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ACTUALITÉS
Le
synchrotron Soleil
JPB 25/10/03
Nous n'avons pas tellement l'occasion de
nous réjouir en ce qui concerne les grands projets
scientifiques français. Ne manquons donc pas celle-ci.
La construction, longtemps différée (merci
M. Allègre), du synchrotron Soleil commence actuellement
à Gif sur Yvette. Un synchrotron est une " usine
à photons " fortement accélérés
qui permet d'explorer la matière (y compris les molécules
biologiques) et de découvrir son organisation atomique.
Il faudra encore attendre quelques années, mais les
laboratoires de nombreux pays se pressent déjà
pour obtenir la réservation de "lignes de lumière".
26/10/03
Pour en savoir plus
Soleil (site très bien fait, très pédagogique,
bravo!) http://www.synchrotron-soleil.fr/.
Une
Initiative Spatiale Européenne
JPB/CJ 25/10/03
Une Initiative Spatiale Européenne
vient d'être lancée par la National Space Society
France. L'exposé des motifs, que nous avons reçu
par mel, va tout à fait dans le sens de ce que nous
écrivons dans Automates-Intelligents. Je cite:
" Suite aux
événements positifs de la mi-octobre concernant
le vol habité chinois, nous avons réagi et demandons
à ce que l'Europe s'engage dans une politique spatiale
habitée européeene ambitieuse. L'Initiative
Spatiale Européenne proposée par la NSS France
peut être une réponse adaptée réalisable
en 5 ans et ambitieuse en permettant de franchir le pas de
l'Espace habité. Nous faisons 15 propositions à
réaliser sur 5 ans. Elles sont concrètes et
doivent être débattues. Les implications industrielles,
économiques, scientifiques et d'éducation seront
un avantage pour l'Europe et particulièrement pour
la France. Engager l'Europe sur la voie de l'espace habité,
c'est faire franchir une nouvelle étape à la
Recherche Développement de notre continent.
Nous continuons à travailler dans ce sens. Votre soutien
nous est indispensable."
Le site de l'Association affiche lui aussi
les objectifs. Je cite à nouveau:
" L'association
NSS France, se propose dans le cadre européen de défendre,
de promouvoir, de soutenir la nécessité impérative
du développement par le progrès, d'un programme
spatial habité permettant aux êtres humains de
vivre et travailler au delà de la Terre."
Tous ceux qui s'intéressent au Spatial
trouveront sur ce site une grande quantité d'informations
et de réflexions, ainsi que des espaces de discussion
interactive très intéressants. La déclaration
d'ouverture précise un point qui vient à l'esprit
immédiatement. NSS France n'est-elle pas un faux-nez
des intérêts industriels et politiques des Etats-Unis,
puisqu'elle est la branche française d'une NSS fondée
aux Etats-Unis? Non, nous dit-on, car il s'agit d'unir à
travers le monde tous ceux qui, aux Etats-Unis compris, se
heurtent à l'incompréhension des budgétaires
et des politiques. Allons-y donc.
En tous cas, je leur ai envoyé sans
attendre le mel suivant, afin qu'éventuellement nous
puissions coopérer (malgre nos différences évidentes
relatives aux moyens dont nous disposons respectivement ):
" Bonjour. Bravo pour votre initiative.
Elle va tout à fait dans le sens de ce que nous écrivons
depuis 3 ans dans notre revue en ligne www.automatesintelligents.com.
En préalable et en accompagnement de vols habités,
nous préconisons la réalisation de robots autonomes
conscients (cognitive system) . Les 2 approches ne sont absolument
pas incompatibles, mais se complètent, comme vous savez.
Vous pourrez consulter un mini-dossier sur ce sujet à
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2003/47/edito.htm
Cette idée sera présentée lors d'une
conférence de la société astronomique
de France le 3 décembre prochain ( voir http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2003/48/mars.htm
) consacrée à l'exploration martienne.
Pourrions nous envisager de joindre nos efforts dans un domaine
où il n'y a jamais assez de bonnes volontés
pour faire évoluer l'opinion."
