et les réaliser dans un climat de libre
accès aux sources. On peut être quasi certain
que ce faisant, les grandes démocraties auront toujours
un pas d'avance permettant de développer les remèdes
et d'informer les populations bien avant que les effets pervers
ne puissent se faire sentir. Nous le croyons volontiers ici.
Ceci dit, quand on lit tout cela en France,
on se sent tout juste au-dessus de la Papouasie Nouvelle Guinée
en matière de maîtrise de l'application de toutes
ces sciences "émergentes et convergentes".
Pour en savoir plus
Nanosphere Inc, qui développe des senseurs
biologiques http://www.nanosphere-inc.com/upgrade.html
Article sur la même de SmallTimes, revue
dédié aux nanaotechnologies http://www.smalltimes.com/document_display.cfm?document_id=4770#nanosphere
SmallTimes
http://www.smalltimes.com/
Ray Kurzweil, Promise and Peril of the 21st
Century http://www.cio.com/archive/092203/kurzweil.html
Prey
JPB 07/11/03
Voici
Prey* le roman de Michaël Chrichton qui, paraîtt-il,
alerta le Prince Charles sur le danger des nanotechnologies
et le conduisit à recommander la prudence, au grand
mécontentement du Premier ministre Tony Blair qui venait
de lancer un plan Nanotechnologies. Comme tous les romans
du même auteur, celui-ci fait montre d'une grande pédagogie
dans la présentation de domaines scientifiques encore
peu connus du grand public: la vie artificielle, l'émergence,
les nano-objets. Par ailleurs, on prend plaisir à suivre
une intrigue dont l'intérêt ne se dément
pas. Les scientifiques ont reproché à l'auteur
ses erreurs majeures et sa vision terrifiante relative aux
capacités des nuages de nanoparticules (swarms) à
imiter la vie et à s'adapter face aux hommes, si rapidement
et si agressivement que ceux-ci se trouvent menacés
de disparition. C'est sûr. Les José Bové
vont trouver là de quoi s'exciter. Mais il n'est pas
inutile de réfléchir aux dangers des technologies,
qu'elles relèvent du nanomonde ou de la biologie, lorsque
leur développement est aux mains d'entreprises capitalistes
qui prennent tous les risques pour s'enrichir rapidement.
On constatre à ce propos que Michaël Chrichton
nous a évité le couplet sur les terroristes
d'Al Qaida. Le danger, chez lui, vient de l'intérieur.
* La proie, livre paru en français
fin septembre 2003 chez Robert Laffont
Pour en savoir plus
Voir une de nos brève précédente
qui mentionne Prey http://www.automatesintelligents.com/actu/030212_actu.html
On lira aussi la réaction de Chris Phoenix,
un des animateurs du Center for Responsible Nanotechnology
http://www.crnano.org/
Don't let Crichton's Prey scare you--the science isn't real
http://www.kurzweilai.net/meme/frame.html?main=/articles/art0546.html
Le site officiel de Michaël Chrichton
http://www.crichton-official.com/
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