Je reviens dans ma salle de gym après un mois d'absence. Dans le
vestiaire, je lance un "quoi de neuf ?" à mes compagnes de
déshabillage.
-"Ah tu n'as pas encore vu la salle d'eau?";
-"Ils" ont acheté une douche automatique qui fait de la musique et
où on est en vitrine comme les prostituées dans les rues
d'Amsterdam.
"J'ai essayé de rentrer "dit l'une " mais comme je n'avais pas mes
lunettes, j'étais dans l'incapacité de lire le panneau
d'affichage".
-Encore des gadgets inutiles!
Même son de cloche chez les hommes, pendant la séance de
"pump".
Tout ceci me donne follement envie de voir l'objet de tous ces soupirs.
Il est juste éclairé de l'intérieur par un petit tableau
d'affichage des touches, vert fluo.
Une fille vient à l'instant de pénétrer dans cet univers
de science friction, et vu le nombre impressionnant de boutons lumineux et
de jets sous pression, j'ai bien 20 minutes d'attente.
Je suis terriblement déçue.
A peine étais-je en train d'abandonner, que la fille sort en me
disant:
" Vous souhaitez l'essayer? c'est trop compliqué et ça ne marche
jamais comme on veut ces machins-là"
-Merci. Je relève mes cheveux en chignon, car je ne souhaite pas me
mouiller la tête.
Je m'enferme, ravie, dans l'objet de toutes mes convoitises. Je pousse
sur le bouton "power" et je commence à tester les touches.
La première me permet de mettre la position sauna chaud. Je suis en
confiance.
La deuxième touche me met minable en m'envoyant le jet de la
douche froide en pleine figure.
Dégoulinante, je persévère. Comme dirait Audiard, "y
connaissent pas Raoul". Façon Tontons flingueurs.
J'essaye toutes les touches. Je procède par ordre, non sans me
méprendre une fois sur deux. Bref, j'optimise, je disperse,
je combine, je ventile. Je me fais une ordonnance, et une
sévère.
Une fois le processus intégré, je m'assois tranquillement,
les pieds sur un jet ascendant, le cou sous un jet latéral. Le parfait
délassement pour les webmestres aux cervicales compressées
comme un vieux fichier zippé.
Il en est est du combi-sauna qui fait tout, comme des nouvelles technologies
de l'information.
C'est nouveau, on n'ose pas, on se sent un peu mal à l'aise, on ne
peut pas briller en société puisqu'on est obligé de
demander ou de tâtonner, en bref, de risquer l'incident diplomatique.
Alors on laisse tomber et on critique le produit pour annoncer une fin de
non recevoir pour l'avenir.
Dès lors, celui qui est un peu enthousiaste, sera regardé avec
suspicion, énervement, voire condescendance, car il est content, lui.
La morale de l'histoire pourrait se formuler comme dans cette publicité
pour une Renault: "Cela ne marchera jaaammmais". Comportement bien
français face à tout ce qui est nouveau.
D'ailleurs, cela fut vérifié 15 jours plus tard, quand
des malfaisants ont complètement mis hors d'usage le bel objet. |