Affaire à suivre donc. 25/10/03
Pour en savoir plus
NSS France www.nssfrance.fr.st
Traquer
les gaz toxiques grâce à un microdétecteur
"intelligent"
CJ 20/10/03
Des
chercheurs américains du National Institute of Standards
and Technology (NIST, basé dans le Maryland) ont développé
un prototype de réseau "intelligent" de microcapteurs
capable de détecter des agents chimiques avant qu'ils
ne soient dangereux. Présenté le mois dernier
lors d'un congrès tenu à New-York, il s'applique
particulièrement au gaz moutarde et au sarin (peur
des terroristes oblige) mais peut être étendu
à d'autres gaz toxiques pour l'environnement. Connecté
à un réseau de neurones, le dispositif est capable
de détecter en quelques secondes des composées
volatils à une concentration inférieure à
la partie par million (ppm).
Si un système
peut capter des composés à si faible concentration,
pourquoi ne pas adapter le comportement d'un ou de plusieurs
robots aux odeurs perçues. Dans la nature, les fourmis,
par exemple, ne font pas autrement. Champ d'investigation
prometteur ?
Pour en savoir plus
NIST Chemical Sensor Technology :
http://www.nist.gov/public_affairs/factsheet/chemical_sensor.htm
L'ascenseur
spatial intéresse de plus en plus les Etats-Unis
JPB 18/10/03
Qui
maîtrisera l'ascenseur spatial
maîtrisera l'espace et qui maîtrisera l'espace
maîtrisera le monde. C'est en des termes très
voisins que différentes équipes aux Etats-Unis
ont repris le travail sur le projet d'ascenseur spatial. On
en connaît le principe. D'une station spatiale en orbite
géostationnaire, on déroule un câble vers
la Terre et simultanément un câble vers l'espace,
attaché à un poids. La force centrifuge découlant
de la rotation de ce dernier permet d'équilibrer le
poids du câble vers la Terre, et de maintenir l'ensemble
en géostationnaire à la verticale du point d'ancrage
sur Terre, lui-même situé quelque part à
l'équateur. L'ensemble une fois réalisé
permet d'acheminer vers l'orbite géostationnaire, puis
vers l'espace profond, des charges diverses, avec des coûts
très réduits par rapport à ceux de fusées
traditionnelles.
L'idée avait germé en 1960 dans la tête
d'un scientifique soviétique (il ne s'appelait pas
Popof) mais avait été longtemps considérée
comme irréalisable. La principale difficulté
tient à la technologie du câble, qui doit être
assez résistant et assez léger pour diminuer
les coûts. Il doit pouvoir être tissé à
la demande, à partir de la station spatiale. Les perspectives
offertes par les nanotubes de carbone semblent à cet
égard prometteuses. De multiples autres difficultés
sont à résoudre. Nous vous renvoyons au mini-dossier
ci-dessous.
Le point important est que les
experts et les politiques américains commencent à
considérer qu'il s'agira là du méga-projet
du siècle. L Institute for Advanced Concepts (NAIC)
de la Nasa a confié des préétudes de
faisabilité au Dr. Bradley Edwards, directeur de recherche
à l'Institute for Scientific Research. Le Los Alamos
National Laboratory est également sur le coup, avec
une dizaine de chercheurs (no data on line from LANL)
Pour en savoir plus
Dossier du Flight Projects Directorate de la Nasa
http://flightprojects.msfc.nasa.gov/fd02_elev.htmlr
Article de l'Institute for Scientific Research (2003)
http://www.isr.us/SEHome.asp
Article de Space.com (2002)
http://www.space.com/businesstechnology/technology/space_elevator_020327-1.html
Article de Space Daily (2001) http://www.spacedaily.com/news/future-01f.html
Notre chronique du 27 décembre 2000 : http://www.admiroutes.asso.fr/action/theme/science/actu/2000/septemb.htm
Lire l'ouvrage The Space Elevator: A Revolutionary Earth-to-Space
Transportation System
by Bradley C. Edwards Janvier 2003
Darpa's
New Cognitive Systems Vision
JPB 19/10/03
Nous avons plusieurs fois ici évoqué
le concept de cognitive system ou machine pensante tel qu'il
résulte de la "vision" et même, selon
l'expression employée, de la "dramatic vision"
proposée par la Darpa, l'agence de recherche du Pentagone.
Une présentation de cette vision a eu lieu le 24 octobre
2003 au Santa Fe Institute, à l'initiative de Ronald
J. Brachman
Office Director Information Processing and Technology Office
(IPTO)-DARPA. L'IPTO est au sein de la Darpa l'organisme en
charge de superviser tous les projets faisant appel aux STIC
et aux sciences cognitives. C'est le fer de lance de la Darpa
et du Département de la Défense en ce qui concerne
le développement de machines pensantes. Il travaille
avec la collaboration de la Nasa et de nombreuses entreprises
répondant à ses appels à idées
et projets.
Rappelons que le Santa Fe Institute
est un centre privé, multidisciplinaire et non-profit
dédié aux sciences de la complexité.
Il a été créé en 1984, à
l'initiative du prix Nobel de physique Murray Gell-Mann, inventeur
des quarks. Il a depuis lors procédé à
de nombreuses études relevant du domaine des mathématiques
et sciences de la complexité, publié un nombre
considérable de rapports et d'articles animé
enfin chaque année des exposés et séminaires
faisant le point sur les questions d'actualité ou relevant
de la prospective
Nous ne traduirons pas l'abstract
de l'exposé de Ronald Brachman, Darpa's New Cognitive
Systems Vision. auquel vous pourrez vous reporter. Disons
seulement qu'il conclut "In a nutshell, we want to transform
computational systems from those that are simply reactive
to those that are truly cognitive. Our ultimate goal is to
create systems that know what theyre doing." "Notre
but ultime est de créer des systèmes qui savent
ce qu'ils font"
Pour en savoir plus
L'article
http://www.santafe.edu/sfi/events/abstract/118
DARPA Information Processing Technology Office (accès
soumis à restriction) www.darpa.mil/ipto/
PLoS
Biology
JPB 16/10/03
Revenons,
dans la suite de la brève précédente,
sur la parution de la revue Biology, dont l'éditeur
est une organisation non-profit basée à San
Francisco, la Public Library of
Sciences. Celle-ci donne ainsi avec ce premier
numéro (Volume 1, Issue 1, October 2003) l'exemple
de l'utilisation de l'Internet en Open Source pour la diffusion
d'articles ou de pre-prints. Une édition papier est
aussi disponible ('image ci-contre).
La démarche, qui
agite beaucoup le monde des grandes revues à comité
de lecture, vise à faciliter l'accès de tous
à l'information scientifique. Comme il faut bien
vivre cependant, ce sont les auteurs qui sont appelés
à financer l'édition. Il leur est demandé
une contribution de 1.500 dollars par article. Plusieurs
initiatives avaient déjà été
prises afin d'enlever aux grandes revues, grâce à
Internet, leur monopole, tant économique qu'intellectuel.
Nous nous en étions faits l'écho. Mais l'opération
de la PLoS semble lancée à une plus grande
échelle. Plusieurs organisations y participent, dont
en Europe le European Molecular Biology Laboratory de Heidelberg
et le Britain's Wellcome Trust.
Les grandes revues (voir l'article
de Nature http://www.nature.com/nsu/031006/031006-12.html)
ne manquent pas de s'interroger sur la capacité
de la PLoS à procéder à des peer-reviews
de qualité, à attirer de bons articles et aussi
à répondre aux besoins d'édition des
scientifiques du tiers-monde, qui ne pourront pas toujours
payer la contribution demandée aux auteurs. Affaire
à suivre donc, mais qui parait sympathique. Nous avions
pour notre part, en tant que revue gratuite, encouragé
la PLoS dans sa démarche.
La
revue Biology publie aussi dans son premier numéro
l'appel de différents organismes américains,
dont les National Institutes of Health de Bethesda, pour
la réalisation d'une banque de données en
libre accès rassemblant l'ensemble des informations
relatives au cerveau et aux neurosciences, que nous avions
évoqué précédemment dans la
présentation du livre d'Alain Berthoz, La décision.
Il est possible de s'inscrire à un
bulletin d'information par http://www.plosbiology.org/plosonline/?request=get-static&name=issuealert
Pour en savoir plus
PLoS Biology
http://www.plosbiology.org/plosonline/?request=index-html
Commande
d'un bras robotisé par la pensée
Source: breves-evopsy@list.monaco.net
JPB/CJ 16/10/03
Nous avions édité
en décembre 2000 http://www.automatesintelligents.com/labo/2000/dec/singe.html
un article de Christophe Jacquemin relatant les recherches
menées par Johan Weissberg, Miguel Nicolelis et al.
de l'Université de Duke (Caroline du Nord) dont les
résultats avaient été publiés
dans Nature à cette époque. Des implants cérébraux
placés dans le cerveau d'un singe permettaient de capter
des signaux susceptibles d'actionner, par exemple, le curseur
d'un écran d'ordinateur. Il s'agissait déjà
d'une avancée qui devait permettre un jour à
des personnes paralysées de réaliser des tâches
similaires. Un nouveau compte-rendu
de la suite de cette expérience, qui s'est déroulée
pendant plusieurs années, est publié avec des
résultats actualisés, dans la revue scientifique
américaine "PLoS Biology", qui vient d'ouvrir
et est diffusée sur Internet en libre accès
par la "Public Library of Science" (voir
ci-dessus).
Par l'intermédiaire
du regard, deux macaques ont appris à contrôler
un bras robotisé à travers un interface d'électrodes
implantées non pas dans une zone unique du cerveau,
comme dans des expériences précédentes,
mais dans de multiples aires corticales. Ceci démontre
d'ailleurs ce que les neurologues commencent à savoir,
c'est qu'un ordre même simple donné par le
cerveau fait appel à de nombreuses zones cérébrales.
Les singes ont d'abord appris
à manipuler une manette contrôlant un bras
robotisé, qui leur permettait d'obtenir du jus de
fruit. Puis la manette a été débranchée
et le bras robotisé, qui se trouvait dans une autre
pièce, a été directement contrôlé
par les singes, via les signaux cérébraux
émis par les électrodes. Les primates ont
donc fini par ne plus se servir de la manette, comme s'ils
avaient appris que leur cerveau contrôlait le bras
robotisé, selon le rapport présenté
par Miguel Nicolelis, qui a dirigé cette expérience
avec une équipe de neurologues de Duke.
Des êtres humains
ont déjà été équipés
de tels implants cérébraux, afin, par exemple,
de procéder à des actions simples. Toutefois,
les implants utilisés dans l'expérience de
l'université de Duke étaient plus petits et
la tâche accomplie était plus complexe. Les
applications humaines pourraient venir d'ici deux ans, selon
l'équipe, y compris pour le contrôle de bras
paralysés.
Par rapport aux résultats
annoncés en 2000, la nouveauté tient à
ceci : à l'époque, il s'agissait de voir si
on pouvait analyser (via des électrodes et un programme
informatique) la traduction électrique au niveau
du cerveau de l'intention de faire un geste. On arrivait
ainsi, grâce au signal capté à savoir
quel geste allait faire le singe, et ceci pouvant être
reproduit par un robot. On ne s'intéressait donc
pas au singe lui-même, ni à ses capacités
d'apprentissage.
Mais
ici, les singes (l'expérience a été faite
sur deux animaux) ont fini par "comprendre" qu'il
pouvait mouvoir un bras mécanique par la seule force
de leur pensée et que tout mouvement de leur part était
inutile pour réussir cela. Les singes "arrivent
à corriger leurs erreurs et sont capables d'imposer
au bras articulé d'un robot des mouvements d'une très
grande précision, à partir de leur seule activité
cérébrale pour reproduire les mouvements de
localisation et de préhension de la main",
explique Miguel Nicolelis. C'est une première du genre
car les résultats obtenus jusqu'à présent
sur différents animaux concernaient des actions virtuelles
comme déplacer la pointe d'une souris sur un écran,
ou appuyer sur un levier. Ceci renforce l'espoir de voir un
jour ce type de technologie bénéficier aux personnes
atteintes de lésions de la moelle épinière.
Pour en savoir plus
L'article concernant
le contrôle du bras robotisé (synopsis) http://www.plosbiology.org/pips/plbi-01-02-S-carmena.pdf
. L'article complet est également disponible sur
le site
Un
Chinois dans l'espace
JPB 16/10/02
C'est
inutile de revenir sur l'importance politique de l'annonce
faite le 15/10 par la Chine, concernant l'envoi réussi
d'un premier Chinois dans l'espace. Tous les commentateurs
l'ont soulignée. Deux observations par contre méritent
d'être faites. La première est que si la Chine
s'inscrit désormais dans le club des puissances capables
de réussir des vols humains, l'Europe reste à
la traîne. Mais elle aurait pu faire partie du club
depuis longtemps si le ministre Allègre n'avait pas
décidé unilatéralement que l'homme
n'avait rien à faire en orbite. Il en était
résulté que les travaux relatifs à
la navette Hermès de l'Esa, devant être fabriquée
par l'Aérospatiale et Dassault, ont été
arrêtés. Hermès, lancé par Ariane
5 boostée, aurait été, non seulement
capable de mettre un européen en orbite, mais aussi
de ravitailler la plate-forme internationale, qui dépend
aujourd'hui totalement des vols Soyouz. Hermès était
une dépense inutile, ont dit les budgétaires.
Il est vrai que les coûts en avaient été
successivement réévalués à la
hausse. Mais l'arrêt du programme s'est traduit par
une perte sèche de 2 milliards de dollars. La visibilité
technologique et politique de l'Europe dans l'espace en
souffrent indiscutablement aujourd'hui. On ne doit pas s'étonner
qu'en l'absence de tels symboles, la construction européenne
ne mobilise pas les jeunes.
La deuxième observation
est économique. Lorsque la Chine concurrence les
autres pays en proposant la fusée Longue Marche à
prix cassés, qui la traînera devant l'OMC?
La Chine ne s'embarrasse pas de scupules. Elle finance ses
développements spatiaux sur ses budgets militaires,
ce qui les met à l'abri de tout regard international.
Ensuite, la course des clients aux prix les plus bas lui
donne toutes ses chances. Cela ne fait que commencer. Les
Etats-Unis procèdent d'ailleurs en partie de même.
Il n'y a que l'Europe qui joue totalement (ou presque) les
règles du marché. Jusqu'à disparaître
de la scène?
PS au 18/10: Un lecteur me
fait observer que l'Esa a obtenu un succès commercial
et diplomatique en concluant avec les Russes un accord concernant
l'utilisation du site de Kourou. Il existe des possibilités
certaines de coopération entre l'Europe et la Russie.
Mais rappelons que Kourou n'est pas le seul site permettant
un lancement équatorial. Depuis sa mise en service
en 1999, la plate-forme privée Sea Launch a réussi
13 lancements.
Sur Hermès, voir http://www.astronautix.com/craft/hermes.htm
Sur Sea Launch, voir http://www.sea-launch.com/
Les
contrôleurs aériens supplantés par des
machines à l'horizon 2020 ?
CJ 14/10/03
Les
contrôleurs aériens ont du souci à se
faire : la société britannique BAE Systems
a mis au point un système révolutionnaire
pouvant gérer l'atterrissage d'un avion sans aucune
intervention humaine : le pilote a juste à choisir
la piste sur laquelle il doit atterrir en appuyant sur un
bouton dans le cockpit. Financé pour moitié
par l'Union européenne, ce projet a coûté
quelque 110 millions d'euros.
Selon BAE Systems, cette innovation devrait éliminer
toute possibilité d'erreur humaine, économiser
le carburant et améliorer la sécurité
en vol. La mise en place du système est prévue
en trois phases par cette firme : la première - qui
consistait à déterminer la trajectoire la
plus sûre vers un point identifié par un contrôleur
aérien - a été validée en mars
2003. Un essai grandeur nature est prévu pour 2008.
Le remplacement de tous les contrôleurs aériens
par ce système est prévu avant 2020. Selon
BEA Systems "les systèmes automatiques seront
devenus nécessaires vu le volume du trafic aérien".
Si
les contrôleurs seront toujours présents lors
de l'introduction du système, ils auront de moins
en moins de tâches à faire, les décisions
étant prises par l'ordinateur. Ce système
éliminerait aussi les problèmes de la langue
pour les pilotes étrangers. Ses implications pour
le métier de contrôleur aérien a provoqué
la réaction des syndicats de la corporation. Pour
eux, même si l'ordinateur est capable de tracer la
trajectoire à suivre, le contact humain du contrôleur
aérien a aussi un rôle rassurant pour les pilotes
et les passagers (mais pour
ce qui concerne les pilotes, rappelons à nos lecteurs
la proposition évoquée par Bill Gates le 9
avril 2002) : "Microsoft
wanted us to take planes without pilots by 2030".)
Pour en savoir plus
Article du Telegraph co. uk 24/8/2003) : http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2003/08/24/nair24.xm
BAE Systems : http://www.baesystems.com
Le
laser mégajoules du CEA
JPB 13/10/03
Le Commissariat à l'Energie
Atomique propose une animation très bien faite sur
le laser mégajoules LMJ qui va être mis en
place en Gironde, sur le site du CESTA (centre d'études
scientifiques et techniques d'Aquitaine). Il sera, disent
ses promoteurs, le plus puissant du monde. Pour un investissement
de 1, 2 milliard d'euros sur 15 ans, il permettra de simuler
en laboratoire les processus physiques intervenant dans
l'étape finale du fonctionnement d'une arme nucléaire,
évitant ainsi les essais réels désormais
proscrits.
Le laser est composé
de 30 chaînes laser de chacune 8 faisceaux, soit 240
faisceaux en tout qui concentreront leur énergie
sur une microbille de quelques millimètres, contenant
du deutérium et du tritium (isotopes de l'hydrogène).
L'énergie sera suffisante pour provoquer leur fusion
et obtenir 10 fois plus d'énergie que le laser n'en
aura apporté.
Le super-ordinateur TERA installé
par la Direction des applications militaires du CEA en Ile
de France fournira les puissances de calcul nécessaires
à l'exploitation des données recueilles.
L'ensemble devrait être
mis pour environ 20% de ses ressources à la disposition
de recherches civiles. Mais pour le moment, on n'envisage
pas d'en faire une alternative au programme Iter destiné
à expérimenter la fusion nucléaire
à fin de production énergétique civile.
NB: On regrettera, en passant,
que d'autres laboratoires (il est vrai moins riches que
la DAM) ne proposent pas des animations aussi intelligentes
que celle consacrée par le CEA au LMJ.
Pour en savoir plus
LMJ. Animation http://www-lmj.cea.fr/html/fr_tour01.htm
TERA http://www.cea.fr/fr/actualites/articles.asp?orig=actu&id=249
Iter http://www.iter.gouv.fr/
Le
Grid du CERN
JPB 13/10/03
On
sait que l'idée de connecter ensemble des milliers
de calculateurs afin de profiter de leur temps libre pour
traiter en simultanéité de grandes quantités
de données n'est pas nouvelle. Elle est utilisée
notamment par le SETI pour la recherche de signaux d'origine
extraterrestre. L'idée est généreuse,
surtout quand elle fait appel à des micro-ordinateurs
appartenant à des particuliers, qui acceptent ainsi
de contribuer à un programme scientifique. Mais elle
fait peur. De tels grids risquent de devenir des autoroutes
à virus et piratages.
Cependant le CERN de Genève l'étudie actuellement
très sérieusement pour traiter les terabytes
(ou plus) de données provenant des expériences
qui seront conduites par le futur Grand Collisionneur de
Hadrons, LHC, qui sera mis en service vers 2008. Ce ne seront
pas les ressources informatiques de particuliers qui seront
mises en réseaux, mais celles provenant des centres
de recherche de 12 pays: UK, US, Suisse, Tchéquie,
France (avec l'IN2P3), Allemagne, Hongrie, Italie, Japon,
Russie, Espagne et Taiwan. Les données à traiter,
dans un premier temps, rempliraient plus de 20 millions
de CD tous les ans, et nécessiteraient pour être
analysées 70.000 calculateurs. On suppose que des
précautions rigoureuses seront prises pour rendre
étanche le super-calculateur virtuel ainsi réalisé.
Les spécialistes du
CERN ont l'intention, en cas de succès, d'étendre
cette démarche à bien d'autres calculs. Ils
y voient l'amorce d'une véritable révolution
dans la distribution et l'utilisation des ressources informatiques
nécessaires à la science de demain. Cette
perspective a justifié la mise en place d'un programme
européen dit Enabling Grids for E-science and
industry in Europe (EGEE) et du Open Science Grid aux
Etats-Unis.
Pour notre part, nous ne pouvons
pas nous empêcher de penser qu'il devrait être
possible, sur de tels réseaux, de mettre en place
et faire interagir les milliers ou dizaines de milliers
d'agents nécessaires à la simulation d'une
machine consciente. Le CERN, déjà à
l'origine du Web, pourrait-il aussi devenir le promoteur
indirect d'un Web de la cosncience artificelle?
Pour en savoir plus
Article du CERN
http://info.web.cern.ch/info/Press/PressReleases/Releases2003/PR13.03ELCG-1.html
EGEE:
http://egee-ei.web.cern.ch/egee-ei/2003/
Notre dossier: un projet de système
conscient http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2003/47/edito.htm
La
poussière intelligente (Smart Dust)
JPB/CJ 08/10/03
Le
concept de « poussière intelligente »,
Smart Dust, semble pouvoir devenir si l’on en croit
ses promoteurs, un complément d’Internet, dans
la mise en place d’un réseau de capteurs surveillant
la planète. Cette idée vient de Kris Pister,
professeur d’ingénierie à Berkeley,
qui travaille depuis 1997 sur ce projet et est actuellement
en disponibilité pour fonder l’entreprise "DUST"
destinée à commercialiser l’idée.
Il s’agit de réaliser de petits systèmes,
actuellement de la taille d’une boite d’allumettes
et en cours de miniaturisation constante. Chacun d’entre
eux est équipé de senseurs pour mesurer divers
paramètres de l’environnement, champs magnétiques
(magnétomètres), température, pression
atmosphérique, etc. On prépare l’installation
de microphones et caméras miniaturisés. Il
est également doté de moyens de communication
sans fil à courte portée et d’une source
d’énergie, actuellement à pile. Des
sources d’énergie renouvelables et autonomes
sont à l’étude. Le cœur du système
est un système d’exploitation très sophistiqué
(TinyOS), pouvant fonctionner sur 8 Kbits, dont le rôle
est de gérer les entrées-sorties, les communications
et les ressources d’énergie, afin d’économiser
celles-ci au maximum.
Ces
petites unités, appelées « motes »
ou grains de poussière, sont destinées à
être dispersées en grand nombre dans des lieux
dont l’accès n’est pas aisé. Ils
se connecteront les uns les autres
en réseaux, de façon à diminuer au
maximum la portée nécessaire aux liaisons
et à ne retransmettre que des informations élaborées
vers la station centrale de monitoring d’ensemble.
Les applications apparaissent devoir être très
nombreuses, dépendant du mode de répartition
ou de dispersion choisi. La société Dust étudie
avec la Darpa l’utilisation de nuages de « grains
» pour surveiller des territoires ennemis, par exemple
les passages de véhicules. Mais les grains auront
de nombreuses applications civiles, par exemple l’évaluation
de la solidité de bâtiments fragilisés
par diverses agressions, le suivi de phénomènes
atmosphériques, le contrôle des mouvements
anormaux sur des sites protégés, etc. La génération
actuelle, baptisée MICA, fait l’objet d’expérimentations
et d’améliorations constantes. Des versions
capables de marcher, voler et nager sont à l'étude.
Le prix de revient actuel des motes est de 50 à 100
dollars l'unité ; Kris Pister prévoit qu'elles
tomberont à 1dollar dans un délai de cinq
ans.
On est loin d'avoir encore
atteint la taille des microtechnologies (MEMS) et nanotechnologies,
mais on y arrivera sans doute dans quelques années.
Le millimètre cube est néanmoins en perspective.
Les promoteurs du système n'envisagent pas encore,
semble-t-il, que les "motes" puissent se reproduire
et se diversifier, mais avec les nanotechnologies, cela
deviendra peut-être envisageable.
On peut évidemment
voir dans de tels réseaux, éventuellement
dispersés sur de grandes superficies, telles qu'une
ville, une nouvelle possibilité d’intrusion
et de surveillance. On retrouvera vite les préoccupations
suscitées par le déploiement actuel des vidéo-caméras
en réseau local (voir notre éditorial http://www.automatesintelligents.com/edito/2003/sep/edito.html).
C’est-à-dire qu’il faudra qu’un
contrôle citoyen veille à éviter les
abus.
Pour notre part, nous pensons
que dans la perspective du développement de systèmes
de conscience artificielle comportant des milliers ou dizaines
de milliers d’agents informatiques, les Mica pourront
servir utilement de systèmes d’entrée-sortie
et traitement local dont le rôle sera analogue à
celui des neurones dans le cerveau. On pourrait ainsi espérer
mettre en place des consciences artificielles à l’échelle
d’un territoire tout entier. Il ne paraît pas
irréalisable d'envisager que l'exploration martienne
puisse utiliser des nuages de MICA répartis dans
les déserts martiens et se dotant de formes mêmes
élémentaires de la conscience des lieux.
Pour en savoir plus
Kris Pister : http://robotics.eecs.berkeley.edu/~pister/
Smart Dust, note technique : http://robotics.eecs.berkeley.edu/~pister/SmartDust/
MICA motes : http://www.xbow.com/Products/Wireless_Sensor_Networks.htm
La société Dust : http://www.dust-inc.com/
Le
moteur ionique
JPB 08/10/03
L'Agence
Spatiale Européenne vient de lancer la mission Smart-1
vers la Lune. Il s'agit d'un petit vaisseau utilisant un
moteur ionique pour sa propulsion. Celui-ci est un prototype
qui sera ainsi testé avant d'être développé
dans un engin plus ambitieux destiné à l'exploration
de Mercure. Le moteur de Smart-1 tire son énergie
de panneaux solaires. L'électricité produite
sert à ioniser des atomes de xénon provenant
d'un réservoir. Les atomes ainsi ionisés sont
rejetés à l'arrière du vaisseau. L'énergie
propulsive obtenue est très faible, mais elle peut
être entretenue pendant plusieurs mois, ce qui finit
par provoquer une accélération notable. Le
voyage prendra une quinzaine de mois et le vaisseau se livrera
à diverses observations du sol lunaire qui n'avaient
pas pu être réalisées jusqu'ici.
La mission
de l'Esa " BepiColombo" destinée à
l'exploration de Mercur pour 2011, mettra 2 ans et demi
pour arriver à destination. Le concurrent américain,
Messenger, utilisera une propulsion classique et arrivera
donc plus tôt. Mais il y a de la place pour tout le
monde dans l'exploration de Mercure.
Le moteur ionique
avait déjà été utilisé
avec succès dans la mission remarquable de la Nasa
vers la comète Borelly (voir http://www.automatesintelligents.com/echanges/2003/sep/ds1.html
)
Pour en
savoir plus
Présentation de Smart-1
par l'ESA
http://www.esa.int/export/esaCP/SEM2OU0P4HD_index_0.html
Le moteur ionique de la Nasa
http://www.jpl.nasa.gov/releases/2003/105.cfm
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